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Beat Generation : le mouvement culturel libertaire du siècle dernier

Beat Generation

« Everything belongs to me because I’m poor » [tout m’appartient puisque je suis pauvre] : telle est une des premières phrases qu’il est donné de voir au cours de la visite de l’exposition Beat Generation au Centre Georges Pompidou. Cet Haiku, rédigé de la main de Jack Kerouac, est représentatif du mouvement puisque « Beat » est assimilé à la pauvreté, à la dépravation, « dans la dèche ».

Un mouvement tout droit venu de New-York :

Ayant pour naissance les années 40 et comme période d’essoufflement la fin des années 60, la Beat Generation a grandement marqué l’Histoire culturelle et sociale du siècle dernier, s’étendant sur plusieurs parties du monde. Son berceau reste tout de même New-York : il a grandi grâce à la rencontre de trois acteurs principaux. William Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac se sont rencontrés à l’Université de Colombia en 1944, et c’est ce dernier qui a lui-même donné le nom au mouvement. Cette génération s’oppose à une Amérique puritaine, en ayant comme étendard la liberté et le renversement des normes.

Beat Generation

Allen Ginsberg, « We went uptown », 1953 © Caty Reneaux / RadioVL

 

Des artistes complets :

Une des caractéristiques de ce mouvement est d’être véritablement pleinement vécu par ses adeptes. On peut y voir une certaine manière de faire de sa vie une oeuvre d’art, tout en restant dans l’infiniment moderne. En effet, ce groupe d’amis s’est approprié les méthodes sonores d’enregistrement de l’époque, réussissant à mêler musique et poésie. Les autres « membres » font de même, et c’est ainsi que Beaubourg présente une exposition multimédia, avec des photographies, des revues, des affiches, des extraits de films, des chansons… Chacun des artistes touche généralement à plusieurs domaines. C’est le cas par exemple de Jack Kerouac (on peut d’ailleurs voir le tapuscrit original long de 36 mètres d‘On the Road) dont on découvre plusieurs œuvres graphiques dont on ignorait tout.

Beat Generation

The Singing Posters (impression de poèmes d’Allen Ginsberg chantés), Colby Poster Printing Company © Caty Reneaux / RadioVL

 

Des anti-héros devenus des icônes :

Comme la plupart des mouvements culturels majeurs, la Beat Generation a été d’abord perçue comme de jeunes écervelés un peu perdus, désireux au plus haut point de semer le chaos dans l’ordre établi. En effet, même lorsqu’il s’agit de produire des revues (excellent moyen de diffusion pour des œuvres variées comme des ensembles de poèmes, de dessins et de peintures) le résultat est « déviant ». Semina, une revue de neuf numéros créée par Wallace Berman, était composée de feuillets libres glissés dans une grande pochette. La méthode de production est traditionnelle, à l’inverse de la sérigraphie inhérente aux machines. Le format est novateur, puisque non relié, de même que son contenu puisque l’on peut y trouver poésies, collages, photographies …

Beat Generation

Un numéro de « Semina », Wallace Berman, 1955-1964 © Caty Reneaux / RadioVL

Depuis, on peut aisément dire que cette génération a inspiré l’ère du mouvement hippie, de même que l’art du road trip ou tout simplement la « banalisation » de prise de stupéfiant. Cependant, leurs cerveaux ne sont ni mous ni vides, puisqu’une idée forte reste toujours derrière chaque oeuvre, comme dans le film Looking for mushrooms. Réalisé par Bruce Conner (artiste parti s’installer au Mexique) avec l’aide de Timothy Leary (un psychologue promoteur de LSD), on y voit des scènes psychédéliques, qui sont mises en parallèle avec des plans d’explosion de bombes atomiques au ralenti. On y décèle une frappante ressemblance dont la pertinence ainsi que la beauté sont frappantes. Au delà de s’opposer à une nation vainqueur de la guerre mais terriblement sinistre à cause de l’usage de bombes atomiques, ces artistes proposent comme un contre pied qui amène à un air frais.

Beat Generation

Extrait de « Looking for Mushrooms », Bruce Conner, 1962 © Caty Reneaux / RadioVL

 

Un soupçon d’espoir :

Cependant, un point négatif pourrait être apporté. Une seule salle est recouverte d’affiches flashy et vitaminées. Il est certain que la plupart des films produits ne peuvent être présentés qu’en noir et blanc. Seulement, si l’ambiance générale qu’offre l’accrochage donne la bonne impression de méli-mélo qu’implique ce mouvement, c’est sans réussir à en restituer l’idée de sourire béatement à la vie. Car il s’agit autant d’une opposition à une vision du monde que de l’accomplissement créatif d’un certain life-style. Une génération qui a fait varier son sort de la perdition à l’art, dynamique dont nous aurions nous aussi bien besoin (puisqu’en y réfléchissant, les syndromes de leur génération ne sont pas si éloignés de ceux dont la nôtre est atteinte).

Informations pratiques :

Beat Generation
Au Centre Pompidou
Du 20 juin au 3 octobre 2016
14 euros, 11 euros (tarif réduit)
Ouvert tous les jours sauf mardi, 11h-21h

Crédit image à la Une : Caty Reneaux / RadioVL

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