Parmi les sorties de la semaine, focus sur trois films qui méritent le déplacement: Logan, T2 Trainspotting et A ceux qui nous ont offensés.
Mais c’est quoi déjà… Logan ? Dans un futur proche, un certain Logan, épuisé de fatigue, s’occupe d’un Professeur X souffrant, dans un lieu gardé secret à la frontière Mexicaine. Mais les tentatives de Logan pour se retrancher du monde et rompre avec son passé vont s’épuiser lorsqu’une jeune mutante traquée par de sombres individus va se retrouver soudainement face à lui.
Après deux volets ratés et qui passaient totalement à côté de la violence et de la souffrance intrinsèque du personnage et de son caractère iconique, Logan vient clore la trilogie Wolverine et voit Hugh Jackman faire ses adieux au personnage qui a fait de lui une superstar. Si on attendait ce troisième opus quelque peu résigné, force est de constater que la surprise est totale. Logan est un excellent film qui emprunte à la mythologie du western tout en sacrifiant à l’anticipation et à la science fiction. Mais là où les deux précédents films rataient le coche, James Mangold lâche les chevaux et ose tout, de la violence la plus inouïe au désespoir le plus cru, conférant à son film une réelle âpreté. Ne cédant jamais à la facilité d’un fan service ou d’un humour léger, Logan est un grand film qui touche à l’humain sans oublier d’étayer son propos de résonances politico-sociétales. Si tout n’est pas parfait (le bad guy manque de caractérisation et d’enjeux et la dernière partie du film semble s’éloigner de son centre névralgique) Logan a suffisamment d’atouts inattendus pour offrir une parfaite porte de sortie à Hugh Jackman et Patrick Stewart.
Logan est la digne conclusion à la trilogie, violente et crépusculaire, qui permet à Hugh Jackman de poser sa griffe définitive sur Wolverine.
Mais c’est quoi déjà… T2 Trainspotting ? D’abord, une bonne occasion s’est présentée. Puis vint la trahison. Vingt ans plus tard, certaines choses ont changé, d’autres non. Mark Renton revient au seul endroit qu’il ait jamais considéré comme son foyer. Spud, Sick Boy et Begbie l’attendent. Mais d’autres vieilles connaissances le guettent elles aussi : la tristesse, le deuil, la joie, la vengeance, la haine, l’amitié, le désir, la peur, les regrets, l’héroïne, l’autodestruction, le danger et la mort. Toutes sont là pour l’accueillir, prêtes à entrer dans la danse…
Il fallait oser. 20 ans après que Trainspotting ait marqué les esprits et les vies de toute une génération, Danny Boyle, qui n’a plus rien à prouver et qui peut tout se permettre, délaisse les grands de ce monde (Steve Jobs) pour retrouver ses losers magnifiques dans T2 – Trainspotting que tous les amoureux du premier film ont sûrement fantasmé un jour. Si l’on pouvait craindre que cette réunion de famille ne verse dans la resucée inutile expurgée de toute la férocité, l’inventivité et la gnaque du premier opus, il n’en est fort heureusement rien. Formellement déjà le film démontre que Danny Boyle en a encore non seulement sous le pied mais qu’il est encore largement capable de transcender ses récits par une mise en scène et une esthétique qui forcent l’admiration. T2 – Trainspotting est tour à tour drôle et bouleversant et permet à Danny Boyle d’embrasser une infinité de thématiques. Nostalgique mais pas passéiste, Boyle et ses merveilleux comédiens (Ewan McGregor, Ewen Bremner, Jonny Lee Miller, Robert Carlyle…) s’offrent un nouveau tour de piste tantôt réjouissant, tantôt teinté d’amertume et interroge sur les conséquences des choix que l’on fait.
Mais c’est quoi déjà… A ceux qui nous ont offensés ? Les Cutler vivent comme des hors-la-loi depuis toujours dans une des plus riches campagnes anglaises, braconnant, cambriolant les résidences secondaires et narguant la police. Luttant pour faire perdurer leur mode de vie, Chad est tiraillé entre les principes archaïques de son père et la volonté de faire le nécessaire pour ses enfants. Mais la police, les traquant sans relâche, l’obligera peut-être à choisir entre sa culture et le bonheur des siens…
Habitué des hautes cimes promises aux blockbusters, Michael Fassbender revient dans ce très joli film où il campe un père de famille quelque peu marginal vivant en communauté avec sa femme et ses deux enfants. Dans la caravane adjacente, son père, avec qui il entretient une relation tendue faite de pression et de chantage émotionnel. Face à Michael Fassbender, Brendan Gleeson joue ce père féroce et totalement en marge qui ne croit pas aux vertus d’une éducation traditionnelle et qui se charge d’imposer ses vues et ses desiderata à tout son entourage. Le personnage de Michael Fassbender qui cherche à échapper au joug paternel, à s’émanciper et à se créer une nouvelle vie avec femme et enfants, offre au comédien l’occasion de briller et de remettre en avant un talent jamais pris en défaut mais parfois atténué par le gigantisme des productions auxquels il est associé (Assassin’s Creed). Son face-à-face avec Brendan Gleeson électrise ce film moins terre à terre qu’il n’y parait de prime abord et auquel Adam Smith appose une patte d’auteur parfois un peu gauche et qui demandera confirmation.
A ceux qui nous ont offensés est un très joli film qui permet à Michael Fassbender de renouer avec un cinéma moins grandiloquent où il peut laisser exploser tout son talent et son animalité.