Depuis le mardi 20 mai et pour deux jours, le président Russe, Vladimir Poutine, est en visite en Chine. L’occasion pour lui et son homologue chinois, Xi Jinping, de réaffirmer leurs positions et accords communs.
La Russie et la Chine face à l’Occident ?
A l’heure où la Russie reçoit de nombreuses critiques de la plupart des pays occidentaux, la rencontre avec la Chine est pour Poutine un moyen de signifier à l’Occident, que la Russie compte un allié de poids.
En effet, les deux pays sont membres du Conseil de Sécurité de l’ONU et vote souvent à l’unisson. Ce fut le cas concernant la Syrie ou encore les dossiers sur le nucléaire iranien. Cependant il est bon de se rappeler que le 27 mars dernier, lors du vote de résolution contre le référendum de Crimée Pékin s’est abstenu. Il est effectivement question d’ingérence de la part de la Russie au sein d’une province d’un autre État, l’Ukraine. Il ne faut effectivement pas oublier que la Chine compte de nombreuses provinces qui réclameraient leur indépendance. Il peut être cité à titre d’exemple le Tibet ou encore de manière plus problématique pour la Chine le territoire de l’Aksai Chin devenu chinois après la guerre sino-indienne de 1962. Pékin ne pouvait donc soutenir sans limite l’action de la Russie.
Un accord gazier considérable
Toujours est-il qu’aujourd’hui, les deux pays viennent de signer un accord gazier des plus importants. La Russie s’engage à livrer annuellement, d’ici 2018, environ 38 milliards de mètres cubes de gaz naturel à la Chine. L’accord est prévu pour 30 ans et devrait rapporter quelques 400 milliards de dollars à la Russie.
De manière plus géostratégique cet accord signifie que la Russie arrive sans grand problème à palier les sanctions économiques européennes. Dimitri Medvedev, Premier Ministre Russe, a même déclaré lors d’un entretien pour Bloomberg : « Si on envisage le pire, de manière purement théorique, le gaz qui ne serait pas livré en Europe peut être envoyé […] en Chine », rappelant ainsi clairement la menace que veut faire peser la Russie sur l’Europe : couper l’alimentation en gaz des pays européens dont les gazoducs sont en Ukraine. A l’heure de la sortie du nucléaire pour certains États européens, cette menace a de quoi en faire pâlir certains.
Une coopération forte…
Cela fait plus de trois ans que la Chine est devenue le premier partenaire économique de la Russie. Et, plus que simplement énergétiquement, la Russie est le premier fournisseur d’armes à la Chine. De surcroit ces deux pays sont membres du Groupe de Shanghai, qui n’est autre qu’une organisation informelle dont le but est de contenir, voire repousser, l’influence des États-Unis en Asie Centrale.
Ce voyage est aussi pour Pékin et Moscou le moment de réaffirmer la stabilité de leur frontière tant de manière purement géographique, que de manière plus symbolique. En effet, la Chine désire garder de manière exclusive la mer de Chine méridionale comme zone d’influence, appelant la Russie à se recentrer sur ses frontières de l’Ouest et un partage d’influence en Asie Centrale.
Mais pas sans limites
Ces deux puissances nucléaires ne tendent toutefois pas vers une idylle ; ils désirent simplement ne pas revenir aux situations des années 50-60, moment où eut lieu la grande rupture sino-soviétique. De fait, chacun conserve des alliances multiples. Ainsi si la Russie fournit également massivement l’Inde et le Vietnam en armes (qui sont deux pays en confrontation ouverte avec la Chine), Pékin va chercher ses ressources énergétiques au Turkménistan ou encore au Kazakhstan, sous les yeux des Russes.
Reste que, la Chine et la Russie s’accordent sur le fait que leur intérêt bien compris est de montrer à l’Occident que leur entente cordiale en ferait des adversaires de poids.
Cédric FUENTES