L’école privée catholique Stanislas est la cible d’une enquête depuis l’automne 2023. Avec la polémique concernant la ministre de l’éducation Amélie Oudéa-Castéra, de l’huile a été rajoutée sur le feu.
Depuis la polémique déclenchée par les propos de la ministre de l’Education Amélie Oudéa-Castéra, le collège Stanislas a réveillé ses vieux démons. Une enquête a été ouverte dès l’automne 2023, pour injure publique en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre, a indiqué vendredi le parquet de Paris, sollicité par l’AFP. Le collège est également sous les accusations d’un contournement du système de Parcoursup.
Une école de prestige
Le collège Stanislas, situé dans le 6e arrondissement de Paris, est un établissement privé sous contrat de renom. Fondé en 1804 par des ecclésiastiques en tant que maison d’éducation chrétienne exclusivement réservée aux garçons, il est devenu mixte en 1992 avec l’intégration de l’Institut Notre-Dame-des-Champs (dit Nazareth). Au cours des années 2000-2010, le collège a entrepris une nouvelle phase de construction visant à accueillir des élèves en difficulté, en créant notamment des classes ULIS et SEGPA. En septembre 2018, le foyer de jeunes filles Sainte-Claire a été inauguré pour offrir un hébergement aux élèves internes filles des classes préparatoires. Aujourd’hui, l’ensemble scolaire compte environ 3 500 élèves, de la maternelle aux classes préparatoires.
Du prestige aux « dérives »
Au coeur de plusieurs polémiques, le collège Stanislas doit faire face à des accusations de « dérives ».
Un contournement de Parcoursup
Selon un rapport de 2023 de l’inspection générale de l’éducation nationale, le collège Stanislas a organisé un système de « contournement » de la procédure d’orientation Parcoursup pour certains de ses élèves. Mediapart révèle, samedi 20 janvier, que l’un des fils d’Amélie Oudéa-Castéra en a bénéficié. Selon le rapport d’enquête, publié par Mediapart, mardi, les élèves de terminale de Stanislas sont « incités », au moment de faire leurs vœux d’orientation, à ne formuler qu’un seul choix d’établissement – celui dont ils sont issus – « en échange de la garantie d’[y] être admis » dans une classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE). Cette pratique est « contraire aux principes et aux règles de la procédure Parcoursup », rappellent les enquêteurs.
Le directeur de Stanislas, Frédéric Gautier, a affirmé dimanche sur BFM-TV que « personne n’est lésé ». Les élèves de Stanislas décident « eux-mêmes » du choix qu’ils font. Il insiste avec ces mots : « il y a largement de la place pour tous les autres élèves qui veulent postuler, donc il n’y a pas de délit d’initié ». « S’il faut faire autrement, nous ferons autrement, mais nous n’avons pas le sentiment de léser les élèves qui viennent de l’extérieur ni de tromper nos propres élèves », a-t-il aussi évoqué.
Des accusations de sexisme et homophobie
Ces accusations s’appuient sur un rapport, dévoilé par Mediapart, qui fait état de « dérives » homophobes et sexistes au collège Stanislas.
En février 2023, le ministre de l’Education avait saisi l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche (IGESR)d’une demande d’enquête administrative. Cela fait suite à des articles de presse dénonçant des accusations de dérives homophobes et sexistes au sein du complexe scolaire.
Un signalement a été reçu le 19 octobre 2023. Le parquet des mineurs a saisi le commissariat des 5e et 6e arrondissements de Paris d’une enquête « pour injure publique en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre et provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre ».
Le rapport, daté de juillet 2023, a été remis au ministère de l’Education le 1er août selon Mediapart. Gabriel Attal en était alors le ministre. Ce rapport n’avait jamais été rendu public jusqu’à mardi. « Je précise que ce rapport ne remonte aucun fait d’homophobie, ni aucun cas de harcèlement. Le seul cas d’homophobie a fait l’objet d’un signalement au procureur via la procédure de l’article 40 », a déclaré Amélie Oudéa-Castéra mercredi sur France 2.
Le parquet de Paris a confirmé vendredi avoir reçu un nouveau signalement de Céline Malaisé. Cette conseillère régionale d’ Ile-de-France dénonce « un cadre d’enseignement au sein de l’établissement Stanislas qui ne lui paraît pas conforme aux dispositions relatives, notamment, à l’enseignement de la sexualité du code de l’enseignement ».