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C’est quoi la guerre du Kivu ?

Lors du JT TF1 de 20h le jeudi 29 août, la chaîne a dévoilé la violence qui gangrène la République démocratique du Congo. Au Kivu, à l’est du pays, une guerre sanglante persécute la population, marquée par la montée des antagonismes politico-ethniques.

Une équipe de TF1 s’est rendue en République démocratique du Congo (RDC). Dans un reportage diffusé lors du JT de 20 heures pour l’édition du 29 août, on y voit la violence inouïe à laquelle doivent faire face les habitants du Kivu. Cette région à l’est de la RDC, vit au rythme des persécutions à l’encontre de la population. Conflit armé en cours depuis 2004, la guerre dans les provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu a déjà été à l’origine du déplacement interne de près de 7 millions de personnes, comme le révélait l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), dans un rapport publié en octobre 2023

Le génocide des Tutsis au Rwanda, premier facteur

Entre avril et juillet 1994, les Hutus du Rwanda lancent des massacres de masse contre les Tutsis. Le génocide commence après l’accusation des Tutsis d’avoir provoqué le crash de l’avion présidentiel le 6 avril 1994. Juvénal Habyarimana, président rwandais, et Cyprien Ntaryamira, président burundais, meurent dans cet attentat.

Les Tutsis deviennent alors une cible à abattre. En 100 jours, 800 000 personnes sont tuées. Le génocide prend fin lorsque le Front patriotique rwandais (FPR), dirigé par Paul Kagame, reprend Kigali. Après le génocide, des centaines de milliers de Tutsis ont fui vers l’est de la RDC, cherchant à échapper à la mort. Les survivants tutsis se sont installés dans les provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu.

Des différents politiques

De l’autre côté de la frontière rwando-congolaise, des militaires forment l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). Ensemble, ils renversent Mobutu Sese Seko en 1997. Laurent-Désiré Kabila, le leader de l’AFDL reprend alors le flambeau.

Kabila bénéficie alors du soutien du nouveau gouvernement rwandais. Cependant, quelques années plus tard, son fils Joseph Kabila, qui lui succède de 2001 à 2019, ne s’entend pas avec Paul Kagame, président du Rwanda. Les anciens alliés deviennent ennemis. Joseph Kabila considère la présence de réfugiés rwandais dans l’est de la RDC comme une menace, accusant le Rwanda de soutenir les conflits dans cette région.

Après un accord de paix signé le 23 mars 2009 à Goma, la communauté internationale espérait une paix durable dans le Nord-Kivu, déjà ravagée par des massacres depuis des décennies. Cependant, l’absence du Rwanda dans le processus de paix a donné à la situation une autre tournure. Les tensions entre les groupes armés du Kivu se sont renforcées. C’est dans ce contexte que le groupe armé M23 s’est formé en 2012 et a pris les armes contre les Forces armées de la RDC. Paul Kagame nie toute implication du Rwanda dans le soutien au M23, malgré un rapport de Human Rights Watch de février 2023, qui accuse le Rwanda de soutenir le groupe.

À la poursuite du coltan

Le Kivu abritent de nombreuses mines d’or et de diamants, dont du coltan. Ce minerai rare et indispensable dans la fabrication de téléphone et d’ordinateurs explique une partie de la guerre sanglante menée au Kivu.

Les sols de la RDC et notamment du Kivu contiennent entre 60% et 80% des réserves de coltan. Les enjeux économiques sont alors conséquents et mènent à des affrontements entre les différents groupes armés de la zone.

De leur côté, les anciens généraux hutus ont formé les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé actif au Nord-Kivu. Leur objectif est de renverser Paul Kagame et de reprendre le pouvoir au Rwanda. Les tensions se ravivent de plus belle. Kigali accuse Kinshasa de soutenir les FDLR, tandis que Félix Tshisekedi, président congolais, reproche à Paul Kagame de soutenir le M23, composé majoritairement de Tutsis.

Félix Tshisekedi, réélu en décembre 2023, refuse de négocier tant que les troupes rwandaises restent en RDC et la situation demeure urgente.

Les civils en ligne de mire

Dans cette guerre oubliée, les premiers visés sont les civils. Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), 200.000 femmes ont été violées dans la région entre 1998 et 2013 (c’est le dernier chiffre officiel rendu public). Compter les morts devient mission impossible, et l’horreur ne s’arrête pas là…

Dans la région, il n’est pas rare de croiser des habitants, une machette à la main. Utilisée de base pour se frayer un chemin dans les forêts denses du Kivu, elle est devenue un symbole de barbarie. Ce sont 150 groupes armés qui rivalisent dans cette région. Lorsqu’ils attaquent un village, ils pillent, incendient et n’hésitent pas à kidnapper des enfants pour en faire des futurs soldats. Au micro de la journaliste Liseron Boudoul, les enfants rescapés au centre de transit de l’Unicef à Bunia, dans la province d’Ituri se confient sur l’enfer qu’ils ont subit. Former pour tuer, « les enfants obéissent aux ordres », témoigne Karim Sankara, chef de la protection de l’enfance à l’Unicef. Tous sont mineurs. Impuissants face à la situation, l’armée congolaise s’allie avec des miliciens qui utilise des enfants-soldats.

L’enfer continue au Kivu, là ou la guerre semble sans fin et la paix inexistante.

À lire aussi : Afghanistan : quand les talibans célèbrent leur trois ans de règne

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