Le groupe anglais Foals revient avec un troisième album, Holly Fire, et marque l’avénement d’un des seuls groupes néo-rocks des dix dernières années qui résiste à l’enchainement musical.
Depuis dix ans, le rock international nous a habitué à une déception constante au fur et à mesure de leur évolution. De The Killers à The Rapture, en réalisant un détour contrôlé vers Bloc Party, le passage de la jeunesse insouciante à la maturité a souvent été une déception grandissante écartant de plein fouet la bonne surprise laissée. Après Antidotes (2009) et Total Live Forever (2010), Foals revient avec un troisième album marquant un virage musical déstabilisant. Une ballade triste à écouter sur un lit, ou au bord du suicide moral. La marque du groupe natif d’Oxford, terre de rock reconnue, a atteint une douce maturité.
Inspirés des formules U2 ou Radiohead vues et revues, la faculté de Yannis Philippakis a transporté son public par une voix prenante aux tripes est désormais reconnue. Holly Fire, l’âge de la maturité. Bercé par le premier titre Inhaler tentative fascinante de rattraper les glorieux modèles tel que Depeche Mode, Foals nous emmène dans son chemin autour du globe. D’inspirations africaines (My Number) à une production pop savante. Continuant son expérimentation musicale, le groupe ne nous ressert pas un plat froid et déjà vu par les désormais anciens espoirs déchus, The Killers pour ne citer qu’eux.
Tête brulée
En ressortent des titres bouleversants, à l’image de Moon et Late Night, l’album peut paraître parfois fragile, tant le mix de guitares puissantes (Inhaler) et d’expérience rock surprenante (Providence) semble s’entrechoquer dans un choc des genres. Mais c’est aussi la richesse de Holly Fire, ce qui en fait sa solidité reconnue. Alors maintenant les portes des grandes salles, des stades ? Possible, si Foals décide enfin d’arrêter de se tirer une balle dans le pied avec sa politique de tête brulée.