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Festival d’Annecy 2018 : une sélection politique ?

Festival d'Annecy : une sélection politique

Préparez vos avions en papier ! Le Festival International d’Animation d’Annecy est de retour et a présenté sa programmation tant attendue. Avec 25 films sélectionnés et une édition précédente de haute volée, que va bien pouvoir nous réserver le Festival d’Annecy 2018 ?

Pour cette 42ème édition, le Festival d’Annecy se place sous le soleil du Brésil ! Le pays sud-américain fête son centenaire de l’animation, un cinéma que l’on peine à découvrir en France. L’occasion de le mettre en avant dans divers événements tout au long de la semaine.

Vieux continent et blockbuster américain

Le cinéma américain est un rouleau compresseur : Disney, Pixar et DreamWorks sont toujours de la partie au Festival d’Annecy mais ils sont rarement en sélection. Cette année ne fait pas exception puisque leur participation se résume à de belles séances événements. Brad Bird vient présenter Les Indestructibles 2 et Genndy Tartakovsky le troisième opus d’Hotel Transylvanie tandis que Dean Deblois dévoilera les premières images de Dragons 3 et Disney révèlera celles des Mondes de Ralph 2.

En dehors des blockbusters c’est le grand retour de la réalisatrice Nina Paley (Sita Chante Le Blues)  qui présente en compétition Seder-masochism, une adaptation atypique du livre de l’Exode. La réalisatrice Joanna Priestley présentera hors-compétition North of Blue, singulier film d’animation à géométrie variable (au sens propre).

Pour en finir avec l’Amérique du Nord, le Canada est timidement présent cette année avec toutefois un film en compétition, Wall, revenant sur les conséquences du mur séparant Israël et la Palestine.

Canada que l’on retrouve dans l’attendue co-production irlandaise Parvana, une enfance en Afghanistan, présenté en work-in-progress l’an dernier et réalisé par Nora Twomey, acolyte de Tom Moore et co-réalisatrice de Brendan et le Secret de Kells. Cette adaptation du best-seller de Deborah Ellis retrace l’histoire d’une jeune afghane sous le régime des talibans, contrainte à se travestir pour nourrir sa famille.

L’Irlande s’associe d’ailleurs à l’Estonie, accompagnée du Royaume-Uni et de la Belgique pour un film de Kaspar Jancis : Captain Morten and the Spider Queen, animation de marionnettes pour un scénario de héros lilliputien au pays des insectes.

Le Royaume-Uni propose un unique film entièrement produit sous l’égide britannique, le déjanté et irrévérencieux Chuck Steel: Night of the Trampires, suite du court-métrage Chuck Steel: Raging Balls of Steel Justice, sorte de Kung Fury en stop-motion à l’humour cradingue dans la veine de Robot Chicken. Preuve s’il en est qu’Aardman n’est pas le seul studio présent en Albion à s’illustrer dans le domaine de la stop-motion.

À écouter > HyperLink #54 – Stop motion : stop ou encore ? (avec Marc Aguesse & Parotaku)

La France jouera à domicile avec deux films très politiques présentés hors-compétitions : la coproduction The Tower, film norvégien réalisé en France parlant d’un camp de réfugiés palestiniens à Beyrouth, et le très attendu Un Homme est mort. Ce film, adapté de la BD du même nom et présenté en WIP l’an dernier, se pare d’un écho surprenant en cette année 2018 puisqu’il parle du meurtre d’Édouard Mazé, abattu par la police durant les grèves ouvrières bretonnes des années 50. Deux films dont la portée politique n’est pas sans rappeler celle qu’Ari Folman avait insufflée à Valse avec Bachir.

Enfin, Michel Ocelot est de retour et ouvre le festival avec une séance événement de son nouveau film Dilili à Paris.

L’Allemagne et la Suisse ne sont pas des pays réputés pour avoir une grande histoire de l’animation, mais proposent respectivement le film jeunesse Marnie’s World et Chris the Swiss, histoire tragique du cousin de la réalisatrice durant la Guerre de Croatie.

Dernier pays européen présent, l’Italie avance un film en compétition, Gatta Cenerentola, une histoire de mafia napolitaine à bort d’un paquebot de croisière futuriste, par le réalisateur de L’arte della felicità.

L’est asiatique toujours plus fort

Le Japon est devenu un incontournable sur la place internationale quand il s’agit d’animation. Le célèbre Mamoru Hosoda (Summer Wars, Les Enfants loups) répond présent et dévoile en avant-première son nouveau film Mirai, ma petite soeur qui explore encore et toujours les thèmes de la famille et de la transmission. Pour les moins mainstream d’entre nous entre également en compétition Okko et les fantômes, le tout nouveau film de Kitarou Kousaka (Nasu), directeur de l’animation sur de nombreux film du studio Ghibli.

Hors-compétition le cinéma nippon sera représenté par Liz and the Blue Bird. Plus connu pour être lié à la saga Hibike Euphonium, c’est un titre très attendu après le succès du premier film de sa réalisatrice Naoko Yamada (A Silent Voice, présent au festival l’an dernier). Ce sera aussi l’occasion de voir le tout premier film de la célèbre scénariste Mari Okada, Maquia – When the Promised Flower Blooms.

En séance événement seront diffusés à la suite les deux premiers films de la trilogie Godzilla : La planète des monstres, dont le second volet sort au Japon mi-mai. Pour les nostalgiques Millenium Actress, chef-d’oeuvre du maître Satoshi Kon, sera diffusé en version restaurée 4K. Enfin, le festival fêtera dignement les 30 ans de Mon voisin Totoro avec une diffusion en plein air.

La Chine était à l’honneur l’an dernier et cela avait été l’occasion de découvrir quelques titres fort sympathiques, et cette année ne fait pas exception. Hors-compétition l’Empire du Milieu sera représenté par Cats and Peachtopia de Gary Wang, réalisateur de Tea Pets sélectionné l’an dernier. Notons la présence de Have a nice day dont la sélection avait fait polémique l’an dernier. Le long-métrage avait en effet été retiré du calendrier des projections sur intervention des autorités chinoises. Volontariste, l’organisation du festival accordera une séance événement au fameux film que la Chine avait voulu censurer.

La petite île de Taiwan propose également un film hors-compétition On Happiness Road, dont le scénario rappelle Souvenirs goutte-à-goutte du regretté Isao Takahata.

Enfin, l’excellent I’ll Just Live in Bando découvert l’an dernier n’aura pas de successeur : la sélection 2018 n’accueillera pas de production coréenne. Partie remise pour le Festival d’Annecy qui annonce sa volonté d’établir au cœur de Séoul le plus gros festival de cinéma d’animation asiatique dès 2019. S’ils jouent à domicile, les coréens pourraient bien revenir en force dans le monde de l’animation à l’échelle internationale.

Des rencontres inattendues

En compétition officielle Tito et les Oiseaux, un film découvert en WIP l’an dernier, est le seul film brésilien de la sélection… Pour autant il n’est pas le seul film sud-américain ! Cette édition devrait mettre en lumière tout un pan méconnu de l’animation, avec en compétition le film colombien Virus tropical et le film Chilien La Casa Lobo. Hors-compétition le Mexique, que l’on connait mieux, est représenté par The Angel in the Clock.

La Russie a amené dans ses valises deux films hors compétitions, Hoffmaniada et Kikoriki : Déjà Vu, troisième film dérivé du célèbre dessin animé russe Kikoriki qui fêtera ses 14 ans en mai.

Le Cambodge présente en compétition Funan, l’histoire d’une femme à la recherche de son fils pendant le régime des Khmers rouges. Le film est le fruit d’une co-production avec la France, la Belgique et le Luxembourg.

Plus étonnant encore, le Moyen-Orient est représenté hors-compétition par The Last Fiction, adaptation iranienne du Livre des Rois, poème épique fondateur de la littérature perse racontant la création du monde jusqu’à l’arrivée de l’Islam.

Volonté du jury ou hasard du calendrier ? Dans tous les cas, cette édition 2018 du Festival d’Annecy n’a pas peur de mettre en avant des sujets délicats. Ce rapide tour d’horizon de la sélection ne doit pas faire oublier le reste de la programmation : sur place se dérouleront également séances en plein air, work-in-progress, expositions, keynotes et conférences, sans oublier les 50 ans des Shadoks et plein d’autres événements et rencontres. Cette année encore Annecy s’annonce comme le plus beau de tous les festivaux.

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