David Bowie, le chanteur, compositeur, producteur et acteur britannique, s’est éteint dimanche 10 janvier des suites d’un cancer. Véritable caméléon, l’artiste aura marqué plusieurs générations par ses innovations autant musicales que vestimentaires. En fait, les vêtements de Bowie sont indissociables de sa musique, révélateurs de ses nombreux changements d’humeur artistique (music hall, folk hippie, glam-rock, soul, funk, pop, électro…). En 2015, il a été élu Britannique le mieux habillé de tous les temps dans le magazine BBC History Magazine, devant la Reine d’Angleterre, le roi Henri III et Beau Brumell (le premier des dandys). Radio VL vous emmène dans la gigantesque et éclectique garde-robe de David Bowie.
Les débuts de David Jones
David Bowie ou David Robert Jones de son vrai nom, est né le 8 janvier 1947 à Brixton dans le sud de Londres. Enfant et adolescent timide, il n’arrive pas à s’acclimater à ses camarades et leurs blousons noirs des années 1960. Lui écoute plutôt l’américain Little Richard et se laisse influencer par ses tenues flamboyantes. L’année 1962 est un premier tournant dans sa vie musicale.
1962 : premier groupe et look Mod
Il intègre son premier groupe, les Konrads, et adopte le « look Mod » : costume étriqué, cravate fine et chaussures italiennes, l’uniforme emblématique de la jeunesse des sixties en Angleterre.
1967 : période pop
En 1967, David Jones devient David Bowie et sort l’album éponyme. Etudiant en école d’art, il rejette la mode hippie et se prend de passion pour l’avant-garde et le milieu Undergroud qu’il découvre aux Etats-Unis. Il porte les cheveux longs et se donne un genre de mec lunaire, à l’image de son personnage Major Tom, astronaute perdu pour toujours dans l’espace dans son morceau de 1969 Space Oddity. Il connaît pour la première fois le succès grâce à cette chanson.
1970 : « The man who sold the world » et période androgyne
Le style qui lui collera à la peau jusqu’à des années plus tard. Bowie sort l’album The man who sold the world. Sur une suggestion de sa femme d’alors Angela, il arbore un look androgyne fait de maillots de corps, robes, vernis à ongles et pantalons très serrés. Le couple ne passe pas inaperçu à Londres, lui avec ses jupes et elle avec ses pantalons. Dans la foulée, il annonce sa bisexualité dans une entrevue.
1972 : Ziggy Stardust et période glam-punk
L’apogée de la carrière de Bowie, celle qui l’élèvera au rang de star planétaire. Il crée le personnage devenu indissociable de Ziggy Stardust : un messager extra-terrestre cherchant à transmettre à l’humanité (qui n’a plus que cinq années à vivre) un message d’amour et de paix mais qui finira consumé par de ses propres excès. Notre chanteur arbore cheveux longs et rouges, costumes inspirés du film Orange mécanique ou costumes flashy avec paillettes, motifs animaliers, cols échancrés et maquillage inspiré du Kabuki, style de théâtre japonais.
1973 : Alladin Sane et période punk
Cette année-là, il reprend son personnage de Ziggy avec les cheveux rouges mais y ajoute un détail qui va rester célèbre : le fameux éclair sur le visage. Il devient alors Aladdin Sane (« A lad insane » : un garçon fou) et adopte le look punk, deux ans avant les Sex Pistols.
1974 : Halloween Jack et look rock chic
Ziggy Stardust est définitivement mort. Halloween Jack le remplace, moins paillettes et beaucoup plus sombre et dépressif. Sur la pochette de David Live, album-témoignage de la tournée américaine de Diamond Dogs, Bowie porte un costume blanc ultra-épaulé, une image quasi-pastorale qui modèlera l’esthétique rock des années à venir. Le styliste Hedi Slimane sera durablement marqué par ce style.
1976 : The thin white duke ou le Bowie aristo
En 1975, c’est un Bowie rongé par la dépression et la cocaïne qui part aux Etats-Unis pour le tournage d’une adaptation d’un roman de science-fiction. Il y incarne un extraterrestre échoué sur terre rappelant étrangement Ziggy Stardust. Puis en 1976, il invente un nouveau personnage avec un look à la frontière entre vampire aristocrate et crooner soul : The thin white duke (« le mince duc blanc »). Cheveux gominés, teint cadavérique (une résurgence de sa passion pour le mime) et chemise blanche sur gilet de costume sombre, Bowie préfigure la New Wave en expérimentant dans sa musique des expérimentations électroniques dans l’album Station to Station.
1977 : Berlin et Bowie New wave
Il s’exile en Suisse et à Berlin pour oublier son addiction à la drogue. Ces pérégrinations débouchent sur le triptyque musical Low, Heroes et Lodger. Sa garde-robe, à l’image de sa musique, devient plus sombre et plus classique, à l’image de ce que les jeunes fans de rock portent encore aujourd’hui : costume noir, blouson en cuir cintré et grand manteaux.
1980 – 2010 : de la rock star au big boss au costard croisé
En 1980, Bowie sort Scary Monsters, dernier morceau de bravoure post-punk qui sera un succès dans toute l’Europe. Dans le clip d’Ashes to Ashes, Bowie, déguisé en Arlequin, enterre le Major Tom, héros de Space Oddity et premier double du chanteur, ce qui marque véritablement la fin d’une époque. Il se convertit alors au statut de rock star à l’américaine et sort les mégas tubes Let’s Dance et Under Pressure en featuring avec Queen.
Devenu une véritable cash machine pour la pub Pepsi, David Bowie finit même par entrer en bourse: la figure de l’androgyne avant-gardiste disparaît peu à peu pour laisser place à celle du big boss en costard croisé. Dans les années 90, Bowie se laisse pousser le bouc et se lance dans le hard rock avec le groupe Tin Machine.
2010 – 2016 : période de mutisme, The next day, Blackstar et décès
Suite à une crise cardiaque survenue en 2004, David Bowie se fait très discret durant une période de près de dix ans. Mais en 2013, il revient avec l’album The next day. Le 8 janvier 2016, date de son soixante-neuvième anniversaire, il sort l’album Blackstar qu’il avait enregistré dans le plus grand secret. Il décède « paisiblement » deux jours plus tard des suites d’un cancer. Au final, Bowie aura influencé plusieurs générations d’artistes et fasciné des créateurs de mode d’aujourd’hui comme Dries Van Noten, Hedi Slimane, Raf Simons, Walter Van Beirendonck.