En marge des manifestions des Gilets Jaunes survenues à Toulouse, trois photographes considèrent avoir été pris pour cible ce samedi par les forces de l’ordre.
Il est environ 16h40 quand trois photo-reporters – Ulrich Lebeuf, Eric Lerbret et Valentin Belleville – se retrouvent visés, place du Capitole, par les jets de « deux grenades GLI F4, chargées de TNT », comme le précise le dernier cité dans un post Facebook. Dans cette même publication, Valentin Belleville, photographe indépendant rattaché à l’agence Hans Lucas, partage une photo des marques laissées sur son corps par l’explosion des projectiles. Touché à l’arrière de la cuisse, il confie avoir « [hurlé] de peur et de douleur comme rarement ».
Rapidement pris en charge par des secouristes de rue, il s’en sort finalement plutôt bien, avec ces quelques blessures superficielles. Mais ce qui alarme le plus les trois confrères, c’est le pourquoi du comment ? « On portait des casques siglés presse, des brassards de presse et du matériel de vue. On était donc très visibles et très identifiables » explique à l’AFP Ulrich Lebeuf, photographe expérimenté pour Libération.
De plus, conscients des risques auxquels ils s’exposaient en se postant entre les lignes des Gilets Jaunes et celles des policiers, les reporters avaient préféré rester à l’écart des échauffourées qui prenaient de plus en plus d’ampleur dans la ville Rose. « Nous sommes tous [trois] complètement isolés. Les manifestants sont à 50m derrière, il n’y a aucun danger pour les forces de l’ordre. » précise Valentin Belleville. Difficile donc de trouver une raison valable au lancer de ces grenades de désencerclement, tout en sachant qu’« aucune sommation» n’a été entendue avant leur jet. Un signalement à l’IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale) a d’ores et déjà été envoyé par les deux photographes.
« Une tension des forces de l’ordre envers les médias »
Le troisième, Eric Lebret (qui travaille comme indépendant), s’inquiète lui de la mise en danger de plus en plus fréquente des journalistes présents au cœur de ces émeutes et situations périlleuses : « Nous sommes conscients des risques que nous prenons en couvrant ces manifestations, mais notre responsabilité s’arrête du moment où nous sommes délibérément visés ». Il constate également la fracture qui semble se renforcer entre médias et forces de l’ordre dans ce climat néfaste.
À Toulouse ce week-end, la préfecture a fait état de cinq personnes blessées dont quatre policiers. Quatorze personnes étaient encore en garde à vue dimanche.