Suite à de nombreux désaccords avec Emmanuel Macron concernant le budget de l’armée, le chef d’état-major, Philippe de Villiers, a présenté sa démission.
A peine prolongé, si tôt démissionnaire. Le chef d’état-major des armées, Philippe de Villiers, a présenté sa démission à Emmanuel Macron ce mercredi 19 juin, alors qu’il venait d’être prolongé, le 30 juin dernier, jusqu’en juillet 2018.
Il occupait ce poste de chef d’état-major des armées depuis trois ans et demi. L’homme avait une grande carrière militaire derrière lui. Saint-Cyrien, il a combattu au Kosovo en 1999, et en Afghanistan en 2006-2007. Il devient ensuite chef du cabinet militaire de François Fillon, puis est nommé chef d’état-major des armées en 2014.
Les relations entre le président et le général s’étaient toutefois particulièrement envenimées ces dernières semaines à propos du budget consacré aux armées. En effet, dans le cadre des économies souhaitées par le gouvernement – 4,5 milliards d’euros -, le budget de la Défense se voit contraint de respecter une réduction des dépenses de 850 millions d’euros.
Le 12 juillet dernier, le chef d’état-major des armées protestait devant le président de la République lors d’un conseil de Défense. Il avait ensuite, lors d’une audition parlementaire à huis clos, critiqué les propositions budgétaires de Bercy. « Je ne me laisserai pas baiser comme ça », lâche-t-il alors, en colère.
« Je suis votre chef »
En réponse, Emmanuel Macron l’avait recadré devant les militaires de l’Hôtel de Brienne, en déclarant « Je suis votre chef ». « Je considère qu’il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique », a-t-il ajouté, en allusion aux propos du chef d’état-major.
A l’occasion du défilé du 14 juillet, les deux hommes s’affichent ensemble sur le même char. Mais, le soir-même, Philippe de Villiers publiait un nouveau message en guise de réponse. « Parce que la confiance expose, il faut de la lucidité. Méfiez-vous de la confiance aveugle, qu’on vous l’accorde ou que vous l’accordiez. Elle est marquée du sceau de la facilité ».
Quelques jours plus tard, et toujours de manière interposée, le président ouvre la porte à une démission dans la dernière édition du JDD. « La République ne marche pas comme cela. Si quelque chose oppose le chef d’état-major des armées au président de la République, le chef d’état-major des armées change ».
Une première dans l’histoire de la Ve République
« J’ai estimé qu’il était de mon devoir de leur faire part de mes réserves, à plusieurs reprises, à huis clos, en toute transparence et vérité », écrit-il dans un communiqué publié ce matin. « Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays. Par conséquent, j’ai pris mes responsabilités en présentant, ce jour, ma démission au président de la République, qui l’a acceptée », a-t-il ajouté. Il s’agit d’une première dans la Ve République. Le nouveau chef d’état-major sera nommé mercredi en conseil des ministres.