Le climat se tend à nouveau à la frontière qui sépare le Kosovo de la Serbie en raison de mesures d’entrées visant la minorité serbe du Kosovo. L’Otan arbitre et cherche à faire redescendre la tension entre les nations mais la rivalité qui les opposent est loin d’être récente. Explications.
Un ancien territoire rattaché à la Serbie
Les deux territoires connaissent une histoire tumultueuse qui remonte au 11ème siècle. Pour les serbes, le Kosovo est un berceau historique de leur histoire, une partie intégrante de leur pays. La situation va évoluer en 1913, après la défaite de l’empire Ottoman qui contrôlait alors ce territoire depuis le 14ème siècle. Le Kosovo est rattaché au Royaume de Serbie. Après la seconde guerre mondiale, le territoire kosovar, alors incorporé à une grande Albanie depuis 1941, sous le contrôle de l’Italie, va intégrer la Yougoslavie dirigée par le Maréchal Tito. Le Kosovo devient une province autonome de la république socialiste de Serbie. En 1989, Slobodan Milosevic, nouveau président de la Serbie, met en place des mesures réduisant fortement l’autonomie du Kosovo, alors province Serbe. Ces mesures déclencheront un mouvement d’opposition pacifique mené par Ibrahim Rugova, fondateur de la ligue des Balkans surnommé » le Ghandi des Balkans ».
L’explosion de la Yougoslavie, un nouveau tournant
Après la dissolution de l’URSS fin 1991, la Yougoslavie communiste implose face aux nombreuses déclarations d’indépendance des territoires qui la composent. Celles de la Slovénie, de la Croatie, de la Bosnie-Herzégovine et de la Macédoine. Tous suivent l’exemple des républiques de l’est qui les précèdent dans cet exercice. Après plusieurs guerres meurtrières qui dureront jusqu’en 1995, la Yougoslavie, alors république fédérale jusqu’en 2003, n’est plus composé que de la Serbie (qui comprends le Kosovo) et du Monténégro qui prendra son indépendance en 2006.
Une indépendance qui ne passe pas
La relation entre le Kosovo et la Serbie est à la fois marquée par des crimes de guerres et par des crimes contre l’humanité dont sera notamment accusé Slobodan Milosevic, président serbe. Par l’intervention des forces serbes à la suite de la création de l’Armée de Libération du Kosovo en 1996, la Serbie exerce une forte répression sur le territoire kosovar jusqu’en 1999. On retrouvera notamment des milliers de dépouilles dans des fosses communes que Belgrade a tenté de dissimuler. Le conflit, « mondialisé » par la prise de position de la Russie et de la Chine qui défendent la Serbie, aboutit par la mise sous tutelle internationale du Kosovo. La situation se calme mais les rancœurs subsistent des deux cotés.
En 2008, le Kosovo proclame unilatéralement son indépendance. Il fait ainsi face à l’indignation du gouvernement Serbe et à la non-approbation de la Russie. Elle trouve néanmoins du soutien auprès de nations occidentales comme les États-Unis et la France. En 2012, la tutelle internationale est finalement levée et le Kosovo accède à la pleine souveraineté de son état. Finalement, en 2018, le Kosovo est reconnu par 144 états membres des Nations unies. La Serbie, elle, se plaint toujours d’avoir été privée d’un territoire qui lui revient de droit mais cherche à calmer le jeu en raison de sa volonté de se rapprocher de l’Union Européenne.