Nicolas Hulot a donné sa démission ce mardi 28 août, après 15 mois d’exercice de sa fonction de ministre de la Transition écologique. Le ministre prend cette décision après s’être interrogé sur son utilité au gouvernement.
« Je ne veux pas donner l’illusion que ma présence au gouvernement signifie qu’on est à la hauteur sur ces enjeux là »
Nicolas Hulot annonce sa démission au micro de France inter ce mardi. Nommé en mai 2017 au gouvernement, il se donnait un an pour juger de son utilité au gouvernement. Le bilan qu’il énonce ce matin, après 15 mois au gouvernement témoigne de son recul sur la question de son efficacité politique.
« La réponse est non« . Il n’a pas réussi à mettre en œuvre des mesures satisfaisantes pour répondre aux enjeux écologiques. Il cite notamment la réduction de l’utilisation des pesticides, la préservation de la biodiversité et l’artificialisation des sols. Son annonce, qu’il présente comme un « acte de sincérité » était donc dans l’air depuis quelques mois.
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Pourtant, d’un autre côté, l’Élysée assure que le Ministre peut être « fier de son bilan« . Qu’en est-il réellement?
Quelques victoires arrachées
La victoire la plus retentissante de Nicolas Hulot au gouvernement est bien l’abandon du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. Après cinquante ans de blocage, le Premier ministre Édouard Philippe avait finalement annoncé la clôture du dossier en janvier 2018. Nicolas Hulot s’était dit soulagé de pouvoir enfin « passer à autre chose ».
Il y a eu aussi la laborieuse ratification du projet de loi sur la fin des hydrocarbures en France. Les hydrocarbures représentent 1% de la consommation nationale et pourtant, seulement l’interdiction de renouveler des permis d’exploration d’hydrocarbures a été compliquée à obtenir.
Le dossier glyphosate a de même été une semi-victoire pour les défenseurs écologistes. Le gouvernement s’est en effet prononcé pour l’interdiction de l’herbicide toxique pour 2020. Il a donc aussi ré-autorisé son utilisation pour trois ans.
Enfin, pour ce qui est du droit environnemental, Nicolas Hulot a proposé en juillet 90 mesures pour enrayer la disparition accélérée de la biodiversité. Au programme, lutter contre les plastiques jetables, encourager l’agriculture Bio, et lutter contre l’étalement urbain pour limiter l’artificialisation des sols. Ces propositions prévoient la rémunération des « services rendus à la nature » jusqu’à 150 millions d’euros à partir de 2020. Ces réformes sont à valider par d’autres acteurs institutionnels.
Des reculades douloureuses
Le bilan de ces quinze mois reste à nuancer. Il peut s’avérer décevant pour un homme de conviction comme Nicolas Hulot.
Entre autre, l’objectif consistant à ramener la part du nucléaire à 50% dans le mix énergétique français à l’horizon 2025 a été reporté. L’ouverture, en mai 2018, de la bioraffinerie Total de la Mède (Bouches-du-Rhône) a été autorisée. Celle ci aura massivement recours à de l’huile de palme importée, cause majeure de la déforestation amazonienne. Au même moment, la France apparaît devant le Cour européenne de justice, accusée de ne pas respecter les normes de qualité de l’air.
L’entrée en vigueur du CETA (accords de libre échange entre le Canada et l’Europe) a aussi porté un coup à Nicolas Hulot. Celui-ci s’opposait fermement au projet depuis le début des négociations. Effectivement, il avait insisté sur le fait que cet accord ne puisse pas être »climato-compatible« . Le CETA prévoit une forte augmentation des échanges commerciaux entre l’Europe et le Canada qui ne va pas sans l’augmentation drastique des émissions de gaz à effets de serre.
Cette succession d’échecs et de reculs assombrit le bilan des quinze mois d’exercice du Ministre de la Transition Écologique. Nicolas Hulot refuse de nourrir l’illusion que les grands enjeux écologiques trouvent des réponses efficaces politiquement.