La ministre du travail, Muriel Pénicaud, a lancé son big-bang en dévoilant les grandes mesures visant la formation professionnelle ce lundi matin. Mais quelles sont les particularités de ce projet ?
Une véritable révolution
Muriel Pénicaud avait promis un big-bang, la douzaine de mesures annoncées ont eu un écho considérable. La ministre s’attaque à un système complexe. Elle refait la tuyauterie, c’est le terme employé par Laurent Berger. Le leader de la CFDT l’a cependant mis en garde de ne pas « davantage travailler sur la tuyauterie que sur le réel des gens ». Car si cette réforme a pour objectif annoncé de réduire le chômage et de prévenir les mutations technologiques, le projet de loi n’est pas approuvé par tous.
Qu’est ce que cette réforme va changer ?
Les changements voulus par le gouvernement sont divers, voici un bref résumé de ce qui sera impacté par ce projet de loi :
– Tout d’abord, la réforme prévoit la réduction du nombre d’organismes de formation. Une agence gouvernementale nommée France compétences va être créé. Elle aura pour rôle de gérer ces organismes.
– La reforme prévoit également la rétribution du compte de formation. Désormais, les salariés en formation se verront attribuer 500 euros par an. 800 euros pour les salariés qui seraient non-qualifiés. Les formules bénéficieront également aux salariés à temps partiel, elles seront soumises à des plafonnements de 5000 et 8000 euros.
– La reforme veut créer une application en ligne pour faciliter l’accès à la formation. C’est la MOOC, formation en ligne ouverte à tous, qui aura la tâche de la développer.
Dans quel but cette réforme est-elle prise ?
La première raison de ces dispositions est de faire baisser le chômage des jeunes. Les enquêtes le prouvent, l’année dernière seulement un tiers des Français en âge de travailler ont eu accès à une formation. Ces mesures doivent également simplifier un système que la ministre du travail juge d’une « complexité inouïe »
Cela est aussi destiné aux entreprises. Aujourd’hui sur les 32 milliards d’euros attribués à la formation professionnelle, seulement 13% bénéficient aux chômeurs. Ce budget est majoritairement financé par les entreprises, qui fournissent la quasi-moitié des fonds. Cela pose des problèmes. En consacrant 3% de leur masse salariale, ce qui est au-delà des obligations légales, elles se mettent en difficultés. Dès lors, elles peuvent plus recruter, c’est un cercle vicieux.
Pourquoi les syndicats sont en colère ?
La CFDT a regretté que les mesures annoncées soient prises sans aucune concertation préalables avec les acteurs sociaux. Le premier syndicat de France invite d’ailleurs le gouvernement aux discussions afin d’éviter « un chamboule-tout destructeur ».
La CGT a également répondu par communiqué, le syndicat a déploré que le monde du travail soit encore fragilisé, « en érigeant une individualisation totale des travailleurs, désormais, seuls responsables de leur employabilité ». Ils craignent également que la rémunération du compte de formation amène le marchandage de cette dernière.
C’est prévu pour quand ?
La ministre du travail a pour ambition de soumettre le projet de loi au Conseil des ministres à la fin du mois d’Avril. Ce projet doit compléter les ordonnances portant sur la réforme du Code du Travail.