Alors qu’Emmanuel Macron est en visite d’État au Royaume-Uni, un tournant stratégique est amorcé entre les deux pays en matière d’armement nucléaire. Mais que signifie cette coordination ?
Jeudi 10 juillet, le président français et le premier ministre, Keir Starmern, officialisent la création d‘un groupe de supervision nucléaire commun. Derrière ce geste, se cache la volonté de coordonner les forces nucléaires de la France et Royaume-Uni pour faire à des « menaces extrêmes« .
Deux arsenaux « indépendants »
La France et le Royaume-Uni sont les deux seules puissances nucléaires d’Europe occidentale. Depuis de nombreuses années, chacune conserve une dissuasion totalement souveraine. Paris comme Londres, décident seuls de l’usage éventuel de leur arme nucléaire. Cette souveraineté reste entière et aucun accord n’envisage un contrôle conjoint ou une mutualisation des frappes.
Ce qui change aujourd’hui, c’est le degré de concertation politique et stratégique. Pour la première fois, une déclaration commune affirme que les deux arsenaux, bien qu’indépendants peuvent être coordonnés. En clair, la France et le Royaume-Uni envoient un signal. Une attaque majeure contre l’un serait perçue comme une menace pour l’autre et une réponse conjointe serait envisageable.
C’est un message destiné à tout adversaire potentiel : s’en prendre à Londres ou à Paris, c’est risquer une double riposte.
Pourquoi maintenant ?
Depuis la fin de la guerre froide, la coopération nucléaire franco-britannique est restée prudente, formalisée notamment dans la déclaration de Chequers en 1995. Mais jamais les deux pays n’étaient allés aussi loin dans l’idée d’une coordination de leur doctrine de dissuasion.
La situation sécuritaire actuelle change la donne. L’invasion de l’Ukraine par la Russie, les menaces récurrentes de Vladimir Poutine et surtout, l’incertitude sur l’engagement des États-Unis envers l’OTAN. Dans ce climat instable, l’Europe cherche à renforcer sa propre crédibilité militaire, sans attendre Washington.
La France et le Royaume-Uni prêts à "coordonner" leur dissuasion nucléaire pour protéger l'Europe de toute "menace extrême"https://t.co/poNW6G3OGu pic.twitter.com/PCa03Y8j0i
— BFMTV (@BFMTV) July 9, 2025
La création du groupe de supervision nucléaire, co-présidé par l’Elysée er le Cabinet Office britannique, vise à formaliser cette coopération. Le but n’est pas d’unifier les décisions mais de mieux se préparer ensemble.
Vers une défense européenne ?
Cette annonce s’inscrit dans un contexte d’« entente amicale« des relations franco-britanniques. La dissuasion nucléaire reste la dernière ligne de défense. En affichant une unité stratégique sans précédent, La France et le Royaume-Uni veulent rappeler qu’en Europe aussi, la capacité de riposte existe. Et qu’elle peut désormais parler d’une seule voix.
L’ essentiel : La coordination nucléaire franco-britannique ne signifie pas la mise en commun des armes. Mais, un alignement politique fort face aux menaces majeures. Une dissuasion à deux têtes pour une Europe plus unie.