Bien qu’en proie à des conflits politiques importants entre Téhéran et Washington, les deux pays ont décidé de s’unir après l’annonce du CIO de supprimer la lutte des Jeux Olympiques dès 2020, comme quoi tout arrive dans le sport.
« Je voudrais vous inviter à New York le 16 mai ». What ? Bien que la surprise compte tenu de la situation actuelle est grande, c’est bien la phrase d’un responsable américain lancée à son homologue iranien. La réponse est tout autant surprenante : « J’adorerais visiter la ville de New York ». Un échange entre Rich Bender, un responsable de la fédération américaine de lutte, et Mohammad Aliabadi, du comité olympique iranien qui ont décidé de soutenir à l’unisson la cause de la lutte menacée de disparaitre dès 2020 et les JO qui se dérouleront soit à Tokyo, à Madrid, ou a Istanbul (décision en septembre prochain).
En Iran, la lutte est un sport national et déchaine les passions autant que le football au Brésil, à titre de comparaison. Après la proposition émise le 12 février dernier par le Comité international Olympique de supprimer la lutte des disciplines olympiques, la consternation à Téhéran était grande. Un sentiment partagé par les Etats-Unis, à l’image du titre du Washington Post la semaine passée : « Les Jeux Olympiques sans la lutte, c’est comme Mc’Donalds sans les frites ». La lutte est une des plus anciennes compétitions olympiques. Présente dans l’antiquité dès 708, la discipline a été naturellement conservée lors du passage aux Jeux modernes de Athènes en 1896.
L’union entre les deux pays sur le sujet date de la semaine dernière et des Mondiaux de la discipline (remportés par l’Iran d’ailleurs) qui avaient lieu à Téhéran, la capitale iranienne. Passer outre les différents géopolitiques est un vrai mot d’ordre. Il faut sauver la lutte, comme l’a confié Mitch Hull, un des responsables de l’équipe américaine : « Nous sommes très confiants quand à notre travail avec la fédération iranienne de lutte, les lutteurs iraniens et, vraiment, le peuple iranien tout entier pour montrer au monde que, malgré nos différends politiques, nous avons le même but et la même passion de ce sport. »
Mahmoud Ahmadinejad et l’équipe américaine de lutte aux derniers mondiaux de Téhéran.
Cette révision disciplinaire intervient six mois après les JO de Londres, en se basant sur la popularité, l’universalité tout cela perdu dans une quarantaine de critères. Le combat de la lutte ne fait que commencer, et la prochaine étape sera l’intervention de la Fédération internationale de Lutte (Fila) face au CIO en mai prochain. L’argumentaire des représentants sera décisif, et devra peser lourd face aux sept nouveaux postulants que sont le karaté, l’escalade, le squash, le base-ball et des sports liés aux roller.