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C’est quoi un home-jacking ?

Le home-jacking, une technique de cambriolage fait rage ces derniers temps. Elle ne touche pas seulement les célébrités et est en hausse de 8% en 2023.

Si on a l’habitude des cambriolages classiques où le lieu cambriolé est vide, les home-jacking semble être à la mode du moment. En effet, ce type de cambriolage a connu une hausse de 8% en 2023. De joueur du PSG, chanteurs, présentateurs à chef d’entreprise ou artisans, personne n’y échappe. Dans la nuit de dimanche à lundi, c’est l’influenceur Just Riadh qui en a fait les frais.

Un scénario bien rodé

Les autorités ont recensé 515 home-jackings et tentatives de home-jacking en 2023, contre 475 en 2022, soit une hausse d’un peu plus de 8%, selon les chiffres fournis par l’OCLCO (Office central de lutte contre le crime organisé). Cette pratique de cambriolage consiste à s’introduire dans un domicile en présence des habitants. Le terme anglais de « home-jacking » (qui signifie littéralement « piraterie de domicile »), formé sur le modèle du « car-jacking » (pour les voitures), n’a pas d’existence juridique : il recouvre l’ensemble des vols commis dans un logement en présence des occupants.

Toutefois, une baisse a été auparavant observée pendant plusieurs années consécutives. Ainsi, en 2019, on recensait 585 faits de ce type. Il y a un « effet loupe », souligne Loubna Atta, porte-parole de la préfecture de police, car « plusieurs célébrités ont été touchées, ce qui a conduit à une forte médiatisation du phénomène ». 

Mis alors sur le devant de la scène, les cambrioleurs répètent souvent le même scénarios pour commettre un home-jacking : des hommes masqués pénètrent au domicile de leur cible, la plupart du temps sans effraction« Ils se font passer pour un livreur, un voisin, un ouvrier… », décrit Loubna Atta.

Ils s’attaquent parfois à des habitations dans plusieurs quartiers. À force de repérages, les auteurs connaissent bien la zone et peuvent donc être très actifs. Ils utilisent de plus en plus régulièrement les réseaux sociaux pour repérer leurs victimes. « C’est tout bête, mais un selfie en bas de chez soi suffit déjà à donner son adresse », affirme David Sudan, avocat spécialiste de ce type de dossiers. Les photos diffusée sur les réseaux des pièces du domicile sont aussi analysées par les cambrioleurs. Grâce à ces clichés partagés innocemment, les victimes leur fournissent des indications précieuses.

Pourquoi utiliser cette méthode ?

Mary Krief, avocate, observe aussi depuis quelques années un changement du mode opératoire des ravisseurs. Mais pourquoi les cambrioleurs visent-ils des domiciles avec une présence humaine à l’intérieur ? Selon l’avocate, c’est une question de facilité d’accès. « Ils se disent qu’ils auront plus facilement accès au coffre, et terrorisent leurs victimes, pour qu’elles donnent les codes. » , explique-t-elle.

Cela peut être paradoxal, mais il y a aussi une volonté d’être reconnu dans le monde du banditisme. Certains nouveaux cambrioleurs délaissent la drogue pour le vol. Salomé Cohen, avocate au barreau de Paris, qui défend plusieurs prévenus impliqués dans ce type d’affaires, remarque elle aussi qu’ils sont plusieurs à délaisser le trafic de drogue, un « business dans lequel il faut avoir une certaine forme d’expérimentation » pour tirer son épingle du jeu. Sans compter que le danger dans ce milieu s’est accentué : le nombre d’homicides ou de tentatives d’homicide a grimpé de 57% entre 2022 et 2023« Beaucoup ont le sentiment que le home-jacking est un peu à la portée de tout le monde, d’autant qu’il n’y a même pas besoin d’armes pour se lancer », analyse l’avocate.

Une méthode qui peut mener à la violence

Ce processus amène les cambrioleurs à rencontrer les victimes. Dans certains cas, cela peut mener à une violence extrême. Si certains cambrioleurs sont expérimentés, beaucoup ne le sont pas. Ce manque d’expérience et donc d’anticipation peut laisser place à des débordements violents.

Dans l’affaire Bruno Guillon, un animateur de Fun Radio, le home-jacking a été violent. Lui et sa famille ont été victimes d’un home-jacking dans la nuit du 26 au 27 septembre 2023, à leur domicile de Tessancourt-sur-Aubette (Yvelines). « Sur les trois auteurs, deux portaient leurs propres chaussettes en guise de gants », relève un policier qui a travaillé sur ce dossier à Franceinfo. Selon lui, « il y avait vraiment un faible niveau d’anticipation, ils ont dû avoir les indications une heure avant ».

L’animateur a été menacé par une arme de poing. Sa femme a été ligotée et bâillonnée, sous la menace d’un marteau. Les cambrioleurs se sont également rendus dans la chambre de leur fils de 14 ans. Ils l’ont attaché avec un serflex et un collier de serrage.

Le policier cite une autre affaire, concernant deux octogénaires séquestrés début décembre à Viroflay (Yvelines). Ils s’en sont sortis « vivants mais très amochés ». Le manque d’expérience des cambrioleurs laisse souvent place à la panique, ce qui incite à la violence. « Ils se sont débattus, ce qui leur a valu de se faire frapper au visage.« , explique le policier. Leurs cris ont permis de mettre en fuite les auteurs, qui ont rapidement été arrêtés et sont actuellement en détention provisoire. 

Les forces de l’ordre sont très mobilisées sur ce genre d’affaires. Un nombre important d’équipe de cambrioleurs ont été arrêtés ces derniers mois. Les prochains mois devront déterminer s’il ne s’agit que d’une « mode » ou d’un phénomène bien endigué.

À lire aussi : Cambriolage : c’est quoi la “méthode du parapluie” ?

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