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C’était en 1968 … l’assassinat de Martin Luther King

D’abord porte-parole des Noirs de Montgomery, ce pasteur a consacré sa vie pour les droits civiques de la communauté noire. Ses campagnes pacifiques lui vaudront le prix Nobel de la paix en 1964. Si Martin Luther King portait l’étoffe d’un héros pour certains, il était devenu un ennemi pour d’autres. Le 4 avril 1968, le pasteur noir est assassiné par balle à Memphis dans le Tennessee.

Martin Luther King, une figure emblématique

Né en 1929 à Atlanta dans le sud ségrégationniste, Martin Luther King junior connaît le racisme très jeune. Issu d’une famille de pasteurs, c’est un élève brillant. Il obtient un doctorat en philosophie en 1955 de l’Université de Boston. King reste dans le schéma familial en devenant pasteur en 1954. Il exerce ses fonctions à Montgomery dans l’Alabama où il deviendra rapidement le porte-parole de la communauté noire.

En 1955, il prend la tête du mouvement en soutien à Rosa Parks, arrêtée par la police pour avoir refusé de céder sa place à un passager blanc dans un bus. Un appel au boycott de la compagnie de bus de la ville est alors lancé et Martin Luther King va en prison pour quelques mois. Il obtiendra finalement gain de cause un an après lorsque la Cour Suprême donne tort à la compagnie. Très médiatisé, cette victoire amène Martin Luther King à fonder en 1957 la SCLC (Southern Christian Leadership Conference), la Conférence du leadership chrétien du Sud dont il devient le président. Sa lutte pour les droits civiques des Noirs s’étend maintenant à l’ensemble des Etats-Unis. Admirateur de Gandhi, il entreprend un voyage en Inde pour approfondir sa connaissance du Satyagraha, un principe de non-violence dans le cadre de la désobéissance civile instauré par Gandhi.

Une vie, un combat

Dans les années 60, Martin Luther King marque les esprits et ses actions non-violentes pour les droits civiques de la communauté noire lui valent le soutien du président de l’époque, John Fitzgerald Kennedy. Le 28 août 1963, il organise la Marche pour les droits civiques regroupant 250 000 personnes. King marque l’histoire avec son discours « I have dream » prononcé au mémorial de Lincoln. Dans ce discours, il exprime son souhait de voir son peuple et son pays libérés de toutes ségrégations.

Je vous le dis ici et maintenant, mes amis, bien que, oui, bien que nous ayons à faire face à des difficultés aujourd’hui et demain, je fais toujours ce rêve : c’est un rêve profondément ancré dans l’idéal américain. Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : « Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux. » … Avant de conclure avec ces mots du negro spiritual « Free at Last » : « Enfin libres ! Enfin libres ! Dieu Tout-Puissant merci, nous sommes enfin libres ! »

Extrait du discours prononcé par Martin Luther King le 28 août 1963

Il obtient en 1964 le Prix Nobel de la paix pour ses combats non-violents en faveur des droits civiques.

L’arrivée du nationalisme noir américain

King est la cible de nombreuses menaces de morts qu’il recevait tous les jours. « En 1968, le FBI a connaissance de plus d’une cinquantaine de complots racistes contre King, dont un plus sérieux que les autres impliquant une récompense de 100 000 dollars, promise par deux défenseurs de la suprématie blanche du Missouri, à quiconque l’assassinerait« , explique Sylvie Laurent, historienne spécialiste des Etats-Unis. Dix ans plus tôt, il avait échappé à la mort, alors qu’une femme noire a tenté de le poignarder lors d’une séance de dédicace pour son premier livre Stride Toward Freedom, un récit qui relate le boycott des bus de Montgomery.

King continue malgré tout de lancer des actions non-violentes. Mais à partir de 1965 des mouvements noirs-extrémistes comme les Black Muslim de Malcom X les Black Power de Carmichael émergent. La nouvelle génération noire ne se reconnaît plus dans les discours du pasteur et laisse s’installer un nationalisme revendiquant la violence et le radicalisme. Dès lors, la brutalité et le sang s’invitent dans les manifestations.

Un destin tragique

Le 4 avril 1968 dans la ville de Memphis une manifestation se tient. Elle vire au fiasco avec des actes de pillage et du vandalisme. C’est à ce moment que Martin Luther King Junior, présent sur le balcon d’un motel, reçoit une balle et décède. La nouvelle se répand et le pays est à feu et à sang. Des émeutes éclatent à Washington, Memphis, Chicago, Baltimore, Boston. Les Etats-Unis plongent en état d’urgence durant dix jours. Le bilan est conséquent : 300 blessés et 20 000 arrestations. A Atlanta, l’heure est au recueillement. Le 9 avril 1968, le cercueil de Martin Luther King traverse les rues de sa ville natale aux côtés de 300 000 personnes.

Le meurtrier du pasteur est identifié : James Earl Ray, un suprémaciste blanc qui détient l’arme du crime. Il avait loué une chambre en face du Lorraine Motel où était King. Il est arrêté à Londres le 8 juin 1968 passe finalement aux aveux avant d’être condamné à 99 ans de réclusion. Le combat de Martin Luther King a permit à la communauté noire de faire entendre sa voix. Ses engagements contre le racisme et pour l’égalité sont maintenant portés par les nouvelles générations, notamment par le mouvement Black Lives Matter.

À lire aussi : C’était en août 1963 : “I have a Dream” de Martin Luther King

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