Si on a déjà l’occasion de dire pourquoi Cat’s Eyes est une bonne série, on a eu envie de se pencher sur la question de l’adaptation.
« Conserver les fondamentaux dans le respect de l’œuvre originale tout en la revisitant »
(MEHDI SABBAR & BENJAMIN DUPONT-JUBIEN Producteurs pour Big Band Story)
Une construction sérielle totalement réussie
Du point de vue de l’écriture sérielle comme de sa mise en images, Cat’s Eyes est ce qu’on appelle un excellent divertissement télévisuel, sans doute une des meilleures séries d’action produite en France. Car c’est de ça dont il s’agit : une série fun, portée par des personnages forts et une intrigue qui nous tient. La réalisation dynamique et maîtrisée d’Alexandre Laurent prouve qu’il est un grand faiseur de spectacle télévisuel qui n’oublie jamais que la forme ne peut prévaloir sur le fond. L’action est posée là où il faut et les scènes sont toutes parfaitement maîtrisées, d’un épisode d’anthologie au Louvre jusqu’à un final dans un château de haute volée.
Comme dans toute bonne série qui se respecte, la série est du 1er au 8e épisode parfaitement construite d’un point de vue scénaristique.
Après l’introduction des personnages et de ce qui les poussent à devenir voleuse, on assiste à la mise en place rapide de leurs « compétences » et de « leurs liens » avec les forces de police. Les méchants sont aussi savamment construits et nous réservent de nombreuses surprises à mesure que la série avance, comme d’authentiques poupées russes, Guillaume de Tonquédec est un méchant auquel personne n’aurait pu penser mais qui se révèle une excellente surprise.
Dans la seconde partie de la saison 1, la série sait progressivement amener la narration vers une forme de conclusion, tout en préparant le terrain à une saison 2 qui se révèle inévitable au vu des dernières minutes de la série. Ce qu’il faut de mystère est présenté pour mieux attirer les spectateurs.
Enfin, la saison se montre très juste pour passer de l’origine story à l’univers établi que l’on connaît bien.
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En 2023, dans la ville Lumière, Tam (Camille Lou), Sylia (Constance Labbé) et Alexia (Claire Romain) se retrouvent après des années de séparation. Au même moment, une œuvre ayant appartenu à leur père disparu douze ans plus tôt dans le mystérieux incendie de sa galerie d’art refait surface lors d’une exposition prestigieuse à la Tour Eiffel. Elles décident alors de prendre tous les risques pour la dérober dans l’espoir de comprendre enfin ce qui lui est arrivé. Très rapidement, le trio se retrouve dans la ligne de mire de la police, menée par Quentin Chapuis (MB14) et accompagné de Gwen Assaya (Cindy Bruna), chargés d’arrêter ces nouvelles voleuses qui ne cessent de leur échapper. Mais Quentin ignore que parmi elles se cache son grand amour perdu, Tam… Entre leurs retrouvailles chaotiques fortes en émotion, leur quotidien de jeunes femmes d’aujourd’hui et leurs nouvelles activités secrètes et périlleuses, les trois sœurs vont devoir répondre à tous les défis.
Une adaptation très solide
A toutes celles et tous ceux qui vont juger la série sur la longueur de cheveux des personnages, leurs âges ou d’autres critères, il convient déjà de rappeler que « adapter » un manga (ou un livre plus largement) ce n’est pas le transposer littéralement. Selon Le Larousse, parmi les synonymes de « adaptation », il y a le mot « modification ». Comme beaucoup d’auteurs le rappellent, il y a une part de trahison dans toute adaptation, trahison car adapter notamment d’un support à l’autre c’est forcément changer des choses. Que ce soit une BD ou un animé, il y a pleins d’éléments qui sont « faisables » et qui ne le sont plus dès lors que l’on passe en live. Et à fortiori si on change d’époque et de pays comme c’est le cas ici.
De la même manière que ce qui caractérise par exemple Magnum c’est d’être un privé à Hawaii et son passé dans l’armée (et non de porter une moustache qui ne définit pas le personnage mais qui définit sa mise en image), ce qui caractérise Cat’s Eyes c’est cette histoire de 3 sœurs qui volent uniquement les œuvres de leur père disparu en espérant le retrouver et qui sous « couverture » tiennent un café nommé Cat’s Eyes. L’une des sœurs est fiancé à un policier qui la traque sans savoir qu’elle est la voleuse (car oui la police pense que la voleuse est seule). En France, lors de la diffusion du dessin animé, ce qui a donné vie à la série c’est aussi son générique, pierre angulaire du programme.
Au petit jeu de l’adaptation soit l’arrivée en France d’une histoire quelques 40 ans après l’originale, la série coche toutes les cases. Le lien ultra puissant entre 3 soeurs est bien présent, renforcé par le sentiment de ne pouvoir compter que sur elles trois ; si elles ne sont pas encore les voleuses que l’on connaît au début, elles en épousent les codes (puis la « bande » existe à partir de l’épisode 5). Certes, leur tenue n’est plus sexualisante comme elle l’était dans les années 80, mais elle demeure caractéristique de ce qu’elles sont, y compris dans les codes couleurs (Alexia a bien la tenue orange par exemple et si elle ne fait pas de roller, elle semble adapte de tous les sports urbains) et, au détour d’un épisode, une des sœurs trouvent funs qu’elles aient une signature avec cette carte qu’elles envoient « Signé Cat’s Eyes » et sur laquelle est annoncé le coup à venir (comme c’est le cas en fin d’épisode 7). Si le côté cartoonesque de Quentin qui ne reconnaît pas sa fiancée Tam est diminué, il est maintenu et la série en joue même (comme avec l’ouverture du bar « Cat’s Eyes » en fin de saison : « Hey vous vous foutez de ma gueule ? Le nom claque mais c’est une affaire sérieuse« ). Autre aspect parfaitement tenu : la non violence des 3 héroïnes qui ne tuent jamais (elles ne sont pas des criminelles), y compris face à « la psycho » (Elodie Fontan). C’est un aspect singulier dans une fiction moderne de parvenir à maintenir la tension narrative sans jamais céder à cette facilité du côté des héros (en revanche, chez les méchants, ça défouraille !!). Enfin, toute l’histoire tient au lien entre les soeurs et leur père, y compris quand le mystère autour de sa mort est résolu en fin de saison, la tension perdure en prévision de la suite. C’est le ciment de l’intrigue central de la série.
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Pour terminer avec la touche « française » de la série, à savoir le générique et la musique, là aussi les équipes ont parfaitement rempli leur tâche. La BO de la série comme le choix des chansons qui viennent rythmer l’histoire nous renvoie vers l’époque des années 80, tandis que le générique se voit doter d’une modernité suffisante pour en faire une version de 2024, parfaitement interprétée par Anne Sila.
Cat’s Eyes saison 1
Dès le 11 novembre 21h05
Sur TF1 et TF1+