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Bartoli, au-delà des clichés

En remportant samedi à Wimbledon le premier titre de sa carrière en Grand Chelem, la Française Marion Bartoli a surtout obtenu une victoire sur elle-même et sur les standards du tennis. Retour sur le parcours atypique d’une joueuse hors du commun.

Samedi 6 juillet 2013, aux alentours de 16h30 : Marion Bartoli bat Sabine Lisicki sur le Centre Court en finale de Wimbledon et entre dans l’histoire du sport français. Certes, la nouvelle numéro 7 mondiale a bénéficié des éliminations prématurées de toutes les favorites, mais ce titre vient récompenser des années de travail. Une carrière riche en émotions, avec des hauts glorieux et des bas très difficiles à gérer.

Elle apprend le tennis sur un boulodrome !

Marion Bartoli débute le tennis à l’âge de 6 ans. Elle s’entraînait sur le boulodrome de sa commune de Retournac (Auvergne) durant l’hiver, afin de toujours jouer au sec. D’autre part, son père Walter, alors médecin, plaque tout pour satisfaire le rêve de sa fille de devenir joueuse professionnelle. Il décide de la suivre dans ses performances et devient rapidement son entraîneur. Pourtant, il ne connaît quasiment rien du tennis au départ.

Débuts prometteurs

 Malgré ces conditions d’apprentissage quelque peu particulières, Marion Bartoli parvient, à force de travail et de volonté, à passer pro en 2000, à seulement 16 ans. Elle remporte alors plusieurs tournois en catégories jeunes, dont un US Open Juniors en 2001. La même année, elle dispute son premier Grand Chelem senior, qui se solde par une élimination dès le premier tour de Roland-Garros. Mais les exploits ne tardent pas à arriver. En 2002, sur le ciment de Flushing Meadows, elle fait tomber la légende Arantxa Sanchez, certes en fin de carrière mais tout de même encore 25e mondiale. Son ascension au classement WTA est alors rapide. Du coup, la joueuse d’origine corse attire les convoitises, notamment de la part du capitaine de l’équipe de France de Fed Cup, Guy Forget, qui, en l’absence d’Amélie Mauresmo et Mary Pierce, la sélectionne pour les demies et la finale. Les Bleues échouent de peu face à la Russie.

Une première épopée fantastique à Wimbledon

Bartoli décoche son premier titre WTA deux ans plus tard à Auckland. En 2007, elle prend une nouvelle dimension : après un 1/8e de finale à Roland-Garros perdu face à la Serbe Jelena Jankovic, elle atteint la finale de Wimbledon en éliminant la numéro un mondiale Justine Hénin en demies. Cette première finale en Grand Chelem, déjà sur le gazon londonien, elle la perd face à une Venus Williams supérieure et plus expérimentée. Dans la foulée, elle devient numéro un française. Marion Bartoli commence à se faire un nom sur le circuit. A 22 ans, un avenir radieux semble alors s’offrir à elle.

Confirmation difficile

Cet avenir, malheureusement, n’a pas toujours été à la hauteur des espoirs placés en elle. Marion Bartoli est raillée pour son irrégularité, moquée au sujet de son physique, jugé peu adapté à une joueuse de tennis. Trop peu prise en considération, alors qu’elle est la numéro un française et la meilleure chance de titre tricolore chez les filles. Snobée par le nouveau capitaine Georges Goven en Fed Cup, sous prétexte qu’il ne veut pas de la présence de son père et entraîneur dans les tribunes. Les trois années qui suivent s’annoncent plus compliquées, notamment en 2008, lorsqu’elle chute à la 17e place au classement WTA. Marion enchaîne les éliminations prématurées, notamment lors des tournois du Grand Chelem. Seul rayon de soleil en 2009, avec un quart à l’Open d’Australie, ainsi que des titres aux tournois de Monterrey et Stanford.

La suite ? Un retour sur le devant de la scène. Mise en confiance par des places de finaliste à Indian Wells et Strasbourg, Marion Bartoli atteint les demi-finales à Roland-Garros, avant de céder devant la tenante du titre Francesca Schiavone. A Wimbledon, elle élimine Serena Williams puis s’incline en quarts contre une certaine Sabine Lisicki. Galvanisée par ces bons parcours, elle atteint une nouvelle finale à Stanford puis remporte le titre à l’Open du Japon. 2011 est donc l’année de la renaissance pour la numéro un française. 2012, néanmoins, marque une nouvelle chute, avec beaucoup de prestations décevantes (éliminations dès le second tour à Roland-Garros et Wimbledon notamment), excepté un quart de finale à l’US Open, et quelques finales mais dans des tournois peu prestigieux. Bartoli sort alors du top 10, qu’elle avait réintégré un an auparavant.

2013 : de l’enfer au paradis

Longtemps critiquée pour ne pas réussir à s’extirper du cocon familial, Marion Bartoli a fini par prendre ses responsabilités en se séparant de son père. Avant de trouver la solution sous la houlette d’Amélie Mauresmo, elle a régulièrement changé d’entraîneur après plusieurs expériences infructueuses. C’est aussi ce qui explique son début de saison chaotique. Marion a été perturbée et cela s’est ressenti sur le court. Les deux premiers tournois du Grand Chelem (Open d’Australie et Roland-Garros) ont été assez catastrophiques et se sont tous deux soldés par une élimination au 3e tour. Aurait-on pu imaginer alors ce qui allait se passer à Londres ? Sûrement pas. Sauf qu’avec Marion, il faut s’attendre à tout, au pire mais aussi au meilleur. C’est ce côté imprévisible qui fait sa force. Sans oublier bien sûr un état d’esprit exemplaire, qui se résume en trois mots : ne rien lâcher. Certes, les Williams, Sharapova et Azarenka sont passées à la trappe bien plus tôt que prévu, mais encore fallait-il en profiter. La Française a su le faire avec brio, ne concédant aucun set de tout le tournoi. Quelque part, elle le voulait tellement ce trophée qu’elle affirme avoir rêvé remporter depuis qu’elle est toute petite. Ce gazon londonien qu’elle affectionne tout particulièrement, et où Venus Williams avait mis fin à son rêve il y a six ans. C’était une autre époque : plus jeune, moins expérimentée. Depuis, Marion a su se construire et forger son mental à travers ses nombreux échecs. Pour revenir tellement fort sur ce Wimbledon 2013, à tel point que l’on a l’impression qu’elle était programmée pour le gagner. A 28 ans, elle est seulement la troisième tricolore à remporter ce tournoi après Suzanne Lenglen et Amélie Mauresmo. Marion Bartoli a écrit l’histoire à sa manière, grâce à sa personnalité. Et ça, c’est quand même exceptionnel.

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