Dans un entretien accordé au Monde, Alexandre Benalla, Monsieur Sécurité d’Emmanuel Macron, livre sa version des faits en reconnaissant sa faute tout en reprochant aux différentes forces de l’ordre leur hypocrisie.
Sept jours après les révélations du Monde, Alexandre Benalla s’est enfin exprimé sur son parcours, sa proximité avec Emmanuel Macron et surtout sur ses actions du 1er Mai 2018.
Rejoignant très vite le candidat Macron alors que celui-ci ne dispose pas de dispositif de sécurité après son départ du ministère de l’Economie, Alexandre Benalla va devenir un fidèle du président de la République, au point de devenir chargé de mission auprès du chef de cabinet du président de la République, un rôle d’accompagnement du chef de l’Etat.
Une rancœur du GSPR ?
La sécurité du président se compose de 3 entités : le Groupement de sécurité de la République (GSPR), le service privé du président et Alexandre Benalla. Ce dernier doit tout le temps accompagner le président afin d’« assurer la tranquillité du couple présidentielle, l’image du président… » alors que le GSPR, composé de soixante gendarmes et policiers spécialement entraînés, ne prend « qu’en compte la sécurité » selon les termes d’Alexandre Benalla.
Cette confrontation avec le GSPR va susciter des tensions pour Alexandre Benalla qui resteront dans l’ordre du non dit : « Et quand on s’expose face à ce type de personnes, elles vous disent « oui » avec un sourire, mais elles n’oublient pas… Je ne fais pas partie du club. Je le ressens mais je dois en faire abstraction »
La vérité, c’est que ma nomination à ce poste, ça a fait chier beaucoup de gens. Parce qu’un gamin de 25 ans, qui n’a pas fait l’ENA, qui n’est pas sous-préfet — parce que je suis le seul à ne pas l’être dans l’équipe, je suis l’extraterrestre de la bande ! —, et en plus qui dit les choses, là où il n’y a que des non-dits, évidemment, ça suscite des rancœurs – Alexandre Benalla
Pour M.Benalla, le service de la protection de la personne (SDLP), entité supérieure au GSPR, est aussi rancunier du fait que l’homme de 25 ans soit à ce poste, ait une telle proximité avec Emmanuel Macron : « le SDLP […] n’a pas accès aux déplacements du président de la République, c’est leur rêve, ils nous appellent dix fois par jour pour être dans l’avion avec le président. Ils n’ont qu’un pouvoir de nuisance qu’ils savent mettre en œuvre si vous ne leur donnez pas ce qu’ils veulent, le SDLP. »
Un règlement de compte de la police
Alexandre Benalla le dit clairement : les faits sont réels mais la police a influencé : « on a essayé de m’atteindre, de me tuer […] il y a en premier une volonté d’atteindre le président de la République […] il y a énormément de gens qui se frottent les mains en se disant « ça y est, on s’est débarrassé de lui, il ne va plus nous emmerder, c’est fini «
Pour Benalla, c’est très clair, il était « le maillon faible » pour atteindre Emmanuel Macron. Selon ses dires, ce n’est pas lui qui a demandé à venir, il a été invité par le chef d’état-major à la préfecture de police, Laurent Simonin. Un équipement lui a alors été transmis et il a participé aux événements du 1er Mai pour intervenir vis-à-vis des manifestants d’extrême gauche, faute qu’il reconnait.