Depuis le 19 avril, le peuple nicaraguayen se bat corps et âme pour renverser Daniel Ortega, le président au pouvoir. Depuis 2007, le chef d’Etat mène une répression meurtrière sur ses citoyens. Pour mettre fin à ce régime autoritaire, la révolution a commencé. Déjà 264 morts.
Dimanche 8 avril. Sud-Ouest du Nicaragua. 21 opposants politiques sont abattus. Alors que les forces spéciales interviennent dans deux villes différentes, Diriamba et Jinotepe, pour démanteler des barrages, l’opération tourne mal.
Ce climat, les résistants nicaraguayens le connaissent depuis que la révolte a débuté en avril dernier. A ce jour, le Centre nicaraguayen des droits de l’homme [Cenidh] dénombre 264 morts et près de 2000 blessés.
Le quasi-dictateur dirige son empire au côté de sa femme, Rosario Murillo, qui détient le titre de vice-présidente. A deux, ils règnent sur un royaume qui refuse de s’éteindre. Le 7 juillet, alors que les opposants réclament une fois de plus des élections anticipées, le chef suprême refuse, et qualifie ces manifestants de “vandales” et de “délinquants.” La date du prochain scrutin ne sera pas en 2019 comme souhaité, mais en 2021.
« On ne peut pas changer les règles du jour au lendemain, simplement parce que l’idée en est venue à un groupe de putschistes », lance-t-il lors d’une assemblée de ses partisans, au sein de la capitale.
Masaya, ville rebelle d’une nation enflammée
Pour apaiser les tensions, l’Eglise Catholique espère ouvrir le dialogue entre le gouvernement et l’opposition. Sans succès. La répression continue de plus belle. Ce jeudi, le peuple remet le feu aux poudres, en organisant une manifestation nationale pour commémorer la révolution sandiniste. L’apogée a actuellement lieu à Masaya, la ville la plus rebelle du pays.
Masaya “est assiégée par une force de plus de 1 000 paramilitaires, des policiers et des armes lourdes”, rapporte Danilo Martinez, chef de l’Association nicaraguayenne des droits de l’homme (ANPDH). Avec cette force présente aux portes de la ville, la rencontre s’annonce violente, voire meurtrière.
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Dans le sud de cette Cité, les barricades sont déjà en place, où les rixes ont débuté depuis déjà quelques semaines. Nom de code de cette offensive violente : “opération nettoyage”. Mais pour les habitants du quartier Monimbo, la position est bien défendue : « On attend de voir si le régime nous attaque. Ils veulent nous intimider, mais [notre district] résiste fermement et avec force pour se protéger et combattre« , racontait à l’AFP un camionneur de 25 ans.
L’ONU s’inquiète
Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, est “profondément inquiet de la violence qui continue et s’intensifie au Nicaragua.” Il appelle alors à “s’abstenir à la violence” pour privilégier le “dialogue” et “trouver une solution pacifique” à ce conflit.