Jean-Loup Chrétien, alors âgé de 42 ans, pilote d’essaie, fut le premier de nos astronautes à être choisi par le Cnes pour se rendre dans le cosmos. Retour sur ce jour de 1982.
Thomas Pesquet est le dixième Français à s’envoler dans l’espace, le tout premier s’appelait Jean-Loup Chrétien et voici le jour où le premier français s’est envolé dans les étoiles.
Après avoir suivi un entrainement intensif de deux ans à la cité des étoiles de Moscou, ce premier « touriste occidental non-américain », comme il est appelé, s’apprête à vivre un voyage de 189 heures. Par la suite, Jean-Loup Chrétien effectuera deux autres missions spatiales, en 1988 et en 1997, tour à tour avec les Soviétiques puis les Américains. Il totalise 43 jours dans l’espace.
« Un chrétien dans l’espace »
Une fusée soviétique va, pour la première fois, propulser dans les étoiles un touriste français. Le 24 juin, une fusée soviétique va, grande première, propulser dans l’espace un touriste occidental non américain : le Français Jean-Loup Chrétien, qui ira s’installer pour une huitaine de jours dans la station orbitale Saliout 7, en compagnie de quatre Soviétiques. Mais de nombreux chercheurs ont, pour des raisons politiques, réclamé l’annulation du vol.
Une expérience académique
Malgré le contexte économique et en pleine guerre froide, Jean-Loup Chrétien, technicien désigné par l’armée française pour embarquer à bord d’une fusée communiste, reste serein et affiche sur les photos son sourire de Gagarine hollywoodien. Au gouvernement, cette balade dans les étoiles du socialisme réel suscite un enthousiasme mitigé. Si mitigé qu’après mûres hésitations aucun ministre, aucun officiel de haut niveau n’assistera, le 24 juin à Baïkonour, au départ de la fusée. Mal à l’aise de le devoir aux Russes, la France ne fêtera que du bout des lèvres son premier spationaute. Pas question de célébrer la glorieuse coopération franco-soviétique : « on fera semblant de croire qu’il s’agit d’une affaire purement académique, comme un congrès d’universitaires », et l’événement devra se justifier par ses seules vertus scientifiques, qui peuvent paraître bien minces. Même si les données collectées par notre premier homme de l’espace, dans le cadre d’une demi-douzaine d’expériences mises au point par des laboratoires français, doivent fournir des mois ou des années de travail à des chercheurs restés à terre.
L’objectif
L’expérience baptisée « Posture« , étudiera l’influence de l’apesanteur sur le contrôle de l’équilibre. Jean-Loup Chrétien devra, à plusieurs reprises, se couvrir de détecteurs électriques et de palpeurs musculaires qui enregistreront les plus minimes tressaillements de jambes engendrés dans l’apesanteur par l’élévation du bras droit lesté d’une charge d’un kilo. Il semble que jusqu’ici on ignorait tout de ces réactions physiologiques neurosensorielles.
Trous noirs, étoiles à neutrons, noyaux de galaxies, cadavres de supernovae, plasmas à hautes températures, etc. : l’expérience Sirène recueillera ainsi des informations sur les propriétés de la matière dans les conditions extrêmes d’énergie et de distance.
Jean-Loup Chrétien jouera les alchimistes sidéraux en mariant des métaux fondus normalement non miscibles. Il tentera ainsi de créer l’alliage contre nature, impossible sur Terre pour cause de gravité, de l’aluminium avec l’indium. Et il mesurera la vitesse à laquelle les atomes d’un morceau de cuivre se coulent dans le plomb fondu en l’absence de pesanteur. Chacun sait en effet, que l’apesanteur, comme on disait à l’époque, bouleverse les propriétés des fluides. D’où l’idée de figer, par la solidification d’un métal, ces comportements liquides aberrants pour ramener sur Terre des solides invraisemblables qui pourront éventuellement servir à quelque chose.