Nous avons recueilli le témoignage de quatre étudiants, qui ont fait le choix d’un engagement politique. A l’heure, où le taux d’abstention chez les jeunes atteint près de 45 %… Eux, on décidé de changer les choses !
Pour VL, nous sommes partis à la rencontre de Vianney, Hugo, Imane et Léna. Comment font-ils pour jongler entre vie étudiante et vie politique ? Quelles sont leurs motivations ? Comment inciter les jeunes à aller voter ?
Pour Vianney Vonderscher, président de la Cocarde étudiante et présent sur les bancs de l’université Panthéon-Assas Paris 2 en Sciences Politique, l’engagement politique est le fruit d’une réflexion et d’un souhait.
“J’avais envie de m’engager dans un organisme politique, j’ai donc intégré la Cocarde en première année de licence. Par la suite, en mars 2022, je suis devenu le président national de l’association”, explique le jeune homme de 20 ans.
La Cocarde est un mouvement politique et syndical transpartisan fondé en 2015, mais avec une orientation plutôt très à droite, il faut le dire. Elle ne dépend d’aucun parti et regroupe près de 500 militants partout en France.
“Le plus difficile, c’est la charge mentale, on y pense constamment”
“Ma scolarité reste la priorité, comme le rappelle ma mère, poursuit-il en souriant, mais oui, j’évite de sécher les cours pour mon activité associative. En réalité, le plus difficile, c’est la charge mentale, à tout moment, mon téléphone peut sonner, on y pense constamment”, explique-t-il avec beaucoup d’émotion.
Décider de s’engager politiquement peut aussi être un frein pour une carrière. Mais Vianney en a conscience. Au lieu de voir les obstacles que cela peut créer, ce dernier entrevoit aussi des opportunités professionnelles enrichissantes.
“L’année prochaine, je vais accompagner un parlementaire RN durant mon année de césure, c’est une belle opportunité pour moi.”
Pour Léna Raud, secrétaire nationale à l’Union des étudiants communistes et inscrite en Master 1 métiers de la production théâtrale à Sorbonne-Nouvelle Paris 3, l’engagement politique est nécessaire.
“J’ai commencé à m’investir politiquement au lycée avec l’UNL (Union National Lycéenne). Cet engagement qui perdure, c’est une forme de reconnaissance pour moi. Ce n’est pas facile de jongler entre vie étudiante et vie politique. Ça demande une certaine organisation,” explique-t-elle avec beaucoup de fierté.
“Parfois, je sèche des cours pour aller à des manifestations”
L’Union des étudiants communistes est une branche du Mouvement des Jeunes Communistes de France (MJCF). Et pour Léna, avant tout, il faut redonner confiance aux jeunes. “C’est en allant à leur rencontre, à travers notre implication sur les différents campus qu’il est possible de lutter contre l’abstention. Il faut faire le choix d’investir pour l’avenir , » indique la jeune femme du haut de ses 23 ans.
“On répond au téléphone entre deux cours”
“Je n’ai pas d’inquiétude pour mon avenir car je souhaite évoluer comme chargée de relations publiques au sein de théâtres. Et je suis sûre qu’un engagement comme le mien est tout à fait valorisable sur un CV,” explique-t-elle.
Le sentiment d’abandon des étudiants durant le confinement par le gouvernement en place, ou le libéralisme de certaines universités sont aussi les raisons du désintérêt politique des jeunes nous confie la jeune militante.
Pour Hugo Couchinave, président des Jeunes Républicains dans les Pyrénées-Atlantique et étudiant en Master 2 de droit à l’université de Pau, son engagement politique se traduit par l’amour de son territoire.
“Je me suis engagé avec les Jeunes Républicains depuis mes 16 ans, par l’intermédiaire d’un élu local. J’aime m’intéresser aux gens et aux préoccupations de ma région, je crois à la méritocratie comme valeur commune” nous explique-t-il avec son accent du sud-ouest.
« C’est comme un sport de haut niveau”
Hugo a un rêve, celui de devenir avocat. C’est pourquoi, il jongle entre ses cours de droit et son engagement politique. “Parfois, c’est difficile, j’ai fait le choix de rater pas mal de cours d’amphi. Mais quand on aime, on ne compte pas. C’est comme un sport de haut niveau », nous confie le jeune homme avec beaucoup d’assurance (c’est peut-être la pratique du rugby qui lui permet cette comparaison).
“Il faut proposer de vraies solutions plutôt que faire des vidéos avec McFly et Carlito”
Concernant l’implication politique des jeunes, Hugo distingue deux choses : “Les vocations politiques ne manquent pas chez les jeunes” nous dit-il. “Cependant, leur absence des bureaux de vote s’explique par le manque de considération de leurs préoccupations. Il faut proposer de vraies solutions plutôt que de faire des vidéos avec McFly et Carlito », rigole-t-il.
Pour Imane Ouelhadj, présidente Nationale de l’UNEF (Union Nationale des Etudiants de France) et étudiante en Sciences Politique à l’université Paris Nanterre. Son engagement est une fierté.
“Depuis la primaire, j’ai toujours été déléguée de classe”
“J’avais déjà la fibre politique. Mon engagement a commencé auprès d’associations de quartier avec lesquelles, je mettais en place des dispositifs pour partir en vacances. Lors de mon arrivée à la Fac, j’ai monté petit à petit les échelons de l’UNEF (premier syndicat étudiant de France) jusqu’à devenir présidente nationale en mars 2022.” déclare-t-elle du haut de ses 23 ans.
La jeune femme occupe de nombreuses responsabilités, elle s’entretient avec les ministres sur des enjeux étudiants. « Régulièrement, lorsque mes amis sortent le soir, je dois rester dans les locaux de l’association pour gérer les problèmes liés à la bourse CROUS ou au logement par exemple. On se sent fier,” dit-t-elle avec beaucoup de fierté.
« Ce n’est pas vrai, de dire que les jeunes ne sont pas impliqués dans la politique du pays »
Selon Imane, l’implication des jeunes en politique est bien réelle, au regard des nombreuses mobilisations ces dernières années sur le racisme, le mariage pour tous ou la loi CPE, les jeunes interviennent au 1er plan. “Il faut également se poser les bonnes questions sur le modèle de scrutin des élections. Le ton moralisateur de certains n’encourage pas les jeunes à se lever un dimanche matin pour aller voter.”
Finalement, malgré les différences politiques entre ces jeunes. Leur motivation reste intacte : promouvoir des idées politiques et assurer le réveil de la jeunesse.
Vianney, Hugo, Imane et Léna ont fait le choix du militantisme. C’est une charge supplémentaire dans leur emploi du temps, mais les opportunités professionnelles sont bien réelles, ils ont décidé de défendre des valeurs.
Quelques mois après les élections présidentielles 2022. Nous sommes allés à la rencontre de jeunes pour recueillir leurs opinions sur la politique ? Alors concernés ? pas concernés ? Impliqués ? Pas représentés ?
Pour Manon, 18 ans, c’est difficile de se sentir concerné. “Les politiques, ce sont souvent des vieux, les jeunes ne sont pas représentés, c’est difficile de se projeter”, estime la lycéenne.
Un engagement qui “coule de source”
Tandis que pour Asma, c’est différent. La jeune femme est impliquée en tant que déléguée de classe. “La politique, c’est important, c’est une chance même. Ma famille et moi venons de pays où la liberté de vote n’est pas toujours respectée. Mon engagement coule de source. Je veux faire valoir le droit à un avenir juste”, dit-t-elle.
“J’estime ne pas me sentir concerné par la politique, je sais bien que c’est important. Mais lorsqu’on a 18 ans, nos priorités sont différentes. En juin, j’ai voté pour la première fois” nous confie Lucas, étudiant en première année de BTS hôtellerie.
Pour conclure, il est juste de dire que les jeunes ne sont pas tous intéressés de la même façon sur le plan politique. Pour certains, c’est une priorité, tandis que pour d’autres la politique sonne comme une futilité. Et pourtant la France reste l’un des pays les plus politisés au monde.