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Abandon d’animaux : pourquoi l’été est une période redoutée pour nos compagnons du quotidien ?

Chaque été, le même scénario tragique se répète : des milliers d’animaux sont victimes d’abandon. En France, chaque année, environ 200 000 animaux sont placés dans des fourrières ou des refuges. Des endroits souvent saturés qui peinent à résister.

Dans l’euphorie, nombreuses sont les familles à offrir un animal de compagnie à la période de Noël. Tel un objet, l’animal se retrouve au pied du sapin. Cet être à quatre pattes qui représentait la joie va rapidement devenir une corvée à l’arrivée de l’été. A la période estivale, le même scénario tragique se répète. De nombreux animaux de compagnies sont alors abandonnés dans la nature ou dans les refuges. La Société Protectrice des Animaux (SPA), lutte depuis des années contre ce fléau. Elle tente d’avertir sur le « concept » de l’animal-objet.

3 ans de prison et 45 000 euros d’amende

Avant de démarrer notre enquête, la rédaction de VL Média s’est dans un premier temps intéressée à l’aspect juridique de l’abandon. Selon le site du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire : « l’abandon est considéré comme un acte de maltraitance, puni par la loi ». Cet acte de maltraitance est passible d’une peine de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. Néanmoins, si l’abandon entraîne la mort de l’animal alors la peine peut s’étendre à 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende. La justice peut aussi décider d’interdire le mis en cause de détenir un animal de manière temporaire ou définitive.

Alerté par de nombreuses associations, le gouvernement tente de réagir pour endiguer ce phénomène. Votée en novembre 2021, la loi visant à lutter contre la maltraitance animale est entrée en vigueur en janvier 2024. Depuis le début de l’année, les animaleries n’ont plus le droit de vendre des chiens et des chats. Mais le problème est bien plus important comme le souligne Christophe Marie, porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot : « C’est une avancée notable. Néanmoins, il faut aussi réagir sur la stérilisation des animaux chez les particuliers. La reproduction amène à des abandons et de la revente sur des sites en ligne ».

« Ce n’est pas que la crise qui cause les abandons »

Hélas, il est aujourd’hui difficile de quantifier le nombre d’abandons en France. Christophe Marie analyse la situation en essayant de comprendre les problématiques d’un abandon, ce qui pousse les propriétaires à se « débarrasser » de leur animal. Selon lui, l’inflation et le coût de la vie dans sa globalité ne facilitent pas la tâche. Même si de nombreuses associations comme la SPA ou la Fondation Brigitte Bardot aident les propriétaires dans le besoin, les soins vétérinaires, les croquettes,… sont des « raisons » qui poussent à abandonner.

Pour Ninon Rueff, responsable du refuge SPA de Plaisir dans les Yvelines, l’inflation n’est pas « une raison valable » : « La SPA fait des dons pour aider les propriétaires qui ne réussissent pas à joindre les debout. Ce n’est pas que la crise qui cause les abandons. C’est surtout l’irresponsabilité », affirme-t-elle. Les missions de la SPA sont d’accueillir et de soigner pour rendre adoptable. L’abandon cause un traumatisme souvent psychologique à l’animal. « L’abandon est toujours une blessure, la SPA soigne les animaux qui en sont victimes. C’est donc de l’irresponsabilité d’abandonner un animal ». En réalité, l’animal abandonné subit un impact psychologique et traumatisant d’être séparé de sa famille. Il peut développer des troubles alimentaires, des peurs irrationnelles, des tremblements,…

Abandon d’animaux : un pic en été ?

Néanmoins, les refuges restent saturés. C’est la constatation que fait Ninon Rueff : « En Ile-de-France, les refuges sont saturés. Par manque de place, les animaux restent dans les fourrières et finissent par être euthanasiés« . Rien que dans la SPA de Plaisirs, la responsable du refuge a reçu 300 demandes d’abandons de chiens et un peu moins de 100 pour les chats. Selon elle, l’abandon des animaux de compagnie n’est pas spécifique à la période estivale : « Aujourd’hui, c’est toute l’année que les refuges sont saturés par les abandons ». Une information qu’affirme la Fondation Brigitte Bardot : « En réalité, il y a moins d’adoption en été et autant d’abandons que dans le reste de l’année ». Cependant, de nombreuses solutions existent pour faire garder son animal durant les vacances. En 2024, de nombreux lieux acceptent les animaux de compagnie.

Outre les animaux-objets, il y a aussi les races de chiens à la mode. La SPA et la Fondation Brigitte Bardot l’affirment, les chiens types molosses (berger, malinois,…) sont souvent plus abandonnés et difficiles à faire adopter. De nombreuses personnes sur un « coup de cœur » adoptent un chien de cette race, sans se préoccuper des demandes spécifiques de l’animal et finissent par l’abandonner. Une crainte d’autant plus grandissante avec les JO de Paris. De nombreux chiens cynophiles appartenant à la sécurité (vigiles,…) risquent d’être abandonnés à la fin de l’événement. La Fondation Brigitte Bardot a d’ailleurs alerté le gouvernement sur ce risque. Avoir un chien cynophile, c’est l’assurance d’avoir un contrat dans la sécurité.

La France : Championne d’Europe d’abandon d’animaux

L’été 2024 est déjà considéré comme l’un des pires sur le plan des abandons d’animaux de compagnie. L’association Youcare a d’ailleurs décidé d’en alerter les médias. Selon eux, la France se trouve dans une situation de plus en plus grave, elle détient le malheureux record de Championne d’Europe en termes d’abandons. En 2023, 1 animal a été abandonné toutes les 2 minutes. Un triste constat qui représente 300 000 abandons à l’année, dont 60 000 rien que durant la période estivale.

Thomas Moreau de l’association Youcare alerte aussi sur le peu d’adoption face à l’augmentation des abandons : « C’est le pire été que l’on ait jamais vécu. Nous recevons plus de 30 demandes d’abandons par jour. Or, les animaux que nous avons sous notre protection sont adoptés au compte-gouttes. Auparavant, aucun animal n’était resté plus de 3 mois chez nous. Le délai d’adoption moyen était de 3 semaines », affirme-t-il. L’association alerte sur cette problématique qui serait due à l’inflation ou à un changement de vie majeur pour 30% des abandons. Selon un sondage IFOP de 2022, le coût d’un animal de compagnie représenterait 943 euros annuel. Un coût trop élevé pour certaines personnes mais qui montre aussi une irresponsabilité de ces mêmes individus à se renseigner, auparavant.

« On voit le pire de l’être-humain et le meilleur »

Ninon Rueff, travaille depuis 20 ans à la SPA et nous confie à travers son expérience voir « le pire de l’être-humain et à la fois le meilleur ». Néanmoins, l’avenir lui donne peu d’espoir sur la situation. Selon elle : « les animaux sont de plus en plus abîmés par les propriétaires autant sur le plan psychologique que physique ». Christophe Marie de la Fondation Brigitte Bardot est quant à lui plus optimiste vis-à-vis de l’avenir après 30 ans dans le domaine : « Notre rapport à l’animal a changé. Il y a une prise de conscience des gens. Il y a 30 ans, défendre la maltraitance animale pouvait être moquée et ridiculisée. Aujourd’hui, une personne qui frappe son chien dans la rue, les gens vont être choqués et potentiellement agir. Il y a 10 ans, ça n’aurait choqué quasiment personne ».

A lire aussi : La hausse des abandons d’animaux à l’approche de l’été : la honte !

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