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C’est quoi les « taxes comportementales » ?

C’est une dépense du quotidien lorsque vous achetez du tabac, des sodas, de l’alcool…Vous les connaissez très certainement sans même savoir leur nom. Aujourd’hui les taxes comportementales étaient au coeur des discussions au Sénat.

Ce mardi 4 novembre, on s’intéresse à la question des taxes comportementales lors d’une rencontre au Sénat initiée par Xavier Lacovelli, vice-président du Sénat et sénateur des Hauts-de-Seine avec le club de l’Hémicycle. Elles sont souvent présentées comme un levier simple, mais elles divisent : efficaces ? injustes ? indispensables ?. Pour s’y retrouver, on vous explique.

® Charlotte Mercier

Ça veut dire quoi « taxe comportementale » ?

Une taxe comportementale est un impôt appliqué sur certains produits ou activités dans le but de modifier les comportements des consommateurs. Contrairement à une taxe classique, qui sert avant tout à financer les dépenses publiques, celle-ci cherche à dissuader d’adopter des pratiques jugées nuisibles à la santé ou à l’environnement. Le principe est simple : rendre plus cher ce qui est “mauvais”, pour encourager des choix plus responsables. On parle aussi de fiscalité incitative ou « fiscalité comportementale ». Le Vice-président du Sénat, Xavier Lacovelli, lui, préfère évoquer le terme de « contribution santé ». Ces taxes jouent donc un double rôle : préventif (elles visent à protéger la santé publique ou la planète) et budgétaire (elles rapportent aussi de l’argent aux finances publiques). En France, par exemple, la fiscalité du tabac rapporte plus de 14 milliards d’euros par an.

Ces taxes dans notre quotidien

Sans en avoir forcément conscience, ces taxes sont déjà bien présentes dans notre quotidien. En effet, on les retrouve par exemple pour le tabac à hauteur de 55%. Concrètement, un paquet à 12€ contient environ 6,60€ de taxe comportementale. Mais elles sont aussi appliquées pour les bouteilles d’alcool, les sodas, les aliments gras, les véhicules polluants… Prochainement c’est même sur la fast fashion qu’elles pourraient être instaurées. En effet le Sénat a adopté une proposition de loi visant à taxer les petits colis (de moins de 2kg) expédiés en France à des particuliers. L’objectif : réguler la surconsommation sur des plateformes telles que le géant chinois : Shein. Cet amendement se base sur une proposition faite par la Commission européenne en mai 2025. L’idée étant d’imposer des frais de 2 euros sur chaque petit colis entrant en Europe, dont la quasi-totalité provient de Chine.

Pourquoi le sujet divise autant ?

Si leur objectif paraît louable, les taxes comportementales restent controversées. Beaucoup les jugent injustes, car elles touchent davantage les ménages modestes pour qui il est plus difficile de changer de mode de consommation. Bien que sans cesse au coeur de l’actualité, elles ne sont donc pas toujours bien accueillies. « 57% des Français seulement comprennent les taxes comportementales. Les citoyens n’ont plus confiance en la politique et pensent également que les politiques ne leur font plus confiance. » évoque Laure Salvaing, directrice générale l’Institut Verian.

La fracture générationnelle serait aussi l’une des causes de division dans le sujet : « On le voit dans les sondages, les plus âgés sont les plus favorables à ces taxes. Les 18-34 ans, ceux qui se battent pour le pouvoir d’achat, y sont beaucoup plus opposés. » ajoute-t-elle. Selon Pierre-Marie Decultot, co-fondateur du cabinet de conseil Antheus Advisors, « C’est primordial que le bénéfices puissent être prouver scientifiquement et que les recettes soient affectés à des actions en lien direct avec la cause« . Si le gouvernement entend créer de nouvelles taxes pour réguler les comportements, de la transparence et de la pédagogie pourrait peut-être aider à les faire mieux passer auprès des français.

Quand on parle des marques de fast fashion — comme Zara, H&M ou Shein — et de leur lien avec la jeunesse, on touche à un symbole générationnel. Pour la première fois, une génération entière peut renouveler son style, affirmer sa singularité, sans dépendre d’un pouvoir d’achat élevé. C’est aussi une génération qui place la liberté — de choisir, d’acheter, de se montrer — au cœur de son identité. Les taxes comportementales viennent heurter ce double socle : elles apparaissent à la fois comme une entrave à la liberté et comme une nouvelle atteinte au pouvoir d’achat. Dans le cas des marques de fast fashion, on voit bien ce paradoxe : ce qui était vécu comme une conquête d’autonomie devient soudain un objet de culpabilisation politique. C’est ce décalage qui nourrit aujourd’hui une forme de fracture entre discours publics et vécu des jeunes.

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