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Comment fonctionne la recherche de vie extra-terrestre ?

Les aliens et le monde hors du système terrestre sont depuis des décennies sources de fascination pour l’Homme. Le simple fait de trouver de la vie hors de notre planète constituerait une révolution majeure pour l’Humanité, un changement de paradigme radical… et pourtant cette perspective est peut-être possible. Des chercheurs du monde entier travaillent en effet activement pour détecter le moindre indice de cette potentielle vie extra-terrestre. Mais comment procèdent-ils ? Quels sont les enjeux de cette quête de la vie à travers l’Univers ? Trois chercheurs spécialisés dans les études spatiales étaient présents ce jeudi 12 juin à l’Efrei, école d’ingénieur, pour répondre à ces questions lors d’un troisième « Tech Alert » organisé par l’école.

Aliens, formes de vie, indices…Qu’est-ce que l’on cherche vraiment ?

Que ce soit Frédéric Courtade, directeur du GEPAN, Hervé Cottin, exobiologiste ou Caroline Freissinet, chercheuse au CNRS, la réponse est claire : on ne cherche pas de petits bonhommes verts aux yeux larges. Ce qui se discute réellement au sein de la communauté scientifique de nos jours est la possibilité de trouver des « biosignatures » hors de notre planète.  En d’autres termes, les chercheurs ont pour but de trouver dans les gaz, les sols, ou encore les atmosphères de différentes planètes des traces chimiques dont l’existence ne pourrait être due qu’à la présence, présente ou passée, d’une forme de vie.

Il ne s’agit pas ici donc de tomber né à né avec des civilisations entières ou des organismes vivants, mais plutôt de mettre la main sur la preuve de leur existence. En nous basant sur la vie telle que nous la connaissons, c’est-à-dire la vie terrestre, les traces de carbone ou de protéines et acides aminés sont considérées comme de possibles biosignatures. Pas question non plus de s’adonner à l’ufologie, l’étude des objets volants non identifiés – cette pratique n’est pas considérée comme une science exacte.

Une science à part entière

Il existe une profession bien spécifique qui se consacre à la recherche scientifique de formes de vie en dehors du système terrestre : les exobiologistes. Dans le cadre de différents programmes de recherche, les exobiologistes s’adonnent ainsi, avec une méthodologie précise, à l’identification de biosignatures extraterrestre. Hervé Cottin, président de la commission d’exobiologie de l’IAU, mentionne cependant que « l’exobiologie existe, mais les exobiologistes n’existent pas ».

Il faut entendre ici que l’exobiologie est finalement une somme de disciplines diverses et variées mises au service de la recherche de vie extra-terrestre. L’exobiologiste fait alors appelle à l’astrophysique, à l’ingénierie optique, à la géologie ou encore à la chimie. Hervé Cottin nous explique par exemple  « qu’on sait qu’il y a des acides aminés dans les commettes, et dans les météorites sans pour autant qu’il y ait de la vie » grâce aux chimistes qui interviennent dans l’exobiologie.

Caroline Freissinet, chercheuse en sciences planétaires au LATMOS, a pu nous témoigner de son parcours. Ayant débuté ses études en médecine, elle s’est prise de passion pour la biologie, et plus spécifiquement pour la biologie de l’évolution. Après son parcours en biologie, Caroline Freissinet s’est tournée vers la chimie et a ensuite fait une thèse en chimie analytique pour rechercher des traces de vie extra-terrestre. Un parcours qui témoigne de la pluridisciplinarité de ces chercheurs de haut niveau, ainsi que de la montée en puissance des femmes dans ces secteurs sélectifs : « la mission Dragonfly sur laquelle je travaille beaucoup en ce moment qui va explorer l’urne de Saturne (…) a quasiment 50% de contribution féminine. » précise la scientifique.

Chercher, oui, mais comment ?

Il existe deux terrains de recherche de vie extraterrestre avec leur méthode propre. Les scientifiques cherchent des traces de vie soit à l’intérieur du système solaire, soit au niveau des exoplanètes.

En dehors de notre système solaire, les planètes sont tellement loins que les analyses ne peuvent pas se faire in situ. Pour en venir à la conclusion de la présence de vie sur une exoplanète, il faut donc trouver des anomalies ou des dommages de grande échelle que cette dernière aurait causés sur sa propre planète (au niveau de son atmosphère par exemple). Il faudrait alors que cette vie soit assez développée pour causer des effets durables comparables au réchauffement climatique terrestre pour pouvoir être identifiée.

En revanche, au sein de notre système solaire, Caroline Freissinet nous indique que les recherches y sont plus minutieuses : « on peut envoyer des sondes, aller chercher et gratter la terre et aller regarder des traces chimiques d’une vie passée ou présente« . Pas besoin ici de forme de vie développée donc, la proximité permettant l’analyse in situ de traces minimes.

L’exobiologie s’arme aujourd’hui de plus en plus de l’IA pour arriver à se fins. En ce moment, des formes d’IA sont entrainées à analyser les images de la mission Apollo sur la Lune afin d’apprendre à reconnaitre les traces de passages humains sur le satellite. In fine, le but est de reproduire cette compétence sur des images d’autres astres encore non explorés.

La vie, une caractéristique terrestre ?

Il existe un grand questionnement qui flotte encore et toujours dans le domaine de l’exobiologie : la vie est-elle un phénomène propre à la Terre ? Comment envisager la vie ailleurs si nous ne la connaissons que par le prisme du système terrestre ?

Il est probable que la vie existe autre part, mais qu’elle soit bien différente de ce que l’on connaît sur Terre : autre aspect, autre fonctionnement, autres représentations… A vrai dire, même sur Terre, il est difficile pour les scientifiques de définir la vie, puisque chaque organisme terrestre descend du même ancêtre. Pour nous, la vie est donc juste un grand ensemble, qui désigne ce qui se réplique et qui évolue.

Malgré ce grand flou, il est intéressant de voir qu’une grande partie de la population est convaincue que la vie en dehors de la Terre existe, et même qu’on l’a déjà trouvée comme le précise Hervé Cottin : « une grande partie de la population pense qu’on a déjà trouvé, et c’est souvent lié à la médiatisation exacerbée (…) c’est très bien écrit dans les papiers scientifiques (..)mais sur nos téléphones ou écrans on voit juste le titre de la vie sur l’exoplanète K218B« .

Malgré tout, même les agences spatiales ont l’air de croire dur comme fer à l’existence de cette vie. En effet, les sondes que l’on envoie dans l’espace sont toutes munies d’une plaque sur laquelle est inscrit un message indiquant la position de la Terre dans le système solaire, ainsi que la représentation d’un homme et d’une femme.

Le Monde face à l’espace

Depuis plusieurs années, les puissances spatiales investissent beaucoup dans la probabilité de trouver de la vie extra-terrestre.  Cette course à la prouesse scientifique donne lieu à de la collaboration entre Etats, certes, mais aussi beaucoup de compétition. « chaque mission spatiale est un appel d’offre » nous précise Hervé Cottier, et les Etats s’arrachent les opportunités de mettre en scène leur expertise devant le monde entier.

Des puissances comme la Chine est les USA se livrent donc à une course effrénée pour être l’heureux élu qui trouvera cette vie en dehors de notre planète en premier. Pour ce faire, les deux puissances rivales innovent de plus en plus, avec du matériel de plus en plus performant comme des télescopes extrêmement précis par exemple.

Paradoxalement, même si la communauté internationale se rapproche de plus en plus d’une telle découverte, Caroline Freissinet nous précise qu’aucune procédure n’a été pensée pour le moment concernant l’annonce de cette nouvelle au monde.

A lire aussi : « Alien : Earth » : à quoi ressemble la première série télé de la franchise | VL Média

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