Noir et blanc, format 4/3, le tout en polonais : il y avait de quoi redouter la projection de Cold War, le nouveau film de Pawel Pawlikowski. Et pourtant, il s’agit bel et bien du meilleur film – pour le moment – concourant pour la Palme d’Or. [Compétition]
Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible.
Décidément, les formules « classiques » trouvent preneurs, cette année, à Cannes. Exit les road trips de lépreux égyptiens ou les confidences sur l’oreiller entre membres de ladite communauté « gay ». Une romance impossible sur fond de conflit mondial, et roulez jeunesse !
Cold War est une œuvre délicate, classieuse, sobre et épurée. L’enjeu, ici, n’est ni idéologique ni formel. Le Polonais, Pawel Pawlikowski (connu pour son Ida, sorti en 2014) s’attache simplement à retracer une relation passionnelle et dysfonctionnelle.
Pour tout dire, il est assez complexe d’expliciter très concrètement les qualités de ce film. Celui-ci ne présente, en effet, aucune aspérité, aucun point d’achoppement. Une « bonne » mise en scène est, par essence, invisible. Et Pawlikowski s’est rendu maître en la matière.
Alors, pourquoi s’agit-il du meilleur film en Compétition (pour le moment) ? Les plus cyniques répondront que la concurrence n’a pas encore su faire mieux. Et c’est tout à fait exact. Mais je ne laisserai pas penser que Cold War est une œuvre de cinéma mineur, un « bon film » par défaut. Nous sommes, ici, face à une fable universelle. « Universelle » au sens le plus noble du terme. « Universelle » à l’image d’une tragédie shakespearienne.
NOTE : 7/10
Retrouvez toute l’actualité du Cinéma avec La Salle de Démontage, chaque lundi de 21h à 22h en direct sur VL.