Fessenheim, la plus vieille centrale nucléaire de France va voir son arrêt total avant fin août 2020. C’est l’occasion de revenir sur son histoire et celle de la région.
La première centrale nucléaire française est sur le point de fermer ses portes. Les raisons étaient nombreuses et les opposants bien plus. Cependant, avec la fermeture de Fessenheim, c’est l’occasion de se rappeler qu’elle est le témoin de plusieurs dizaines d’années de lutte franco-allemande.
Un mouvement anti-nucléaire dés les premières années
Depuis la fin des années 60, des voix s’élèvent pour protester contre la construction d’une centrale nucléaire dans une petite ville du Rhin Supérieur. Une technologie qui n’en était, a l’époque, qu’à ses débuts. Beaucoup de détracteurs s’étaient alors placé en opposition aux projets du gouvernement de De Gaulle puis de Pompidou.
De leur côté nos voisins allemands se sont vu, au même moment, imposer un projet similaire. Que ce soient les habitant de Fessenheim en France ou ceux de Breisach en Allemagne, une envie de dénucléarisation est née. Cela va créer un lien entre ces deux villes que moins d’une vingtaine de kilomètres ne sépare.
Une allemande protestation écoutée
Malgré quelques manifestations en France, le projet fût rapidement adopté. Il faut dire qu’un barrage hydraulique était en place depuis des années dans la région. EDF avait donc déjà un terrain fertile pour l’implantation de la centrale. En revanche en Allemagne, ce n’était pas la même histoire. Des milliers de personnes ont manifesté soutenues par des associations. Ils ont réussi grâce à leurs plaintes à faire plier le gouvernement. La construction n’a donc pas été effectuée dans le lieu prévu au départ.
La création d’une collaboration internationale
L’échec Français et la réussite allemande a motivé une relation internationale. Lorsque le gouvernement fédéral a pris des mesures pour relocaliser le projet à Whyl, elle a crée une seconde vague de protestations. C’est ainsi que le site se retrouva occupé par 25 000 manifestants le 28 février 1975. Cette dernière durera huit mois. Ce n’est qu’en 1983 que la construction de la centrale fut totalement abandonnée.
C’est un exemple du genre de lutte qu’a vécu le Haut Rhin durant les années 80. Finalement une forte mobilisation tant citoyenne qu’associative a permis de voir plusieurs potentielles projets nucléaires tomber à l’eau. Si la centrale de Fessenheim est sur pied depuis 1977, beaucoup d’autres ne le sont pas.
Entre les années 60 et 85, c’est donc la lutte de citoyens engagés des deux côtés du Rhin qui ont permis de dire non aux projets étatiques. C’était la première fois depuis la fin de la guerre qu’une telle opération de coopération franco-allemande se développait. Son succès retentissant a motivé un esprit d’entraide entre les deux communes et plus largement a créé de vrais liens entre les habitants de la région.