Il y 3 ans, le 15 août 2021 les talibans prenaient Kaboul. Depuis, ils appliquent la charia en Afghanistan. Mercredi, le pouvoir organise une journée de célébrations avec un défilé militaire dans l’immense base de Bagram et un rassemblement populaire dans la capitale.
« Garder le cap de la loi islamiste », c’est la promesse que les talibans en Afghanistan se sont fait. Cela fait maintenant 3 ans que le pays sombre dans un règne sans partage. Le 15 août 2021, les talibans prenaient Kaboul, entraînant la fuite du gouvernement et la débâcle de la coalition occidentale menée par les États-Unis qui les avait chassés du pouvoir 20 ans plus tôt.
Pour célébrer cette date, un défilé militaire sur la base de Bagram et un rassemblement populaire à Kaboul sont au programme. Un événement qui permet aussi de rappeler toutes les mesures mises en place par les talibans depuis leur nouveau règne.
Le jour où l’Afghanistan a basculé
Le dimanche 15 août 2021 a marqué les 45 millions habitants de l’Afghanistan. Le retrait des troupes américaines, décidé par Joe Biden, a scellé l’avenir du pays. La capitale afghane tombe en quelques heures aux mains des Talibans. Une victoire qui marque leur retour au pouvoir, presque 20 ans après l’avoir perdu.
À leur première prise du pouvoir en 1996, les habitants voyaient un espoir en eux. Ces derniers étaient lassés des excès des moudjahidines et des luttes intestines après l’expulsion des Soviétiques. Aujourd’hui, la situation est toute autre. Si à l’époque ils ont éradiquée la corruption, lutté contre l’anarchie et sécurisé des routes et des zones sous leur contrôle, ce qui a stimulé le commerce, l’application de leur idéologie extrêmement stricte pousse la population afghane dans la terreur.
L’année 2001 marque la fin du premier règne des talibans. Mais 20 ans après, le 11 septembre 2021, les États-Unis annoncent le retrait de leurs troupes. Kaboul est alors donnée aux Talibans sur un plateau d’argent. La loi islamique, appelée la charia, rentre alors de nouveau en vigueur en Afghanistan.
Kaboul était la dernière grande ville d’Afghanistan à tomber sous le coup d’une offensive des talibans. Ces derniers ont entamé des pourparlers directs avec les États-Unis en 2018, et l’année passée, les deux parties ont conclu un accord de paix à Doha qui engageait les États-Unis à se retirer et les talibans à ne pas attaquer les forces américaines.
L’installation de la terreur
S’ils ont également accepté de ne pas autoriser Al-Qaïda ou d’autres militants à opérer dans les zones qu’ils contrôlent et de poursuivre les pourparlers de paix internes, les talibans ont continué à attaquer les forces de sécurité et les civils afghans. Les pourparlers de paix de Doha sont désormais au point mort. Cela a entrainé de nombreuses pertes humaines. Depuis, les droits humains ont fortement régressé dans le pays. En appliquant la charia, les Afghans doivent se plier à des règles qui dictent aux musulmans ce qu’ils ont le droit de faire ou pas. Elle détermine leur façon de manger, de s’habiller, de se comporter avec les autres.
Des règles qui n’ont pas manqué de faire réagir la scène internationale, notamment concernant le droit des femmes. Ces dernières ont interdiction d’étudier et doivent porter une burqa, un voile qui recouvre entièrement leur corps. En s’opposant à tout ce qui selon eux détourne le peuple de la religion, les talibans ont notamment bloqué l’accès à certains réseaux sociaux et jeux vidéo. Ceux qui leur désobéissent finissent en prison et parfois mort. Depuis leur arrivée au pouvoir, c’est un climat de terreur qui règne en Afghanistan.
Défilé militaire et propagande des talibans
« Le Jour de la victoire est un jour de fierté pour le peuple afghan », a déclaré le Premier ministre, Mohammad Hassan Akhund, à la veille des célébrations dans le pays. Kaboul arbore de milliers de drapeaux blancs et noirs du pays. Depuis plusieurs jours, la télévision a multiplié les programmes autour de cet anniversaire. On peut y voir un logo spécial et de longues interviews de ministres talibans. Sur un bandeau de la chaîne RTA, on pouvait lire: « La fierté (des Afghans) vient du sang versé par des milliers de martyrs ». Des performances d’athlètes et des lectures de poésie seront aussi au programme dans les rues kaboulies. Les Afghans assisteront à une propagande dissimulée sous un ton festif.
Dès 8 h (4 h 30 GMT), un défilé militaire se tient dans l’immense base de Bagram, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Kaboul, selon le programme communiqué par les autorités. Le lieu est hautement symbolique : cette base aérienne avait été le cœur des opérations américaines contre les insurgés talibans. Ceux-ci l’avaient reconquise le jour même de la chute de Kaboul. Ce défilé est l’occasion pour les forces de sécurité d’exposer les nombreux équipements militaires récupérés à la suite du départ des forces occidentales.
Un rassemblement populaire s’est tenu en milieu de matinée dans la capitale. Des milliers d’Afghans ont été conviés dans la capitale depuis une demi-douzaine de provinces du centre. Mais tout le pays doit célébrer le Jour de la victoire.
Mais derrière cette célébration, l’administration talibane ne peut cacher que l’Afghanistan reste l’un des pays les plus pauvres du monde. En effet, le pays enchaîne une croissance anémique, un chômage massif et une grave crise humanitaire. Si le pays noue des relations avec la Chine et la Russie et a ouvert un dialogue avec l’Occident en participant en juin, pour la première fois, aux discussions de Doha, le gouvernement taliban n’est toujours reconnu par aucun pays en raison de ses mesures liberticides contre les femmes.