Après des mois de travail consacré à l’accord de Bougival en réponse aux violence perpétrées en mai 2024, le Front de libération nationale kanak et socialiste a rejeté le texte, dénonçant son incompatibilité avec la lutte qui les animent.
Un accord innovant résultant des tensions de mai 2024
L’accord de Bougival a été signé le 12 juillet 2025 entre l’Etat français et les principales délégations politiques loyalistes et indépendantistes de Nouvelle-Calédonie. Ce texte fait suite aux violences qui ont eu lieu en mai 2024 dans le Grand Nouméa. En effet, dans le contexte du troisième référendum d’auto-détermination du territoire, de violents affrontements ont explosé entre les forces de l’ordre et les groupes indépendantistes armés, entraînant des incendies, de nombreux pillages et la mort de 14 personnes. Ainsi, l’accord de Bougival représente une trêve politique dans l’objectif d’apaiser les tensions. Il a d’ailleurs été salué par Emmanuel Macron comme un compromis innovant, permettant de concilier la volonté de l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie et son lien à la République française.
L’innovation de cet accord réside dans le fait qu’il instaure un statut tout nouveau, c’est-à-dire celui d’un Etat associé à l’intérieur même de la République française, avec cependant une autonomie renforcée. Ainsi, ce fonctionnement permet un équilibre dans l’autonomie, ne se positionnant ni du côté d’une autonomie totale ni d’un rattachement total avec la République.
Le texte crée également une double nationalité (calédonienne et française) avec un maintien de la citoyenneté européenne, il instaure une loi fondamentale calédonienne qui est adoptée par le Congrès. Toujours dans l’idée d’un compromis, le texte prévoit le transfert de compétences tout en conservant les compétences régaliennes (celles de la défense, de la justice, de la sécurité et de la monnaie) à l’Etat, à l’exception d’une décision contraire des calédoniens, dans le respect de la légalité démocratique. Dans un autre temps, l’accord de Bougival instaure un pacte de refondation économique, sociale et financière pour relancer l’économie et valoriser certains secteurs comme celui du nickel, de l’énergie, des infrastructures, de l’éducation ou de la santé.
« Incompatibilité avec les fondements et acquis » du FLNKS
Pourtant, en ce 13 août, le Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS) a officiellement rejeté le texte lors d’un congrès extraordinaire du mouvement, confirmée à l’occasion d’une conférence de presse à Nouméa. En effet, Dominique Fochi, secrétaire général de l’Union calédonienne et membre du bureau politique du FLNKS a affirmé que le groupe politique « rejette formellement le projet d’accord de Bougival, en raison de son incompatibilité avec les fondements et acquis de notre lutte ». Ainsi, l’accord de Bougival ne réserverait pas assez d’indépendance à la Nouvelle Calédonie.
Le président du FLNKS, Christian Tein a parlé d’« un accord à marche forcée proposé par Macron », bien que le texte résulte d’un travail collectif avec des délégations du FLNKS. Dans ce contexte tendu, Manuel Valls, ministre des Outre-mer a indiqué vouloir se rendre en Nouvelle-Calédonie la semaine du 18 août pour sauver cet accord qu’il désigne comme « un compromis historique, fruit de mois de travail (…) avec toutes les délégations, y compris celle du FLNKS ».