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[Chronique] Lino / Requiem

Lino est sans aucunLino-Requiem-Pochette-300x300 doute une des plumes les plus importantes et talentueuses du Rap Français. Après deux albums avec Ärsenik qui auront marqué les années 90 et 2000 et un album solo (enfin officieusement deux, mais on sait pas trop. C’est une longue histoire), Bors revient avec un nouvel album Requiem sorti le 12 Janvier.  Inutile de dire que cet album était très (trop?) attendu par les auditeurs de rap français, les extraits n’annonçaient que de belles choses. Puis viens l’écoute, et fatalement une assez amère déception. L’album est bon, largement au-dessus de la moyenne de ce qui se fait en rap hexagonal en ce moment, certes, mais comment ne pas penser qu’un album seulement « bon » ne rend pas justice au talent de Lino.

Pourtant tout partait bien. Choc Funèbre est la parfaite introduction de ce que devrait être l’album. Une instru crépusculaire et minimaliste et un Lino qui rappe pendant 52 mesures avec sa plume reconnaissable entre mille et son lot de phrase choc. Puis 12eme Lettre  premier extrait qui a servi d’album et Le Flingue A Renaud . Même recette: une écriture surpuissante et une production minimaliste. Puis VLB qui se démarque par ses sonorités Trap. Passé l’étonnement, le morceau est plaisant à l’écoute. Pour l’instant extrêmement enthousiasmant, la suite de l’album l’est beaucoup moins.

La plage suivante Faute De Français vient totalement bousculer la cohérence des morceaux précédents. Refrain R’n’b plein de guimauve, instru pour tube Skyrock, il faut avoue que le morceau est extrêmement difficile à l’écoute pour un auditeur de Bors. On zappe rapidement. Viens Wolfgang, l’un des sommets de l’album. L’ambiance du morceau est folle, la plume du rappeur est à son apogée. On commence a etre rassurée et oublier le médiocre morceau précédent. Mais on déchante rapidement. 7 Milliards Sous Le Ciel avec la chanteuse Zaho et Youssoupha est absolument infâme. Si Faute De Français se rapprochait dangereusement du morceau formaté radio, celui-ci en est carrément le stéréotype. Là encore la performance de Lino n’est pas forcément mauvaise, mais cette fois-ci cette chanson est clairement inaudible. Le couplet de Youssoupha est, comme à son habitude, d’une médiocrité assez déconcertante (il faudra un jour qu’on explique l’intérêt de l’inviter vu la différence de niveau abyssal entre les deux emcees), l’instru et le refrain semble venir de chute de studio de l’album de la Team BS. Le morceau suivant Narco change complètement d’ambiance. Les performances de Niro et Sofiane sont objectivement assez moyennes, mais l’ambiance qu’ils donnent au morceau est indéniable. D’ailleurs le sample de La Bicrave est dans ma tête est juste sublime (oui, oui).  L’écoute continue et on se retrouve avec de plus en plus face à ces morceaux pour lycéenne. Peuple qui danse est toujours dans ce registre mais c’est surement le moins mauvais et est largement écoutable.

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L’album devient carrément bizarre après la première interlude. Ramzy donne des « conseils » à Lino sur comment il pourrait plaire à cette nouvelle génération. Il y a clairement un malaise, on s’en demande si c’était ironique. Le morceau suivant enfonce l’album dans ce paradoxe. Rien que le titre Suicide Commercial donne un indice. Déjà ce morceau est juste fou. Mais pourquoi diable appeler ce titre comme ça alors qu’un tiers de l’album est quasiment une opération marketing? L’album se conclut sur Requiem. 8 minutes de rap sans refrain, une conclusion magistrale.

Mais alors mis à part 5 ou 6 morceaux médiocres, pourquoi ce disque est si décevant? Après écoute on se rend compte qu’il n’y a pas que ça. Déjà musicalement, même si les prods arrivent bien a créer plus ou moins cette atmosphère sombre, c’est vue et revue. Aucune prise de risque, les instrumentaux se ressemblent tous désespérément: piano-violon, piano seul, sample de musique classique, orgue fait au synthé, l’album aurait mérité une meilleur finition. Ensuite, et ça peut sembler injuste de dire ça, mais l’écriture de Lino devient prévisible. La plume de Lino est fantastique, c’est un fait, mais tout est trop carré, d’une certaine fadeur. Le schéma est toujours le même: phase-phase-phase-punchline. Il le fait toujours avec perfection, mais qu’est-ce que ça manque d’émotion quand même. Quel dommage quand une oeuvre ne rend pas pleinement hommage au talent de son auteur. Peut-être que le prochain album d’Ärsenik corrigera le tir? En tout cas Monsieur Bors a du haut ses 40 printemps largement de quoi faire cet utopique album parfait. Ce n’est malheureusement pas celui-là.

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