Annulation du premier week-end du Carnaval : quelles en sont les conséquences pour les Niçois ?
Cette année, le vendredi 13 n’a pas vraiment porté chance. Aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands carnavals du monde, le Carnaval de Nice et sa 131ème édition ne se seront décidément pas déroulés comme prévu. Les intempéries ont obligé les organisateurs de la fête à annuler la soirée d’inauguration du vendredi et la journée entière de samedi. » Les systèmes électriques auraient pris l’eau, les chars en carton-pâte auraient très mal supporté la pluie. Et puis les artistes de rues portent des costumes très fragiles, d’autres sont sur des échasses donc on ne peut pas prendre le risque qu’ils glissent. Et ce n’est vraiment pas agréable pour les spectateurs de regarder le carnaval sous la pluie. » explique Isabelle Billey-Quéré du service presse de l’Office du Tourisme de Nice, organisateur du carnaval. Se seront donc des milliers d’euros gâchés, « près de 100 000 euros par manifestation annulée » a déclaré Denis Zanon, le directeur de l’Office du Tourisme et des Congrès, à MétroNews. Les 600 000 spectateurs prévus ne pourront donc jamais assister au feu d’artifice promis lors de l’inauguration. En effet les premières journées ne seront pas rattrapées « ce qui est perdu est perdu » informe Isabelle Billey-Quéré.
« Si ce n’est pas pour aujourd’hui, ce sera pour demain »
Malgré le temps toujours maussade les touristes se prennent en photo devant les chars, sans doute pour amortir un minimum leur déception. Mais qu’en pensent les locaux ?
Anna Horel, 74 ans regarde le carnaval chaque année depuis le balcon de son appartement de Masséna. « Le carnaval c’est une tradition à Nice, mais je ne suis pas déçue, ce n’est la faute de personne s’il a plu. Ce sont surtout les touristes, les gens venus exprès pour le premier week-end et qui ont payé qui doivent être mécontents. » Elle clame également que ça ne change rien pour elle ni pour les niçois « si ce n’est pas pour aujourd’hui ce sera pour demain. » Joseph Ferreti, ce grand-père d’origine italienne peut en effet confirmer les propos d’Anna. Accompagné de sa fille et de ses petits enfants, il profite que la pluie ait cessé pour se balader. Joseph vit à Nice depuis 5 ans. Sa petite famille est venue tout spécialement de Montpellier pour le voir et assister aux festivités. « Ma fille avait prévu d’y emmener les enfants mais moi je le vois tous les ans et ça m’est complètement égal. »
Frustration chez les commerçants
Si les niçois ne se sentent pas impliqués, les commerçants eux, ne sont pas rassurés par leur chiffre d’affaire. Julien Chilotti, serveur dans un restaurant du cours Saleya, attendait bien plus de clientèle. « Le carnaval c’est un peu le redépart de la saison. Financièrement parlant nous sommes déçus qu’il ne se déroule pas comme prévu. » Cependant pour ce niçois d’origine, la déception demeure financière et non personnelle. « J’y suis allé une fois quand j’étais petit et c’est suffisant. Avant il était gratuit mais maintenant qu’il est payant plus grand monde n’y va. En plus pour les gens d’ici c’est plus un inconvénient qu’autre chose : la promenade est bloquée, ils ferment les routes, interrompent les tram. » déclare-t-il.
Régis Ballanger, propriétaire de la confiserie Ballanger présente sur la place Masséna de Décembre à Mars est frustré. Il s’agit d’un manque financier énorme pour son commerce. « Le vendredi c’est gratuit, les gens sont donc beaucoup plus nombreux et mon chiffre d’affaire est à son apogée ce jour-là. Les autres jours sont payants donc les gens qui viennent évitent de dépenser trop d’argent à côté. Pour le moment nous n’avons fait que 30% du chiffre que nous sommes censés gagner. » À la question « Avez-vous reçu des retours de la part des niçois concernant la situation ? » il répond : « Les niçois lorsqu’il pleut ils ne sortent pas. Les seules personnes avec qui j’ai discuté de ça sont les touristes, les personnes venues exceptionnellement pour le carnaval. Ces perturbations n’ont vraiment pas l’air de toucher les niçois. »