Cela fait 80 ans qu’a eu lieu un des épisodes les plus marquants de la seconde guerre mondiale, zoom sur l’évacuation du ghetto de Varsovie
Une histoire macabre
En septembre 1939, l’Allemagne envahit la Pologne. Le début de l’occupation allemande se fait ressentir assez vite à Varsovie. En novembre 1940, un mur de trois mètres de haut va être érigé, et s’étendre sur 300 hectares, pour former ce qu’on appelle le ghetto de Varsovie, où vivent un demi-million de juifs. On amène même des juifs d’autres environs, environ 100 000 de plus dans le fameux, ghetto qui ne tarde pas à être totalement bondé. Un ingénieur, Adam Czerniakow, a été désigné par la mairie de Varsovie pour présider le « Judenraat« , un conseil juif censé faire l’intermédiaire entre le ghetto et les autorités nazies.
Les habitants du ghetto ne peuvent en sortir et sont assignés au travaux forcés, seul moyen de pouvoir se nourrir. Le 22 juillet 1942, les allemands demandent des listes d’enfants à Adam Czerniakow, afin de les envoyer à l’est dans des « camps de travail ». Devant cette injonction impossible à tenir, l’homme préfère se donner la mort en laissant une lettre émouvante, sans plus d’information sur la nature de ces injonctions. A partir de ce moment, chaque jour que Dieu fait, 5 000 à 6 000 personnes sont emmenées à la Umschlagplatz, puis transférés vers Treblinka. A partir de ce moment, ils se sont fait tous fait exterminés.
Un soulèvement héroïque
Le 12 septembre 1942, alors que la première déportation s’achève, il ne reste que 60 000 survivants dans le ghetto. Les SS et les unités de police emmenèrent 265 000 juifs, une autre dizaine de milliers dans les camps de travaux forcés, tandis que dix milles autres juifs se sont fait directement tués dans le ghetto. Entre le 22 juillet et le 12 septembre 1942, c’est à dire en moins de deux mois, 300 000 juifs se sont fait assassinés. C’est une des premières grande boucherie de l’infâme Reich.
Cependant le 28 juillet 1942, l’Organisation juive de combat (Zydowska Organizacja Bojowa, ZOB), environ 500 combattants, ainsi que l’Union combattante juive (Zydowski Zwiazek Wojskowy, ZZW) environ 250 personnes, naissent. Elles ont pour but de faire résistance à cette déportation vers les camps de la mort. Le 18 janvier 1943, la seconde Aktion (déportation en allemand) des forces allemandes est menée. Alors que l’ennemi pénètre le ghetto pour accomplir une nouvelle rafle, les SS sont accueillis à coup de fusils et finissent par se faire repousser. Le jeune Mordechai Anilewicz, (jeune militant polonais sioniste et socialiste âgé de 23 ans) est le responsable du ZOB, il parvient à faire totalement cesser la déportation entre avril et janvier. C’est une grande victoire symbolique.
Mourir les armes en main
Cette coalition juive persiste s’organise en creusant des bunkers et en achetant quelques armes à la résistance polonaise, de l’autre côté du mur. En buvant de l’eau et mangeant du sucre trouvé dans les maisons des déportés, ces insurgés trouvent la force de faire face à l’armée allemande malgré leur faiblesse. Le 19 avril 1943, jour de la Pâque juive, les allemands surgissent dans le ghetto mais sont immédiatement pris de surprise par les forces juives. Ils sont alors repoussés mais reviennent de plus belle, cette fois-ci avec plus de 2 000 policiers et de SS, équipés de chars, d’artillerie et de lance-flammes. C’est une hécatombe.
Le 8 mai, Mordechaï Anielewicz se suicide. La fin du soulèvement de Varsovie semble prendre fin lorsqu’est détruite la grande synagogue de la rue Tlomacki, le 16 mai 1943. La destruction de la grande synagogue marque une fin symbolique, désirée par les nazis. Cependant certains parviennent à s’enfuir par les égouts, c’est le cas de Marek Edelman, un des dirigeants de l’opposition juive. Enfin cette insurrection du ghetto de Varsovie demeure importante et symbolique, car elle représente le plus important soulèvement juif du plus grand ghetto d’Europe. Ce soulèvement en a influencé d’autres en zone occupée. Le devoir de comémortion est essentiel. Car comme le rapporte l’historienne Audrey Kichelewski à France 24, « Pour le jeune État juif, c’était très important de célébrer l’héroïsme des juifs et d’aller contre l’idée de juifs faibles, passifs, qui se seraient laissés conduire à l’abattoir ». En fin de compte seuls 40 survivants auraient parvenu à s’échapper du ghetto de Varsovie, par les égouts.