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Les candidats à la primaire LR passés au crible: portrait de Jean-François Copé

À la suite d’une longue traversée du désert où Jean-François Copé avait annoncé vouloir faire «de la politique autrement » c’est-à-dire « imaginer un temps où l’on commence à se taire après avoir trop parlé », l’ex-président de l’UMP et maire de Meaux rompt son silence médiatique en janvier dernier dans le Divan de Marc-Olivier Fogiel et par la parution quelques jours plus tard de son ouvrage Le sursaut français .Un retour pour l’instant gagnant étant donné qu’il a réuni les parrainages nécessaires pour se présenter à la primaire de la droite républicaine.

Moqué par les uns, haï par les autres notamment au sein de son propre parti, celui qui fut longtemps considéré par les sympathisants de la droite dite «décomplexée» comme le successeur légitime à Nicolas Sarkozy a vu sa carrière s’effondrer par de nombreuses affaires. Aujourd’hui, avec la primaire, Jean-François Copé entend se relancer en faisant de «la politique de fond». Voici son portrait

Sa carrière politique en 5 dates : Jean-François Copé le mal aimé 

– 1995 : une année de consécration pour Jean-François Copé. Lors de l’élection présidentielle, il s’affiche au côté de Jacques Chirac. Un ralliement fructueux puisque la même année, sous la bannière du RPR, Copé arrache la ville de Meaux à la gauche. Une vingtaine d’années plus tard, il dirige Meaux avec la même fermeté en mettant en avant une politique sécuritaire et d’urbanisation de la ville. Une fois la légitimité municipale acquise, il est élu au cours de l’année 1995 député de Seine-et-Marne devenant ainsi à seulement 31 ans, le plus jeune député de l’Assemblée nationale.

– 13 juillet 2010 : la proposition de loi sur l’interdiction intégrale du voile dans l’espace public portée par Jean-François Copé est votée en première lecture à une majorité écrasante à l’Assemblée nationale. Il en avait fait un combat considérant le voile intégral comme «une négation de soi, la négation de l’autre, la négation de la vie en société ». Ce combat aura été l’un des plus grands succès de l’ex-président de l’UMP car il avait réussi à rallier à sa cause des personnages clés de gauche comme Manuel Valls.

– 26 août 2012 : quelques mois après la défaite de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle, Jean François Copé alors secrétaire générale de l’UMP se déclare candidat à la présidence du parti. Par la même, il assume la droitisation de son discours en lançant le mouvement de «la droite décomplexée». Une droite qui «s’assume» et met la question de l’identité au cœur de sa réflexion.

– 19 novembre 2012 : alors que les militants UMP étaient dans l’attente de la publication officielle des résultats par la commission d’organisation et de contrôle des opérations électorales du parti la fameuse COCOE, Jean-François Copé s’avance devant les médias et s’autoproclame vainqueur à la présidence de l’UMP. Cette annonce mis le feux au poudre  et entraîna une scission profonde entre les ténors : c’est le début de la guerre des chefs.

– 27 mai 2014 : l’affaire Bygmalion vient donner un coup de frein à la carrière politique du maire de Meaux. Les révélations de Jérôme Lavrilleux sur le plateau de BFM TV ont provoqué un séisme à droite. A la table des accusés, on avait en autres Jean-François Copé, ami proche des propriétaires de l’entreprise Bygmalion. À l’UMP il n’était plus question qu’il reste aux manettes. Un bureau politique en date du 27 mai organisé par les élus du parti se conclu par sa démission de la présidence de l’UMP. C’est le début de sa traversée du désert.

Ses forces 

Copé est un animal politique. Il l’a prouvé avec son retour sur la scène médiatique. Malgré les affaires, il tient bon et garde ses ambitions en tête à savoir devenir un jour président de la République.

Mise à part cela, Jean-François Copé est un réel élu local. Très ancré dans sa commune de Meaux, depuis une vingtaine d’années les municipales se ressemblent dans sa ville car l’ex chef de l’UMP est réélu à chaque scrutin et mieux, il améliore son score. Il tire cette légitimité par le travail qu’il continue à y accomplir.

Cette commune seine et marnaise où cohabitent de nombreuses communautés et classes sociales a connue une baisse accrue de la délinquance et une rénovation urbaine dense.

Ses faiblesses 

Jean-François Copé est un homme à sensation adepte des petites phrases pour faire parler de lui. Il en a payé les frais avec l’affaire du racisme «anti blancs» évoqué dans son Manifeste pour une droite décomplexée ou encore celle des «pains aux chocolats»

À faire le jeu du FN d’une manière totalement décomplexée, il est plutôt perçu comme un homme politique qui clive.

Toutefois, sa plus grosse faiblesse reste aujourd’hui Bygmalion. Tant que l’affaire n’est pas classée par la justice, Jean-François Copé devra se la trainer telle une épine dans le pied.

Ses principales propositions 

S’il prétend avoir changé pendant son absence, ce n’est pas le cas sur le fond. En vue des primaires, J.F Copé souhaite s’appuyer sur un projet de campagne assez classique pour un homme de droite qui s’articule autour de la libéralisation économique, le renforcement sécuritaire et de la jeunesse. Rien de neuf donc !

En matière économique  il souhaite la fin des 35 heures dans la fonction publique au profit de la semaine de 39h et met en avant l’assouplissement des modalités de licenciements.

Quant à la question sécuritaire, comme son concurrent Nicolas Sarkozy, JFC prône la fermeté afin de «protéger les français». Pour cela, il se détache de ses concurrents en évoquant la mise en place d’un «Plan Marshall» pour la sécurité. Une mesure qui devrait permettre de débloquer des fonds abondants au ministère de la défense et de l’intérieur. S’il est élu, le maire de Meaux promet également la création d’un code de la laïcité pour lutter contre « le communautarisme et l’Islam radical » enfin il veut créer un code pénal pour les mineurs.

In fine pour le candidat à la primaire de la droite, la jeunesse de demain doit se développer sur un système basé sur la méritocratie. Sa méritocratie à lui est fondée sur une sélection à l’entrée de l’université : « sélection sur dossier scolaire et évaluations d’épreuves écrites et orales ». De plus la libéralisation de l’université est au cœur de son programme. Il souhaite leur donner plus de pouvoir ce qui sous entend qu’elles « pourront librement fixer leur frais de scolarité ».

Que peut-il espérer de cette primaire ?

L’enjeu est grand pour l’ex-président de l’UMP. Il sait pertinemment qu’il ne peut pas gagner ces primaires, mais il a son rôle à jouer et pas des moindres.

Un brin revanchard, Jean-François Copé n’a pas oublié la journée du 27 mai 2014 où il a été « humilié » par ses alliés lors du bureau politique. Par conséquent il espère secrètement surprendre et mettre à mal ses détracteurs c’est-à-dire ceux qui n’ont pas eu de concessions à son égard à l’instar de François Fillon ou de NKM.

Quant à la question Nicolas Sarkozy, JFC pourrait bien le mettre à mal en lui soutirant des électeurs  avec sa «droite décomplexée». Pour l’heure, l’objectif de Jean-François Copé est d’obtenir le meilleur résultat possible pendant le 1er tour de la primaire et pourquoi pas devancer nombres de ses rivaux une manière de montrer qu’on est jamais mort en politique à moins d’être mort physiquement.

À lire aussi :  Portrait de Jean-Frédéric Poisson

Crédit photo image à la Une : Philippe Hugues / AFP

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