Débattu sur les réseaux sociaux pour ses thématiques progressistes, le dernier Blockbuster de James Gunn revisite l’Homme d’acier avec un regard…contemporain. Derrière les accusations de « wokisme« , un retour aux sources et quelques clins d’oeil à notre époque.
Une polémique pas si Kryptonienne
Dans un contexte culturel où chaque oeuvre grand public semble devenir une arène idéologique, il n’est pas surprenant que le dernier Superman s’imprègne de débats politiques. Mené par James Gunn, réalisateur réputé pour son habitude à bouleverser les codes (Horribilis ou encore Les Gardiens de la Galaxie), ce nouveau volet des aventures du plus célèbre super-héros DC fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause, le film est accusé par certains internautes et commentateurs d’être « trop woke« .
À première vue, l’attaque semble absurde. Après tout, Superman a toujours été le défenseur des opprimés, l’ultime symbole du héros venu d’ailleurs. Pourtant, dans l’Amérique de 2025 où les tensions identitaires, les débats sur l’immigration et les questions autour du progressisme nourrissent la scène politique, la symbolique de « l’étranger » est redevenue un sujet hautement inflammable.
Dans une scène où Lex Luthor ne qualifie pas Superman d’extraterrestre mais d' »alien« , beaucoup s’interrogent sur ce mot qui n’est pas vide de sens. Ce glissement lexical permet au réalisateur de transmettre un message clair : notre nouveau Superman est bel et bien immigré et demeure avant tout un héros qui rappelle que la différence ne doit pas engendrer la peur mais l’empathie.
Une critique sociale déguisée en cape rouge
Là où certains voient une propagande progressiste, d’autres y perçoivent un hommage intelligent à l’essence du personnage. Le film ne fait qu’amplifier cette lecture originelle, en y ajoutant des thématiques contemporaines tels que le racisme, sexisme ou encore xénophobie.
Lex Luthor, véritable caricature d’un magnat masculiniste, devient ici l’incarnation d’une toxicité très actuelle. Dans l’une des sous-intrigues, on y découvre que l’antagoniste détient, dans un espace dimensionnel secret, plusieurs de ses anciennes compagnes, dont une blogueuse féministe qu’il a fait taire après des publications critiques.
Une métaphore à peine voilée du patriarcat, du harcèlement en ligne et des violences faites aux femmes. Allusion qui s’inscrit dans un contexte où la parole féministe est souvent attaquée sur les réseaux sociaux, notamment par la propagande masculiniste.
Autant d’éléments qui illustrent une volonté assumée de faire de Superman un miroir de notre époque. Et cela dérange. Car si le film s’offre des moments de légèreté et d’humour, il ne recule pas devant les sujets sensibles, bien au contraire. La dénonciation des Incels, la critique des milliardaires dominateurs et les appels à la solidarité entre communautés sont autant d’éléments qui viennent renforcer les accusations de « wokisme« . Un terme devenu habituel pour qualifier toute forme d’engagement artistique progressiste.
Un film engagé… et déjà influent
Malgré les critiques, le film fonctionne au box-office. Les spectateurs, eux, semblent, en majorité séduits par cette vision plus humaine et actuelle des super-héros. Le personnage de Krypto, chien aussi capricieux qu’adorable, gardé par Superman pour sa cousine Supergirl, a notamment suscité une vague d’adoption de chiens aux États-Unis après la sortie du film. Un phénomène qui rappelle les précédentes œuvres de Gunn comme Les Gardiens de la Galaxie qui sensibilisaient déjà, à leur manière, à la cause animale.
En fin de compte, ce nouveau Superman ne révolutionne pas tant le personnage qu’il ne le ramène à son ADN. À savoir, celui d’être un marginal, confronté à l’hostilité des puissants, qui choisit de défendre les plus faibles. Ce n’est pas un héros « woke« , mais simplement Superman, fidèle à lui-même et confronté à de nouveaux visages de l’injustice.
Et si cela suffit à déranger certains… c’est peut-être parce que le film vise juste.