Adaptation du dessin animé culte de toute une génération, Cat’s Eyes est à la fois le projet très attendu et le plus fou de TF1 depuis longtemps.
« Il était très important pour moi que les auteurs et le réalisateur de la série puissent se libérer du manga pour trouver leur propre histoire, leur propre voie. En revanche, j’étais très attaché au respect de certaines règles. Par exemple, les Cat’s Eyes ne tuent pas. Elles font aussi très attention aux œuvres
TSUKASA HŌJŌ
d’art qu’elles volent et subtilisent uniquement les tableaux qui sont liés à leur père. »
L’essentiel
L’annonce de l’adaptation en série live de Cat’s Eyes par TF1 a surpris tout le monde. En quelques secondes, la chaîne s’est offert l’un des projets les plus attendus et les plus redoutés à la fois (comme à chaque fois que l’on touche à un doudou de l’enfance). Mais placée entre les mains d’Alexandre Laurent réalisateur des Combattantes et du Bazar de la charité, la série s’offre la garantie d’un travail soignée, maîtrisée et où l’action sera bien au rendez-vous. Alors oui, ne mentons pas, le casting nous a un peu étonnés. Non pas par la talent des comédiennes choisies – Constance Labbé, Camille Lou et Claire Romain – mais car on imaginait davantage un casting plus jeune et moins connues.
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En 2023, dans la ville Lumière, Tam (Camille Lou), Sylia (Constance Labbé) et Alexia (Claire Romain) se retrouvent après des années de séparation. Au même moment, une œuvre ayant appartenu à leur père disparu douze ans plus tôt dans le mystérieux incendie de sa galerie d’art refait surface lors d’une exposition prestigieuse à la Tour Eiffel. Elles décident alors de prendre tous les risques pour la dérober dans l’espoir de comprendre enfin ce qui lui est arrivé. Très rapidement, le trio se retrouve dans la ligne de mire de la police, menée par Quentin Chapuis (MB14) et accompagné de Gwen Assaya (Cindy Bruna), chargés d’arrêter ces nouvelles voleuses qui ne cessent de leur échapper. Mais Quentin ignore que parmi elles se cache son grand amour perdu, Tam… Entre leurs retrouvailles chaotiques fortes en émotion, leur quotidien de jeunes femmes d’aujourd’hui et leurs nouvelles activités secrètes et périlleuses, les trois sœurs vont devoir répondre à tous les défis.
On aime ou pas ?
Si TF1 semble beaucoup miser sur l’action cette saison (en témoigne des séries comme Carpe Diem), elle tient avec Cat’s Eyes une série qui en remplit tous les codes.
D’un simple point de vue sériel, Cat’s Eyes est une très bonne série d’action, aux cascades et courses poursuites parfaitement mises en scène par Alexandre Laurent (ce n’est pas en soit une surprise tant on sait qu’il maîtrise ce registre). Les séquences sur la Tour Eiffel dans le premier épisode sont véritablement époustouflantes de bout en bout. Idem dans le second épisode, la traque de Tam sur les toits par Quentin est là aussi parfaitement réalisée. Plus largement, chaque épisode de la série épouse un style qui lui est propre (l’épisode 3 se déroule dans une immense mascarade au Château de Versailles, tandis que le 4 lorgne du côté de Snatch avec son rythme clipesque).
Chacun de ces moments de bravoure est rythmé par une bande son de premier plan convoquant les années 80 (à l’image de A-Ha et son cultissime « Take on me« , ou encore du Céline Dion ou du Rita Mitsouko), et une lumière du plus bel effet pour donner vie au ciel de Paris.
Les enjeux des personnages sont parfaitement posés aussi sans en faire trop et la quête des sœurs prend tout son sens (avec des séquences en flashbacks rythmées comme il faut – mention à Zoé Clauzure dans le rôle de Tam enfant). Les épisodes sont comme toujours rythmés par une bonne dose d’humour, pour le coup présent dans le dessin animé, mais en schéma régulier des séries de TF1, on y est un peu moins sensible.
Côté personnages, si on pouvait décemment (au début) se poser des questions quant au choix de visages très connus, force est de reconnaître que les 3 actrices matchent totalement quand elles sont ensembles. Camille Lou se révèle un excellent choix pour incarner Tam ; Constance Labbé confirme son potentiel comique au détour de séquences bien senties (comme dans une scène de l’épisode 3 wtf du meilleur effet avec sa masse) mais démontre aussi une véritable montée en puissance au fil des épisodes, se montrant tour à tour forte et bouleversante ; enfin Claire Romain a l’espièglerie nécessaire pour Alex et sa composition punk du personnage est délicieusement savoureuse (dans une société post #metoo, une scène de l’épisode 4 devrait ravir le public féminin notamment).
Face à elles, MB14 est la bonne surprise de la série, remplissant parfaitement le rôle de Quentin sans le côté trop « abruti » du personnage de l’animé, et Juliette Plumecocq-Mech est une version féminine du Commissaire Bruno là aussi très bien choisi.
Du côté des méchants, Gilbert Melki et Elodie Fontan jouent des méchants parfaits. S’ils paraissent sans doute trop cartoonesques au début, leur montée en force est réelle tout au long de la série et comment ne pas même les trouver jouissifs dans leurs excès. Elodie Fontan est même totalement déjantée et incroyables en vraie méchante de BD. Si pour ne pas gâcher la surprise, on ne dira rien de la composition de Guillaume de Tonquédec, il est parfait dans son rôle et la fin de l’épisode 4 est déjà d’anthologie.
On est en revanche moins convaincu dans tout « ce tableau » par le choix de Carole Bouquet dans le rôle de la mère des 3 sœurs mais sa participation est trop « anecdotique » à ce stade pour être dérangeante.
Est-ce que notre cœur bât la Chamade pour ces 3 sœurs ?
L’auteur de ces lignes a pleinement grandi avec ce dessin animé qui a marqué son enfance. Tout en notant le travail indispensable à une adaptation (qui n’a pas pour vocation à être d’une fidélité à toute épreuve), jamais on ne se sent déstabilisé par une trahison totale et la sensation de ne pas reconnaître ce qu’on a connu. Un profond respect envers le dessin animé se sent à chaque moment de la série. Elle trouve son identité propre tout en faisant appel à des éléments nécessaires à la fidélité.
On prend ainsi plaisir de retrouver les poursuites de Quentin et Tam, toile de fond qui est là tout en étant modernisée, et bien sur le générique maintenu. Quel choix parfait d’ailleurs que la sublime Anne Sila pour reprendre une chanson que l’on a tant aimé. Son timbre colle parfaitement.
« On a essayé de faire des clins d’œil, notamment musicalement. Tout en restant très contemporains, nous avons coloré la série avec des titres iconiques des années 80 que l’on écoute encore aujourd’hui. »
Alexandre Laurent (réalisateur)
On aime aussi les petits jeux de mots glissés ici et là et renvoyant directement à ces programmes des années 80. Ainsi la commissaire chambre une équipe de flics en les les présentant « salut les musclés« , ou Tam qui apporte son soutient à Sylia à coup de « sœurs et solidaires » (comme dans le générique ndlr). Mais aussi les références à l’univers du créateur de Cat’s Eyes comme la masse de l’épisode 3 flanquée d’un « 100 tonnes » comme dans Nicky Larson.
Alexandre Laurent livre une série d’action fun, classe, et offre un bel hommage à une génération baignée par la télévision en lui témoignant un respect de tous les instants. Est-ce que les fans du manga trouveront à y redire ? Sans aucun doute et c’est sans doute normal. Tout comme les ultra-puristes des années 80 qui acceptent mal qu’on touche à leur jouet. Mais on est ici heureux du rendu de cette aventure télé qui prend une bien belle tournure.
Cat’s Eyes
8×52 minutes
A partir du lundi 11 novembre 2024 sur TF1 et TF1+