Pour la première fois de son histoire, l’Argentine devra organiser un second tour aux élections présidentielles. Habitué à un franc succès dès le premier tour, le camp péroniste des Kirchner a du plomb dans l’aile. Daniel Scioli, le Dauphin de la présidente sortante, réussira-t-il néanmoins à disqualifier l’opposition de Mauricio Macri ?
Un mot d’ordre résume les élections de ce dimanche 25 octobre en Argentine : surprise. Alors que tous s’attendaient à voir le Front Pour la Victoire (FPV) de la présidente sortante Cristina Kirchner reconduit au pouvoir dès le premier tour, le libéral conservateur Mauricio Macri a été suffisamment plébiscité pour donner lieu à un second tour.
Tout semblait joué d’avance. Désormais, c’est l’incertitude la plus complète qui règne. Personne ne semble pouvoir prédire qui sera élu à la présidence de la République Argentine le 22 novembre.
Daniel Scioli, le Dauphin des Kirchner
Mauricio Macri, maire de Buenos Aires depuis 2007, se présente face à un monument de la politique argentine.
Le FPV se revendique dans la lignée idéologique de Juan Perón, figure essentielle de la politique en Argentine. Le couple Juan et Evita Perón est au pouvoir de 1946 à 1955. Très apprécié, Juan Perón est réélu en 1973. A sa mort en 1974, sa troisième femme Isabel Perón assure la présidence jusqu’en 1976.
C’est sur ce modèle emblématique du couple régnant que les Kirchner ont fondé leur appui populaire. Néstor Kirchner devient président en 2003. Sa femme Cristina lui succède naturellement en 2007. On aurait pu s’attendre à un système d’alternance à l’infini entre les 2 membres du couple pour conserver un pouvoir à gauche mais Néstor Kirchner décède en 2010.
Cristina Kirchner arrive donc au terme de son mandat avec un soutien populaire qui lui aurait sûrement permis d’être réélue avec plus de 50% des voix dès le premier tour. Mais ne parvenant pas à changer la Constitution qui lui interdit de se représenter, elle nomme Daniel Scioli comme héritier.
Est-ce l’heure du changement pour l’Argentine ?
Pourtant, les chiffres sont là. Même s’il reste en avance sur son principal opposant, Daniel Scioli ne remporte que 36,9% des voix. Mauricio Macri, à la tête de la coalition Cambiemos (littéralement « Changeons ») arrive juste derrière avec 34,3%.
Le score du maire de Buenos Aires est absolument historique puisqu’il remet en cause le pouvoir établi des péronistes dans le pays. D’autant plus que le second tour promet un affrontement dont le résultat reste imprévisible.
Au lendemain de ce premier tour, tous les regards se tournent vers Sergio Massa, le troisième homme de ce scrutin. Avec 21% des voix, il a entre ses mains le pouvoir de choisir le futur président de l’Argentine. Mais, sa décision est incertaine puisqu’il est un péroniste dissident du camp des Kirshner.
Grâce à sa bonne gouvernance de la ville de Buenos Aires, Mauricio Macri a acquis une crédibilité indéniable auprès des électeurs. De plus, la peur de voir Daniel Scioli instrumentalisé par l’ex-présidente pour mieux préparer son retour aux prochaines élections devrait refroidir un certain nombre d’Argentins. Mais va-t-on pour autant vers le changement ?