Durant le mois de mars, les étudiants niçois s’impliquent pleinement pour ouvrir le monde de l’Art à la jeunesse.
Nice, campus Saint-Jean d’Angély, lundi soir. Une centaine d’étudiants est présente pour l’inauguration de l’exposition Art et Leadership, organisée par les élèves du master « Management de l’art et du tourisme culturel » de l’IAE.
De l’autre côté de la ville, au Théâtre de la photographie, le même jour. Les membres de la filière « Évenementiel, médiation et ingénierie de la culture » dévoilent la 15ème édition de Mars aux Musée, placée sous le thème D’un monde à l’autre.
Pour ces étudiants, un seul objectif. « Nous voulons sensibiliser les jeunes à la culture, à l’Art qui est trop peu enseigné à l’école » explique Samuel Durand, attaché de presse de Mars aux Musées. « Nous avons trouvé des lieux diversifiés dans lesquels le spectateur va devenir acteur de l’oeuvre. » Une autre manière de voir l’Art : intégrer le néophyte dans la création. « Les 15-25 ans boudent les musées car ils en ont une mauvaise image. Ils le voient comme quelque chose d’austère. Alors, nous avons créé des ateliers artistiques pour les impliquer. »
Mars aux musées se place alors comme un évenement culturel unique en sa matière: il est le seul de France a être organisé par et pour les étudiants.
Du côté de l’équipe Art et Leadership, le constat est sensiblement le même. « La jeunesse est en retrait des lieux culturels à cause d’un manque de communication claire. On voit le musée comme quelque chose de rébarbatif » explique Ophélie Jouan, directrice de l’événement. On a décidé de planter l’expo en plein milieu de la fac, comme ça, les étudiants sont forcément interpellés. »
Alors qu’en pensent les principaux concernés?
Alicia, Chengyuan, Lucas, Stéphane et Hélène : 5 étudiants, 5 visions de l’Art
Alicia Devoucoux, 21 ans, étudiante : « J’aime l’art depuis l’enfance »
« J’ai toujours aimé dessiner, depuis l’enfance, et mes parents m’emmenaient régulièrement au musée. Je pense que le cercle familial joue beaucoup sur la démarche culturelle. Mais l’école aussi! Au collège, puis au lycée, il y a peu d’enseignement pour éveiller une sensibilité artistique. L’Art plastique est relégué au statut d’option facultative ; ce qui implique une démarche personnelle. Aujourd’hui, avec le peu de communication des pôles culturels, il faut vraiment avoir envie de se déplacer et d’y consacrer du temps. À Nice, il y a des musées sans site Internet, imaginez! »
Chengyuan Li, 22 ans, étudiante : «En Chine, peu de moyens pour l’Art»
« J’arrive de Hong-Kong, et je suis fascinée par la culture européenne. Ce que j’apprécie particulièrement c’est le fait que les expositions s’inscrivent dans le patrimoine architectural. En Chine, on a tendance à construire une structure qui accueille l’événement ; ici, on embellit la richesse existante. Mais, c’est vrai, il y a peu d’événements majeurs à Nice. Ce qui est sûrement dû à un manque de sensibilisation, contrairement aux domaines économique et politique qui sont des matières enseignées et faisant partie du quotidien des étudiants. Cependant, en Chine aussi, il y a peu d’étudiants aux musées! »
Lucas Cox, 20 ans, étudiant : « Pas le temps d’aller au musée ! »
« Clairement, si je ne vais pas au musée c’est par manque de temps. J’étudie, je travaille, et ça ne me vient même pas à l’idée de m’y déplacer! Si l’école nous débloquait deux heures pour se dédier à la culture, je crois que je les consacrerais à autre chose. Ou il faudrait qu’ils nous organisent carrément la visite. Mais, d’un point de vue externe, l’Art n’a rien à changer pour s’ouvrir à la jeunesse, ce sont les jeunes qui doivent faire le premier pas. Et ainsi, peut-être développer une culture plus vivante et interactive. »
Stéphane Noël, 20 ans, étudiant : « Les musées c’est barbant… »
« Je vis à Cannes depuis toujours, mais je ne suis absolument pas au courant des musées qu’il y a dans les environs. Aucune communication n’est faite, pourtant certains sujets pourraient me plaire. Si je devais monter une expo, par exemple, ce serait sur la mythologie, mais, ici, je ne sais pas quel pôle s’y dédie! Pour le reste, j’ai pas la motivation de découvrir des arts rébarbatifs, toujours de la peinture, des oeuvres plastiques. Et ça, personne ne m’y a sensibilisé, ni mes parents, ni l’école. »
Hélène de la Fuente, 21 ans, étudiante :« À cause du soleil, les roux doivent se planquer dans les musées »
« Pour tout avouer, je viens de Madrid, où l’été il fait très chaud, et les musées étaient les seuls endroits climatisés! Mais j’ai aussi pu constater que les espagnols portaient un plus grand intérêt à l’Art ; dans la critique comme dans la pratique. Il y a énormément de manifestations culturelles, dans les rues, les petits villages. À Nice c’est très concentré.
Puis, attirer les jeunes c’est bien, mais il faut les faire revenir aussi. Et pour ça, il faut une médiation efficace sur place. Les musées vivent pour le public, ils doivent conserver et diffuser. Et non être une sorte de masturbation intellectuelle élitiste. »