C’est sur France 2 que s’ouvrira la saison des nouveautés françaises avec Filles du feu, une grande fresque historique dans le Pays Basque du XVIIe siècle.
C’est quoi Filles du feu ? 1609, les trois sœurs Elissalde vivent libres au Pays basque. Jeannette, l’aînée, refuse depuis toujours de prendre la suite de leur mère en tant que guérisseuse de la région. Catherine gère un commerce maritime florissant qui attise la jalousie du seigneur D’Urtubie. Enfin Morguy, naïve et rêveuse, peine à trouver sa place. Leur monde menace de s’écrouler quand arrive le juge Pierre de Lancre, missionné par le roi pour chasser les sorcières du Pays basque.
L’essentiel
Avec Filles du feu, France 2 poursuit le retour à la grande fresque historique, qu’elle soit romanesque comme Et la montagne fleurira, ou davantage sociétale à l’image de celle-ci. Giulia Volli et Maïté Sonnet, les deux créatrices de la série, proposent une lecture de la chasse de la sorcière moderne, en pays basque, couplée à la réalisation moderne de Magaly Richard-Serrano, ça lui donne un ton moderne et pas du tout ampoulé, qui la place dans l’héritage de notre histoire de France tout en la rendant transposable à n’importe quel pays qui soit. La série n’est ni datée ni marquée. Pour donner vie à cette série, il faut souligner le trio de tête, les héroïnes très différentes de cette série portée donc par Anabel Lopez, Lizzie Brocheré et Zoé Adjani. Bruno Debrandt, Michèle Larooque, Guillaume de Tonquédec, Marc Ruchmann, entre autres, complètent la distribution.
Le ton de Filles du feu rappelle l’écriture d’une autre série historique de France Télévisions, qui remonte un peu plus, à savoir 1788 et demi.
On aime
Si la série manque de régularité avec une première partie qui peine à démarrer avec des épisodes un peu inégaux (les moments entre Morguy et le Juge par exemple se montrent un peu répétitifs et même « agaçants » parfois), elle trouve finalement son rythme de croisière pour basculer dans une seconde partie qui rattrape l’ensemble pour se révéler une très belle réussite, notamment grâce à des cliffhangers de fin d’épisodes particulièrement savoureux. Dommage parfois que le rythme ne retombe en début d’épisode suivant. Si la seconde partie se révèle bien meilleure, c’est que Filles du feu bascule dans une sorte de conte horrifique malheureusement véridique, aux références gothiques ici ou là qui donnent à la série un aspect terrifiant (à l’image des expériences du médecin du juge).
Dès l’épisode 3, et encore plus l’épisode 4, la série devient addictive, prenante, envoûtante même parfois dans ses choix esthétiques et de narration. Et son mérite est totalement renouveler le genre historique en racontant une partie de notre Histoire méconnue qu’il convient pourtant de mettre en lumière.
A écouter aussi : Lizzie Brocheré et Zoé Adjani (Filles du feu) | La loi des séries #721 | VL Média (vl-media.fr)
Le casting féminin des 3 héroïnes mais aussi des seconds rôles, membres de leur famille, est vraiment réussie, Anabel Lopez démontre notamment d’une puissance de jeu qui la met en symbiose totale avec son personnage. Mais le véritable choc de cette est la partition magistrale, radicale, et terrifiante de Bruno Debrandt qui, malgré l’horreur du personnage, le rend de fait indispensable. Coincé entre ses croyances en démonologie et sa soif de science, il se révèle être une menace ultime pour tous les personnages, un être que rien ne semble devoir et pouvoir arrêter. De ce fait, il place De Lancre au rang des très méchants de fiction, lui donnant même par moment des airs de Frollo (Notre-Dame de Paris). On savait pour suivre le comédien depuis longtemps qu’il était capable du meilleur, mais il fait littéralement une démonstration de force, une leçon de jeu durant l’intégralité de la série. Son incarnation est bonne car elle est juste. Juste car elle pourrait devenir caricaturale et ne tombe pourtant jamais de ce côté de la barrière Vraiment impressionnant ! Face à sa partition, les autres ne peuvent que donner le meilleur.
« Un palais pour les hommes et construit sur le sang des femmes »
Madame Isabelle de Léoz
On aime moins
On a déjà souligné plutôt que la série souffrait par moment d’un soucis de rythme. De la même manière, on est pas très fan de traits « volontairement » comiques donnés à certains personnages à la manière de celui de Guillaume de Tonquédec, caricature du pleutre et du méchant de séries (pas très éloigné de son personnage dans Germinal). De la même manière, le personnage de Michèle de Laroque n’apporte pas grand chose à la narration si ce n’est dans une scène très forte de l’épisode 5.
On regrette aussi que certains passages de la série soient résolus de manière rapide, voire expédiés. On pense par exemple aux responsables des attaques de soldats et qui sont un temps imputées aux sorcières. Ou même certains passages de l’épisode 6 qui passent vite (qui concernent notamment Jeannette ou Damien). De même, le fait de s’être attaché avec De Lancre à un personnage qui existe, casse un peu le potentiel de fin ultra-dramatique que réclame pourtant un méchant de cet acabit. En deux clics on sait que le Juge a poursuit ses travaux après, donc pas de surprise sur la « non fin » du personnage.
Filles du feu
6×52 minutes
Dès le 28 août sur France 2
« Nous descendons toutes et tous des Filles du Feu,
de celles qui n’ont pas été brûlées »