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Abeilles : les apiculteurs tirent la sonnette d’alarme

Abeilles Ruches

Le monde des abeilles est en crise. Et contrairement à ce qu’on peut penser, la France n’est en aucun cas épargnée. Une situation alarmante qui ne semble pas être prise au sérieux par le gouvernement et le ministère de l’agriculture. Hier, de nombreux rassemblements d’apiculteurs en colère étaient organisés à travers la France pour dénoncer cette situation, et les conséquences pour ces derniers ainsi que la planète.

Qui n’a jamais eu envie d’un pot de miel pour accompagner son repas ? Bientôt, si rien ne change, ce ne sera plus possible de s’en procurer. Pourquoi ne pas substituer le miel par des fruits ? Même constat, il sera beaucoup plus difficile d’en trouver, que cela soit en supermarché ou au niveau local. Où sont passés les produits agricoles, le miel et…les abeilles ?

Une situation très alarmante

Bon, on vous explique simplement : les abeilles meurent, et ce depuis déjà de (trop) nombreuses années. Les chiffres sont là : dans les années 1990, le taux de mortalité des colonies (ou ruches) d’abeilles en France était d’environ 5%. Aujourd’hui, selon certains agriculteurs, elle est d’environ 80% dans certains territoires. Une véritable catastrophe pour ces derniers, qui vivent pour la majorité de cette activité « un collègue avait 350 ruches avant l’hiver. Aujourd’hui, il n’en reste qu’une soixantaine » déplore un apiculteur de la Dordogne. La situation est vraisemblablement la même pour tous les apiculteurs du territoire français (un peu plus de 50 000 selon adafrance.fr, dont 1673 possédant 200 ruches ou plus).

Abeilles mortes

Des abeilles retrouvées mortes par centaines.

Un danger pour l’avenir de la profession, mais aussi pour la santé de notre écosystème. En effet, les abeilles jouent un rôle primordial dans la reproduction des végétaux. Elles participent à la pollinisation de la flore, en butinant les fleurs, déposant ainsi le pollen de végétal en végétal. Sans les abeilles, la pollinisation des plantes est presque nulle, et donc plus rien ne se reproduit ni ne pousse. Si c’est le cas, vous pouvez dire adieu à près de 84% des espèces cultivées en Europe (selon l’INRA).

Les abeilles sont prises de toutes part

Qu’est-ce qui peut expliquer la mortalité des abeilles en France ? Deux raisons.

 

1 – La présence de parasites et de prédateurs

Les abeilles ne sont pas seules dans la nature. Elles cohabitent avec d’autres insectes volants, à l’instar des guêpes et des frelons. Ces derniers, et notamment la Vespa velutina (plus connu sous le nom de Frelon asiatique) sont des prédateurs nocifs pour les abeilles. Introduit par accident sur le continent européen, ce frelon est friand de protéines et donc d’abeilles, pour nourrir ses larves. Il se développe très rapidement, est très agressif et détruit des nids entiers d’abeilles européennes. Autres dangers, certains champignons et acariens, qui jouent le rôle de parasites et affaiblissent les abeilles. Les apiculteurs sont donc contraints de plus en plus à lutter contre ces facteurs externes, qui participent en partie à la décimation des précieuses butineuses.

2 – L’utilisation massif de pesticides

Mais le problème majeur réside dans l’utilisation de pesticides. Mobilisés pour protéger les récoltes de parasites, ces insecticides sont des néonicotinoïdes qui perturbe le sens de l’orientation des butineuses. Complètement désorientées, ces dernières n’arrivent pas à rentrer à la ruche après leur récolte de nectar et meurent. Ce nectar, essentiel aux larves pour leur développement, manque alors cruellement en quantité. La population de la ruche n’est donc plus renouvelée, et la colonie finit par mourir intégralement.

Utilisés depuis de nombreuses années en toute légalité sur le territoire français, ces pesticides sont donc un véritable danger pour les abeilles. Les apiculteurs militent contre ces produits, qui leurs coûtent leurs ruches.

Beaucoup de revendications, peu de réponses

C’est pour cette raison qu’étaient organisés jeudi dernier des rassemblements à travers toute la France, organisés par l’UNAF (l’Union Nationale de l’Apiculture Française) et en collaboration avec des syndicats apicoles et des ONG environnementales. À Paris quelques dizaines d’apicultures étaient regroupés sur l’esplanade des Invalides, afin de manifester leur colère et affirmer leurs revendications vis-à-vis du gouvernement, qu’ils jugent responsable de la situation : « Ils doivent mesurer l’ampleur des dégâts. C’est une catastrophe écologique. […] mais aussi qu’ils prennent leurs responsabilité. On demande aussi des indemnités pour les apiculteurs victimes de la situation« . En effet, tous ces pesticides sont autorisés et utilisés en toute légalité sur le territoire français. L’Union Européenne avait bien tenté d’interdire certains agents et molécules dangereuses en 2013, mais cela ne concerne qu’une partie des produits utilisés.

Nicolas Hulot, le ministre de l’écologie, est apparu quelques minutes le matin de la manifestation, à Paris. Une courte intervention, accompagnée d’une consultation de certains apiculteurs par des conseillers du ministère de l’agriculture. À la sortie de celle-ci, nous parvenons à discuter avec Joël Labbé, sénateur du Morbihan très impliqué dans la cause écologique. Il explique avoir évoqué la question de la situation des apiculteurs mais aussi celle de la transition agricole : « c’est assurément une des causes majeur de la perte de colonies d’abeilles, il y a un lien évident entre les pratiques de l’agriculture agrochimique et la mortalité des abeilles« . Malgré tout,  Joël Labbé ne se dit pas pour une démission de Nicolas Hulot : « Il est sincère dans ses luttes et ses propos. Mais il se retrouve coincé et les arbitrages ne vont plus dans son sens, mais plus dans celui du ministère de l’agriculture. […] Nous ne souhaitons pas son départ, car pour nous cela sera synonyme que la bataille est perdue, et nous ne voulons pas que la bataille soit perdue« .

Le discours est catégorique chez les apiculteurs, pour qui le bilan est catastrophique. Un apiculteur breton déclare : « Je me bats depuis des années pour vivre de mon métier, et je sors de cette réunion déçu. […] C’est encore à moi de justifier la perte de mes ruches. On ne peut plus attendre plus. Personnellement, je n’ai même plus les moyens de continuer ni de financer mon activité… ».

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