Loin d’avoir appris de leurs erreurs, de nombreux médias tels que France 2, TF1-LCI ou encore WikiLeaks sont sous le feu des critiques pour leur traitement de l’attentat de Nice. Récit d’une soirée où de nombreux principes journalistiques ont été oubliés.
“Mieux vaut une connerie d’avance qu’une information de retard”. C’est par ces mots choc que le journaliste de Médiapart, Hubert Huertas condamne le modèle de l’information en continu dans son livre L’effet BFM. Difficile de lui donner tort après l’attentat qui a touché la ville de Nice le 14 Juillet au soir.
France 2, la pudeur journalistique a disparu en l’espace d’une soirée
Principe de la charte d’éthique professionnelle des journalistes du SNJ : « Respecte la dignité des personnes »
Un joli principe complètement oublié dans les actes par France 2 et WikiLeaks qui ne se sont pas privés pour montrer des images choquantes. L’édition spéciale de France 2 n’a pas hésité à diffuser l’interview d’un homme à côté du corps de sa femme morte sous un drap.
Le compte Twitter de WikiLeaks est allé encore plus loin en partageant une vidéo d’un passant filmant les corps sans vie sur la promenade des Anglais pendant de longues minutes.
Plus qu’un manque de pudeur évident, c’est une erreur journalistique flagrante de la part de France 2 et de WikiLeaks. Le journaliste de France 2 aurait du protéger cet homme désemparé après la perte de deux membres de sa famille plutôt que de l’exposer comme il l’a fait. France 2 et WikiLeaks n’ont pas pris en compte la violence des images et le traumatisme qu’ont pu causer chez beaucoup de téléspectateurs, les images des corps morts des nombreuses victimes du conducteur terroriste. A la suite de nombreuses protestations des internautes sur les réseaux sociaux, France 2 s’est excusé le 15 juillet pour « la diffusion de ce type d’images qui ne correspond pas à la conception de l’information des journalistes des équipes et de l’entreprise. »
Édition spéciale sur l’attentat de #Nice : France Télévisions présente ses excuses. https://t.co/AUOQUKmUiR
— France 2 (@France2tv) 15 juillet 2016
TF1-LCI, i>télé ou la vérification approximative des rumeurs
Principe de la charte d’éthique professionnelle des journalistes du SNJ : « La notion d’urgence dans la diffusion d’une information ou d’exclusivité ne doit pas l’emporter sur le sérieux de l’enquête et la vérification des sources.«
Ce principe aurait évité aux chaînes du groupe TF1 et à i>télé une grosse déconvenue. TF1, LCI et i>télé sont les seules chaînes à avoir relayé les fausses rumeurs de prise d’otage après l’attentat de Nice. Par conséquent, la question de la vérification de l’information se pose. Une rumeur ne peut pas devenir une information sans avoir été vérifiée. Les grands médias sont normalement réputés pour le sérieux de leurs informations à l’inverse des réseaux sociaux qui propagent toutes sortes de rumeurs. Si des grandes chaînes d’information comme LCI ou i>télé pour ne pas louper un scoop préfèrent dire n’importe quoi à l’antenne comment peut-on leur faire confiance ?
Le CSA s’est saisi de l’affaire
Le CSA a appelé « les télévisions et les radios à la prudence et à la retenue » et a annoncé dans un communiqué « s’être saisi des images et des comptes rendus diffusés toute la nuit ». Ses sanctions sont attendus dans les semaines qui viennent.
#NiceAttentat Le CSA appelle les télévisions et les radios à la prudence et à la retenue https://t.co/833vqVRMRE pic.twitter.com/8zkgoJ6Ccw
— CSA (@csaudiovisuel) 15 juillet 2016
Il faut bien sur ne pas mettre tous les médias dans le même sac. Nice Matin, le Monde, BFM TV par exemple ont prouvé ce soir là leur professionnalisme. Cependant, il serait temps pour les médias de s’interroger collectivement sur les pratiques à avoir en cas d’attentat car ces dérapages ne sont pas une première et probablement pas une dernière.
crédit photo à la une : nouveautes-tele.com