L’administration Biden vient de signer un nouvel accord militaire avec l’Arabie saoudite. Il autorise les troupes aériennes soudaniennes à conserver leur puissance de frappe. Cet accord semble être en contradiction avec les politiques d’apaisements des tensions entre l’Arabie saoudite et le Yémen.
La situation au Yémen
Depuis 2014, le Yémen est le théâtre d’un violent conflit. Il oppose les forces gouvernementales aux rebels houthistes. Au fil des années, plusieurs groupes d’opposition ont vu le jour.
Dans son histoire, le pays a déjà été victime d’ingérences étrangères et de la présence de groupuscules extrémistes. En 2011, c’est la corruption étatique, la mauvaise gestion du pays et la révolution yéménite (suivant le sillage du Printemps arabe) qui ont poussé le président Ali Abdullah Saleh à quitter le pouvoir. C’est le vice-président, Abd Rabbu Mansour Hadi, qui lui a succédé. Il se devait d’assurer la transition et de rédiger une nouvelle constitution. Néanmoins, sa proposition de nouvelle carte fédérale a provoqué une scission au sein de la population yéménite. Le projet a été largement critiqué, car il ne prenait pas en compte les appartenances socio-économiques ou régionales du pays.
Le groupe houthiste a profité de cette rupture entre le gouvernent et la population pour organiser sa rébellion. Ils sont perçus comme l’opposition majeure face au pouvoir. Les Houthistes sont de confession zaidites. Il représente une branche minoritaire de l’Islam chiite (42% population yéménite). Le mouvement, créé en 1994, a toujours dénoncé sa marginalisation tout en demandant plus d’autonomie.
En 2014, les houtistes s’opposent au gouvernement de Mansour Hadi. A la population, ils se présentent comme le mouvement des déshérités avant de lancer leur offensive. Aidé du président déchu, autrefois leur ennemie, ils arrivent très vite à étendre leur pouvoir. Ils iront vers le littoral pour ensuite s’emparer de la capitale Sanaa fin 2014. Ils prendront finalement le contrôle du pays en janvier 2015.
En mars 2015, les houthistes mènent une offensive sur Aden, dans le sud du pays. Celle-ci poussera le président Mansour Hadi à fuir le pays pour se rendre à Riyad, en Arabie saoudite. Le 25 mars 2015, l’Arabie saoudite décide de former une coalition. Elle est composée de l’Égypte, de la Jordanie, du Qatar, du Maroc et du Soudan. Leur objectif était de remettre au pouvoir le président Mansour Hadi pour que le Yémen reste un pays majoritairement sunnite. Finalement, la guerre civile yéménite est devenue une guerre froide régionale. D’un côté, l’Arabie saoudite se veut de défendre les valeurs sunnites, en formant une coalition, en organisant des frappes aériennes et en armant les rebels. De l’autre, l’Iran soutient et arme les houthistes pour qu’ils fassent du Yémen un pays chiite.
Depuis, le conflit est devenu extrêmement violent. Quotidiennement, les droits de l’Homme sont bafoués. Plusieurs arrestations arbitraires ont lieu, les prisonniers sont torturés. L’économie est dévastée par la guerre. Les systèmes de protection ou les aides à la population ont été complètement détruits. Finalement, la population est la première cible des groupes armés. Aussi, lJames Elder, porte-parole du Fonds des Nations Unies pour l’enfance, a rapporté que :
Le conflit au Yémen vient juste de franchir une étape honteuse avec la marque de 10 000 enfants tués ou blessés(…) Ce qui fait 4 enfants tous les jours. »
Bien que les Nations unies aient essayé d’encourager des négociations entre les différents acteurs du conflit, les pourparlers se sont achevés en Suède fin 2018.
Les répercussions du nouvel accord entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite
Le deal à hauteur de $500m entre ces deux pays risque d’avoir des répercussions catastrophiques sur la situation au Yémen.
L’Arabie saoudite est déjà accusée d’avoir pris la vie à d’innombrables civils lors de ses raids aériens. Cet accord avec les États-Unis va inévitablement aggraver la situation et intensifier les bombardements. Aussi, en fournissant une nouvelle puissance de frappe au royaume, les États-Unis lui donnent un sentiment d’impunité.
Biden, en début de mandat, avait expliqué vouloir « travailler l’Arabie saoudite. L’objectif était de l’aider à défendre son territoire face aux attaques des Houthistes. » Ces propos sont très différents de ses prises de position passées. En 2019, il avait laissé entre qu’il « fallait faire du prince Mohammed bin Salman un paria s’il était élu ».
Cet accord entre les États-Unis est en désaccord total avec la volonté des intenses internationales. Elles voulaient essayer de permettre aux différents partis de trouver un terrain d’entente. Cependant, les affrontements qui déchirent le pays depuis maintenant 2011 vont sûrement s’intensifier par rappel, le nombre de morts s’élève déjà à 233 000 dans cette guerre. Le nombre de déplacés est estimé à 1 million.