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On débriefe pour vous … Poker Face, Natasha Lyonne en mode Columbo

Dans Poker Face, Natasha Lyonne résout des meurtres par hasard, grâce à son don inné pour détecter les mensonges. 

C’est quoi, Poker Face ? Employée dans un casino de Las Vegas, Charlie Cale (Natasha Lyonne) a un don : elle devine instinctivement quand quelqu’un ment. Lorsque sa collègue Natalie (Dascha Polanco) est assassinée, Charlie comprend donc que le gérant du casino (Adrien Brody) est responsable de sa mort. Mais en voulant rendre justice à son amie, Charlie se met en danger : elle doit prendre la fuite. Traquée par  Cliff LeGrand (Benjamin Bratt), l’homme de main de son ancien boss, elle se lance dans un road trip à travers les États-Unis pour sauver sa peau. En chemin, elle se retrouve systématiquement embarquée dans des histoires de meurtres et, avec sa soif de justice, sa perspicacité et son « super-pouvoir » de détecteur de mensonges humain, elle tente de confondre le coupable. 

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Charlie Cale après Benoît Blanc

Rian Johnson a un certain goût pour le whodunnit, comme il l’a prouvé avec ses films mettant en scène le détective Benoît Blanc. En redécouvrant la série Columbo lors du confinement, il a eu envie  de faire quelque chose de similaire, avec une touche de modernité et un rôle principal féminin. Son épouse ayant immédiatement suggéré le nom de son amie Natasha Lyonne (Orange is the new Black), c’est en pensant à elle que Johnson a écrit tous les épisodes de Poker Face

Son personnage, Charlie Cale, est une jeune femme en apparence banale mais qui possède un talent très particulier, à la limite du super-pouvoir : si quelqu’un ment, elle le remarque instinctivement, avec une précision surnaturelle. C’est un don… mais aussi une malédiction, qui va lui attirer beaucoup d’ennuis. Sans entrer dans les détails, le premier épisode sert d’introduction, présentant à la fois Charlie, son don et les circonstances qui vont faire d’elle une fuyarde. En cavale, traqué par un homme de mains et la mafia, elle sillonne les États-Unis pour leur échapper. A chaque étape de son road trip, elle tombe sur un meurtre qu’elle tente d’élucider lorsqu’elle devine qu’un de ses interlocuteurs lui ment. 

Hit the road, Charlie

Natasha Lyonne est parfaite dans ce rôle écrit sur mesure, avec son charisme brut et sa voix rocailleuse qui donne un air à la fois désinvolte et rock ‘n’ roll à Charlie. A ce don inexpliqué qu’elle-même ne comprend pas vraiment, s’ajoute un mélange de perspicacité, d’intelligence et de fausse maladresse qui fait du personnage l’enquêtrice « par accident » parfaite : elle tombe par hasard sur des meurtres et découvre par hasard les indices qui la mènent au coupable. 

La checklist Columbo

La source d’inspiration est limpide : Poker Face se veut une sorte de Columbo 2.0. Le fil rouge (Charlie tente d’échapper à ses poursuivants) est assez ténu, les épisodes suivent des enquêtes indépendantes et, avec une durée approchant souvent les soixante minutes, on a parfois l’impression d’une succession de téléfilms plutôt qu’une série au sens strict. 

Point Columbo n°1 : la construction des intrigues. On assiste d’abord au meurtre, on voit qui est le coupable et la manière aussi complexe qu’astucieuse avec laquelle il commet son forfait et se construit un alibi ; Charlie arrive sur place (juste après ou juste avant, la série utilisant parfois un long flash-back avant le meurtre), comprend que le tueur lui ment et commence son enquête pour le confondre. Ici, l’idée de révéler au spectateur l’identité du coupable et sa manière de procéder nous donne aussi le même pouvoir que Charlie : nous aussi, nous savons qui ment. 

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Point Columbo n°2 : un personnage sous-estimé. La « stratégie » de Charlie se rapproche de celle du célèbre lieutenant : son suspect ne la prend pas au sérieux, persuadé qu’il a commis le crime parfait et que la rouquine excentrique et un peu bizarre n’arrivera pas à le démasquer. Jusqu’à ce qu’il s’embourbe dans ses mensonges et ses contradictions et finisse par se trahir. Il ne s’agit donc pas de deviner qui est le meurtrier, mais plutôt de s’amuser en voyant comment Charlie va le confondre et guetter le moment où il racontera un mensonge que notre héroïne percevra instantanément. 

Quelques-unes des guest stars de Poker Face

Une série divertissante, pleine d’humour et de références

Rian Johnson multiplie aussi les références, empruntant à Casino, Pulp Fiction, Alfred Hitchcock présente, jouant au survival horror dans une cabane au fond des bois ou à la mise en abîme dans les coulisses d’une pièce de théâtre entre Tchekhov et La Guerre des Roses. Mention spéciale à The Orpheus Syndrome, magnifique épisode et hommage spectaculaire aux effets spéciaux du cinéma de genre.

Naturellement, il y a des épisodes meilleurs que d’autres – certains s’appesantissent trop sur le meurtre lui-même, au détriment de sa résolution par Charlie – et la mécanique est parfois redondante. Mais la  qualité des scénarios, le cadre à chaque fois différent (la course automobile, une école primaire, une maison de retraite, une entreprise funéraire…), une bonne dose d’humour (le meurtre d’un hamster, sérieusement ?!) et un goût assumé pour le too much et l’extravagance font de Poker Face une excellente série, devant laquelle on passe un bon moment.  

Comme Elsbeth récemment, Poker Face s’inspire ouvertement de Columbo. Elle envoie la flamboyante Natasha Lyonne et son don de détecteur de mensonge humain sur les routes des États-Unis, pour élucider des meurtres dont nous connaissons déjà le coupable.  Avec ce format éprouvé, la série  ne révolutionne pas le genre, mais ce n’est pas le but. Poker Face a l’intelligence ne pas se pendre au sérieux, c’est une série fun et légère.  Sans mentir, un pur divertissement. 

Poker Face
Sur SérieClub 
Saison 1 le 22 Août.
Saison 2 le 29 Août.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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