Depuis lundi, la Nouvelle-Calédonie traverse des nuits de violence en réaction à un projet de loi discuté par les députés. Cet archipel, loin de l’hexagone, relève de la souveraineté française depuis 171 ans.
Elle en fait rêver plus d’un! C’est une île paradisiaque à 18 000 kilomètres de la métropole. Conquise en 1853, la Nouvelle-Calédonie était une colonie française jusqu’en 1946. C’est sur ordre de Napoléon III que la France prend officiellement possession de l’archipel. Un an plus tard, en 1854, Port-de-France, aujourd’hui connu sous le nom de Nouméa, est désignée comme capitale. Dans ses premières années, l’île est administrativement rattachée à la Polynésie française. En 1853, un décret du gouverneur Guillain impose l’usage du français dans l’enseignement, et dix ans plus tard, le gouvernement colonial interdit l’enseignement de toutes autres langues. Mais depuis lundi, la Nouvelle-Calédonie est victime de violentes émeutes en réponse à une réforme électorale controversée discutée à l’Assemblée nationale. Hier, l’état d’urgence a été décrété dans la région.
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La Nouvelle-Calédonie, une région à plusieurs intérêts
Quand la France se positionne sur la Nouvelle-Calédonie, elle y voit un intérêt commercial et militaire. Mais pas que… L’île, située dans le Pacifique-Sud, est idéale pour la colonisation pénale. Pour peupler le territoire, le gouvernement français fait donc venir deux types de colons. Les « libres« , viennent de leur plein gré tandis que les « pénaux« , purgent des peines sur place, souvent condamnés à perpétuité. En 1863, Napoléon III décide d’établir sur l’archipel une grande colonie pénitentiaire. Plus de 20 000 bagnards, principalement des prisonniers politiques, y étaient détenus jusqu’en 1897 et condamnés aux travaux forcés. Les locaux, quant à eux, sont très impactés par cette colonisation. Ils se retrouvent dépossédés de leurs terres et soumis au travail obligatoire dans des réserves spécifiques.
Si la culture est primordiale pour s’enrichir dans ces colonies, la Nouvelle-Calédonie va faire face à des conditions difficiles. Les terres de l’archipel se révèlent hostiles pour cultiver la canne à sucre ou le café. Les récoltes des colons sont donc médiocres et les exportations laborieuses. Après 1900, la France met fin à l’immigration.
Deux communautés pour un territoire
La Nouvelle-Calédonie compte 269 220 habitants, selon un recensement de 2022. Parmi cette population, 24 % sont issus de la communauté européenne, comprenant les Caldoches, descendants des premiers colons blancs. Les Kanaks quant à eux, sont les premiers habitants du pays. Ils descendent des Austronésiens, des navigateurs ancestraux qui vivent sur l’île depuis 1100 avant JC. Mais si le peuple autochtone représentait autrefois la majorité, il devient de plus en plus minoritaire. Dès lors, avec deux communautés bien distinctes, le conflit s’installe. La Nouvelle-Calédonie a fini par être le théâtre de plusieurs soulèvements. D’ailleurs, en 1878, une révolte éclate. 600 insurgés kanaks et 200 Européens y perdent la vie, entraînant l’anéantissement de tribus et l’exil de 1500 Kanaks.
Bien que les Kanaks aient obtenu la nationalité française et le droit de vote quelques années plus tard, des tensions ont continué d’éclater dans les années 1980. Les événements les plus tragiques furent la prise d’otages et l’assaut de la grotte d’Ouvéa en 1988 où 19 militants kanaks et deux militaires français ont été tués.
La Nouvelle-Calédonie sous le signe de la paix
En 1936 la paix est engagée avec la signatures des accords de Matignon. Dans les textes, est assuré un rééquilibrage économique et également un partage du pouvoir politique. Cette réconciliation est renforcée des années plus tard, en 1998 par l’accord de Nouméa. Ce dernier permet à la Nouvelle-Calédonie une autonomie progressive ainsi qu’un transfert de compétences de la France vers l’archipel. Ce n’est qu’à partir de 1999 que l’île devient une collectivité de la République française. Depuis, elle se distingue des autres collectivités d’outre-mer.
Dans ce cadre, trois référendums sont prévus. Le premier, en 2018, voit le rejet de l’indépendance à 56,7 %, confirmé par une deuxième consultation en 2020 avec près de 53,3 % de rejet. En 2021, malgré une abstention élevée due à la pandémie de COVID-19, le rejet atteint 96,5 %, mais les indépendantistes contestent la légitimité du scrutin.