Des riverains du quartier de la Goutte d’or à Paris ont tenté de marchander ce jeudi leurs vidéos amateur après l’attaque au hachoir devant le commissariat du 18ème arrondisement. Le phénomène n’est pas nouveau.
Quartier de la Goutte d’or à Paris. Le périmètre est bouclé par les forces de l’ordre après l’attaque au hachoir d’un policier au commissariat du 18ème arrondissement. Des hordes de journalistes avec leurs caméras et leurs micros se massent autour du périmètre et interrogent les témoins.
C’est alors qu’on assiste à un véritable phénomène de ventes à la sauvette. De jeunes témoins abordent des journalistes et les emmènent dans une rue à l’écart. Sous leurs vestes, ils leur montrent les vidéos qu’ils ont pu prendre avec leurs smartphones et négocient les prix de vente.
Le phénomène n’est pas nouveau. Le 18 novembre dernier au petit matin, lors de l’assaut de la planque à Saint-Denis, des témoins marchandaient leurs vidéos avec les journalistes. Ceux qui travaillaient pour la télévision étaient particulièrement visés.
Dans ce genre de transactions, les tarifs varient en fonction du contenu de la vidéo. « Si on voit les tirs et un policier, de loin, dans la nuit, c’est 500 euros, sinon, juste le son, c’est 100 euros », explique Pascal Jalabert, rédacteur en chef du bureau d’informations générales des journaux de l’est de la France à Paris. Il s’en est ému sur Twitter, indignation relayée par de nombreux internautes.
#parisattacks la vente de vidéos et maintenant de témoignages nouveau business sur le parvis de Saint Denis. pic.twitter.com/d53cA7407i
— Pascal Jalabert (@Jalabertpascal) 18 Novembre 2015
« Je sais que je peux faire de l’argent (…) j’ai pas de travail »
Le Petit journal, présenté par Yann Barthès, avait diffusé la vidéo d’un de ses journalistes filmant ces tractations. Le journaliste avait ensuite interrogé un de ces vendeurs à la sauvette.
« J’ai fait ton travail, j’ai eu les couilles de le faire, j’ai risqué ma vie », clamait-il, visiblement fier de son attitude. Avant d’avancer des raisons plus économiques : « Y’a de l’actu. Je sais que je peux faire de l’argent. J’ai pas de travail. »
Les journalistes étrangers pointés du doigt
Les journalistes étrangers, notamment anglo-saxons, sont les principaux acheteurs de ces vidéos amateur. « Ce sont les télévisions étrangères qui se rapprochent d’eux, regrette un journaliste d’une télévision sur place. A Saint-Denis, j’ai été approché par un type qui vend une vidéo où on voit bien l’assaut. Il m’a dit ‘dis ton prix’. Je n’ai pas donné suite, mais il est parti négocier avec une télévision étrangère. Tout se monnaye désormais. Et pourquoi pas un accès à un balcon avec vue sur l’appartement de la rue de Corbillon où travaille la police scientifique ? »
Lors des attentats du 13 novembre, des témoins qui travaillaient dans le quartier où ont eu lieu les fusillades en terrasse n’ont pas hésité à monnayer leurs vidéos de corps déchiquetés au milieu des tables et des chaises pour la somme de 1 000 euros, révélait le Journal du Dimanche.
*Photo en Une : telestar.fr