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Formule 1 : les 100 Grands Prix les plus marquants du XXIème Siècle – places 60 à 51

Après un break d’une semaine, nous continuons notre top 100 des Grands Prix de F1 les plus marquants du XXIème siècle. Aujourd’hui, on s’occupe des places 60 à 51, avec de nouvelles courses qui ont eu un impact, tout aussi bien sportivement qu’en dehors dans l’histoire de la Formule 1.

60 – Grand Prix d’Autriche 2019 : l’éclosion d’une nouvelle vague

Vainqueur : Max Verstappen (Red-Bull Honda) devant Charles Leclerc (Ferrari) et Valtteri Bottas (Mercedes)

Cette course autrichienne, la 9e de la saison 2019, va marquer un tournant dans une année pour le moins monotone et peut-être également, l’avenir nous le dira, un tournant dans la carrière de Leclerc et de Verstappen. En arrivant en Autriche, la F1 est frappée, martyrisée par la domination des Flèches d’Argent. Alors que l’on s’attendait à un gros combat avec Ferrari et Red Bull en début de saison, les Mercedes ont remporté 8 victoires en 8 courses. Réalisant même 6 doublés dont un, une semaine plutôt sous la chaleur suffocante du Castellet, un circuit référence quant au niveau de performance des monoplaces. Hamilton s’est imposé avec 30 secondes d’avance sur la concurrence…Pourtant en arrivant à Spielberg, le paddock se raccroche peut-être à un souvenir, celui de la course de 2018 qui a vu les deux Mercedes abandonner sur des problèmes mécaniques. Et le tracé court, avec une grande puissance moteur exigée, peut laisser entrevoir des surprises. C’est ce qui va se passer dès la qualification. Leclerc est en pole pour la seconde fois après Bahreïn. A ses côtés comme pour enflammer encore un peu plus la course et le public néerlandais venu en masse faire le trajet jusqu’en Europe Centrale, Verstappen accroche la deuxième place sur la grille, toutefois après la pénalité de Hamilton. Ce dernier reculant de 2 places pour avoir gêné un concurrent durant la séance. Leclerc en revanche ne bénéficiera pas de l’aide de Vettel qui n’a pu réaliser de chrono en Q3, à cause d’un problème technique. Mais cela n’empêche pas le Monégasque d’affirmer ses ambitions, il veut sa première victoire en Grand Prix, il veut faire tomber Mercedes.

Ce dimanche s’annonce bouillant et même encore plus avec la chaleur sur les montagnes de Styrie. C’est une véritable fournaise, 34°C dans l’air. Le départ est logiquement tendu, et celui qui le rate c’est Max Verstappen. Il se loupe totalement, manquant presque de caler, et passe de la deuxième à la septième place. Vettel qui a pris un très bon départ lui est même passé devant. Une fois les McLaren sur le chemin de la reconstruction, effacées, le classement se fige quelque peu. Leclerc devant et avec une bonne marge de 5 secondes sur Bottas, et Hamilton. Vettel et Verstappen sont en embuscade et peuvent toujours prétendre à la victoire, chose auquel ne peut croire Pierre Gasly en cette année 2019. A la dérive, il terminera à un tour de son coéquipier vainqueur…Une humiliation, un camouflet. Vettel aussi vit une course difficile, gâchée à cause d’un changement de pneus trop long. 5 secondes d’arrêt et Verstappen passe. L’Anglais comme le Néerlandais prolongent leur relais. Mais le Britannique donne plus, attaque énormément car le moteur Mercedes surchauffe et est moins puissant. Conséquemment à cela, il fait face aux vibreurs très fermes du virage n°1. Le leader du championnat abîme son aileron et doit repasser au stand pour une opération coûtant une dizaine de secondes supplémentaires. Le podium semble alors figé, avec Leclerc menant la barque, Bottas en embuscade et Verstappen avec des pneus plus frais que les autres, mais partant de plus loin également. Ressorti toutefois derrière Vettel, il faut un long combat de trois tours pour avaler l’Allemand. Le pilote Red Bull est le plus offensif, et revient très fort. A vingt tours de l’arrivée, les trois hommes ne sont séparés que de cinq secondes.

Au 56e tour, l’unique attaque sera la bonne. Verstappen double Bottas en haut du Virage 2, nommé Remus. Le duel peut alors s’engager avec Leclerc. Il sera intense. La remontée est inexorable pour le jeune homme de 22 ans. De quatre secondes de retard à dix tours de l’arrivée, il n’en a plus qu’une à cinq tours de la fin. Au 67e tour, le pilote de l’écurie autrichienne est intimidant. Au 68e il tente une attaque à Remus par l’intérieur qui semble imparable, mais le Monégasque a gardé une bonne sortie de virage et proprement par l’extérieur de la ligne droite et grâce à la puissance du moteur Ferrari, repasse. Nous sommes alors dans l’antépénultième tour. En grand garçon qui a appris sa leçon, le tenant du titre ici l’an dernier sait qu’il doit se montrer plus ferme. Alors au virage 2, il retente la même attaque. Leclerc, semble en mesure de résister mais Verstappen tasse légèrement le pilote de la Scuderia vers l’extérieur de la piste. Celui-ci doit céder. Pour la plus grande joie des supporters néerlandais qui comprennent que leur héros va remporter ce Grand Prix d’Autriche au terme d’un véritable combat d’homme à homme comme on les aime. Une véritable bénédiction pour les amateurs de F1, même s’il faudra attendre plusieurs heures après enquête, pour obtenir la confirmation de la victoire du Hollandais. Le premier à faire tomber les Mercedes. Et Leclerc dans un duel d’étoiles ce soir-là a compris dans quelle direction s’engager. Plus dur, plus ferme, plus agressif, voilà ce que l’on veut voir. 15 jours plus tard à Silverstone c’est avec ce visage là qu’il se présentera (cf Top 80-71). Les deux hommes ont en tout cas incarné le temps d’un après-midi la F1 du futur. Le prélude de futurs combats peut-être ? En tout cas on en redemande.

Max Verstappen, grand vainqueur du jour sur le Red Bull Ring. Il pointe Honda sur sa combinaison, rappelant que le motoriste renoue avec le succès en F1. (source: MakFormula1)

59 – Grand Prix d’Italie 2000 : Schumacher vainqueur dans le drame et les larmes

Vainqueur : Michael Schumacher (Ferrari) devant Mika Hakkinen (Mclaren-Mercedes) et Ralf Schumacher (Williams-BMW)

Dans la vie, il existe des jours, plus que d’autres, où l’on prend conscience de la personne que l’on est. En ce 10 septembre 2000, Michael Schumacher a fait tomber le masque. Auréolé d’une 41e victoire à Monza, le même total que le regretté Ayrton Senna, l’Allemand va fondre en larmes en mondovision comme jamais il ne l’avait fait auparavant, lui, l’homme impassible qu’il laissait paraître. La naissance d’un cœur énorme de champion, pour celui qui a débuté ce jour-là, après un week-end sous tension, le début de son irrémédiable domination sur son sport. Pourtant c’est un euphémisme de dire que le pilote Ferrari n’en mène pas large avant d’arriver sur le terrain de jeu des Tifosi. Après avoir longtemps dominé le championnat, Schumacher a réalisé un été catastrophique. Et après un coup de maître génial de Hakkinen à Spa-Francorchamps, six points séparent le double champion du monde en titre finlandais, de l’enfant de Kerpen. Les deux hommes dans un combat d’étoiles, au sommet, visent le cercle fermé des triples champions du monde. Brabham, Stewart, Lauda, Piquet, Senna c’est cela qui les attend. Il reste quatre courses pour faire la différence, et Schumacher doit absolument réagir. Alors il décide le samedi de prendre les choses en main et de signer la pole, avec qui plus est à ses côtés Rubens Barrichello, son coéquipier. Idéal. Mais rien n’est fait, car on le sait à Monza les départs sont terribles en intensité, et encore plus avec la refonte de cette première chicane simplifiée en un droite-gauche serrée. Un freinage de 320 à 80km/h attend les pilotes. Et bon nombre craignent la catastrophe.

Pourtant au premier virage, tout se passe parfaitement. C’est au second que se produit le drame et le chaos. Frentzen freine trop tard et effectue un strike. De la Rosa part en tonneau par exemple, Barrichello et Coulthard sont hors-course, des débris volent haut et très haut dans un nuage de sable et de graviers. On voit même un pneu tomber jusqu’à près de dix mètres de haut sur les ralentis. Un tiers du plateau est décimé par cet accident. Mais si les pilotes sont heureusement indemnes, ce n’est pas le cas cependant d’un commissaire sur le bord de la piste. La Voiture de Sécurité s’éternise, un pompier est en train d’agoniser percuté de plein fouet par l’un de ces débris qui ont volé. Malgré les tentatives de réanimer cette personne, l’homme décédera tristement quelques heures plus tard à l’hôpital. Un véritable drame dont aucun des pilotes n’a encore pleinement conscience durant le moment de la course. Après dix tours et des pneus bien refroidis, la course est sur le point de repartir, mais un autre moment effrayant manque de se produire. En ralentissant excessivement le peloton derrière lui et en décidant du tempo de la relance, Michael Schumacher est proche de se faire percuter par Jenson Button surpris. L’Anglais finit dans l’herbe et longe le rail. C’est l’abandon pour le pilote Williams. La course peut alors reprendre. Et entre Michael Schumacher et Hakkinen il n’y aura pas vraiment de match, le pilote Ferrari étant supérieur du début à la fin de la course. Certes le pilote finlandais s’accroche, mais jamais il n’a réellement la possibilité de faire la différence sur une course avec une stratégie à 1 arrêt. Derrière pour le podium il y a en revanche un combat. Jos Verstappen et son Arrows, Zonta et sa BAR se battent, mais avec une stratégie à deux arrêts, ces derniers sont moins bien placés que Ralf Schumacher avec sa Williams. L’Allemand plus rapide et plus performant va signer son deuxième podium consécutif. Le 3e de la saison. 

Au bout des 53 tours, c’est donc une victoire sans trop lutter pour Michael Schumacher avec trois petites secondes d’avance sur son rival finlandais. L’espoir de titre est plus que jamais vivace et deux petits points séparent les deux hommes à trois courses de la fin. 41 également c’est le chiffre du jour, l’Allemand rejoint Senna. Un chiffre fort, une symbolique énorme, pour celui qu’il a vu mourir l’année de son premier sacre et à qui il a succédé en tant que star leader de son sport. La folie de Monza, le recul et la prise de conscience sur la magnifique victoire et la portée de celle-ci, le drame en bord de piste avec la mort de ce pompier. Beaucoup trop d’émotions contrastées à supporter pour l’Allemand qui craque en conférence de presse, soutenu par Mika Hakkinen, son seul et unique rival. Ce jour-là, Michael Schumacher est devenu un homme avec un grand cœur et une sensibilité qui a touché le monde entier, derrière le pilote dur, parfois, en piste. Le double champion du monde est entré dans une nouvelle dimension.

Parce qu’un Champion du Monde peut aussi avoir des émotions.

58 – Grand Prix de Hongrie 2001 : le Professeur et Schumacher, un duo d’as

Vainqueur : Michael Schumacher (Ferrari) devant Rubens Barrichello (Ferrari) et David Coulthard (Mclaren-Mercedes)

C’est peut-être parmi notre Top 100 l’une des courses les plus soporifiques présentes dans ce classement. Mais il était impossible de ne pas la mentionner, car il s’agit de deux chiffres, deux statistiques marquantes et un homme qu’a égalé Michael Schumacher ce jour-là. Cet homme est Alain Prost, quadruple champion du monde. Ces chiffres sont 4 et 51. 4 comme le nombre de titres de champions du monde. 51 comme le record de victoires en Grand Prix. Si on ajoute à cela l’officialisation du titre constructeur de Ferrari, le troisième d’affilée, ce Grand Prix de Hongrie est lourd en statistiques marquantes. Il fallait donc l’évoquer. Et cette démonstration de Schumacher, on l’aperçoit dès la séance de qualifications. L’Allemand signe une pole position superbe, huit dixièmes d’avance sur Coulthard, celui qui fut un temps son rival en cette année 2001. 9 sur son coéquipier. Une démonstration de futur champion.

L’Allemand est sur un nuage comme d’habitude. Pourtant il peut avoir des ratés en témoigne une petite sortie de piste dans le tour de mise en grille. Mais avec Schumacher même les sorties de pistes n’ont aucune influence sur ses performances, et c’est ainsi tout naturellement qu’il peut prendre le départ. Et comme pour aider le Baron Rouge dans sa quête de victoire et de titre déjà annoncée, Rubens Barrichello double David Coulthard ce qui va lui permettre de ralentir le tempo et donc à son coéquipier de s’échapper. D’autant plus que le Hungaroring est une piste très étroite, avec un peu de dénivelé, et très sinueuse. Il est donc complexe de dépasser. Hormis Coulthard, Hakkinen est victime des particularités de la piste magyare. Le Finlandais est en effet bloqué pour la cinquième place derrière la Jordan de Trulli moins rapide. Il accumule 49 secondes de retard au bout de 30 tours. Coulthard lui est à 15 secondes de Schumacher. Et les ravitaillements ne changent pas grand-chose du moins pour Coulthard car celui-ci est bloqué quelques instants par un problème de pompe à essence et ressort derrière Barrichello alors qu’il alignait pourtant ses meilleurs tours en course. Hakkinen lui voit Trulli abandonner et remonte sur Ralf Schumacher. Mais manquant d’essence, il doit repasser au stand à quelques tours de l’arrivée. Toutes ces péripéties sont futiles pour Schumacher. Dans une belle photo triomphale résumant l’emprise de la Scuderia, il attend Barrichello. 51e victoire sans forcer, à la Alain Prost avec une gestion phénoménale de son Grand Prix. Le titre de champion du monde, le quatrième et le deuxième consécutif. Comme Prost c’est dans deux écuries différentes que l’Allemand réalise cet exploit. Troisième titre constructeurs consécutif pour Ferrari plus que jamais au sommet. Seule une victoire et une place de vice-champion manquent à Barrichello encore en cette année 2001. Mais pour les Rouges c’est la fête qui est amplement méritée. Pour les adversaires, Mclaren ou Williams, le plus inquiétant est que la suprématie ne fait que commencer…

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Michael Schumacher, la passe de 4. (source : AxleAddict)

57 – Grand Prix de Sakhir 2020 : Perez et Russell, le basculement de deux destins

Vainqueur : Sergio Perez (Racing Point-Mercedes) devant Esteban Ocon (Renault) et Lance Stroll (Racing Point-Mercedes)

Une semaine s’est écoulée entre le Grand Prix de Bahreïn et le Grand Prix de Sahkir. L’effroyable accident de Romain Grosjean est resté dans toutes les mémoires, faisant la une des médias. Le Français nous rassure en nous donnant de ses nouvelles, les mains brûlées. Il ne participera pas à cette course, mais il ne participera pas également au Grand Prix d’Abu Dhabi pour clôturer la saison 2020. Sans contrat pour la saison prochaine, son accident sera donc la dernière image de Romain Grosjean en F1, mais l’image de son saut des barrières à travers les flammes, sera gravée dans l’histoire. A jamais. (voir top 52)

La semaine n’est pas encore finie : Mercedes nous annonce que Lewis Hamilton est positif au COVID, créant la stupeur dans le paddock. Son absence met fin à ses cinq victoires d’affilé, ce qui ouvre la porte aux autres pilotes pour s’imposer ce week-end. Il est alors remplacé par George Russell, le pilote Williams, et c’est tout un public qui accède au rêve de voir Russell avec une voiture performante. En qualifications, il se qualifie deuxième avec seulement 26 millièmes de secondes sur son coéquipier du week-end, Valtteri Bottas, poleman du jour. Max Verstappen se qualifie juste derrière les deux Mercedes, aux côtés de la Ferrari de Charles Leclerc. Tout est en place, alors que ce tracé atypique à la forme d’un circuit ovale, est celui qui compte le plus de tours cette saison : 87 tours. Du jamais vu depuis les années 50, à l’époque où les Grands Prix de Monaco faisaient 100 tours. 

A l’extinction des feux, Russell prend un meilleur départ que Bottas et prend les commandes du Grand Prix dès le premier virage. Le ton est donné chez le pilote Anglais. Leclerc lui, rate son freinage et percute Sergio Perez, ce qui oblige Verstappen à les éviter mais il passe dans le gravier et tape dans les protections. C’est une fin de course pour lui et Leclerc, tant dis que Pérez s’arrête pour chausser des pneus et repart dernier. Il est loin d’imaginer qu’à partir de ce moment, il va effectuer une remontée de maître durant cette course, jusqu’à même se battre pour la victoire : au bout de 47 tours, il est déjà troisième, grâce à une stratégie de maître. Pendant ce temps, les Mercedes restent toujours devant après leur première série d’arrêts. Mais tout va basculer à partir du 60ème tour, lorsque la voiture de Jack Aitken, remplaçant de Russell dans la Williams, tape le rail du dernier virage et laisse son aileron avant sur la piste, voiture de sécurité oblige. Les deux Mercedes s’arrêtent immédiatement, mais lorsque les mécaniciens reçoivent Bottas juste après Russell, ils se rendent compte que les pneus medium qu’ils ont chaussés sur la monoplace de ce dernier, étaient destinés au Finlandais. Bottas perd 27 secondes dans l’affaire, obligeant Russell à refaire un arrêt pour avoir les bons pneus et éviter une pénalité. Pire encore, une crevaison l’attend en fin de course, le plongeant à la quinzième place, mais il sauvera les meubles en terminant neuvième avec le point du meilleur tour. 

Les Mercedes prises au piège, c’est Sergio Pérez qui en profite en prenant la tête lorsque Russell doit s’arrêter au 63ème tour : il conserve la tête pour ne jamais la lâcher, fonçant vers la première victoire de sa carrière après 10 saisons et 190 départs, ce qui est un nouveau record. Il est alors le premier mexicain à remporter une course depuis Pedro Rodriguez en 1970. Juste derrière lui, Esteban Ocon, s’offre son premier podium en carrière après une stratégie brillante du Français. Lance Stroll complète le top 3, les deux Racing Point sont sur le podium. Le rose domine à Sakhir. 

Le plus ironique à l’issue de cette course, c’est que Sergio Pérez est sans contrat pour la saison prochaine, Sebastian Vettel lui ayant pris son baquet lorsqu’il a signé pour la nouvelle écurie Aston Martin en Septembre. Mais quelques jours après la fin de saison, c’est le coup de grâce pour le Mexicain : Red Bull l’annonce pour la saison 2021 aux côtés de Max Verstappen. Une écurie de premier plan. Sa victoire est donc synonyme de sauvetage, le scénario ne pouvait pas être plus beau.

Sergio Pérez, vainqueur sous les feux d’artifices de Bahreïn. (source : Makformula1)

56 – Grand Prix d’Australie 2008 : Et à la fin…il ne reste que Hamilton

Vainqueur : Lewis Hamilton (Mclaren-Mercedes) devant Nick Heidfeld (BMW) et Nico Rosberg (Williams)

Direction Melbourne pour l’ouverture du Championnat du Monde de Formule 1 2008, marqué sous le signe du changement, avec notamment la mise en place d’un boitier électronique par la FIA pour toutes les voitures, retirant les aides électroniques et l’antipatinage pour tous les pilotes, ou encore le moteur et les boîtes de vitesse qui doivent tenir quatre Grands Prix consécutifs sous peine de pénalité sur la grille de départ en cas de changement, avant qu’ils aient tenus ces quatre courses. Chez les pilotes, le retour de Fernando Alonso chez Renault après le fiasco de Mclaren en 2007, fait sensation et nous rappelle ses années glorieuses chez le losange. Sébastien Bourdais, quadruple Champion de ChampCar aux Etats-Unis (l’IndyCar aujourd’hui), est titulaire chez Toro Rosso pour 2008 et devient le premier Français à être sur la grille depuis Franck Montagny en 2006 avec la Super Aguri.  En pleine soif de revanche après avoir loupé le coche en 2007, Lewis Hamilton hausse le ton dès la séance de qualification en signant la pole position. Le numéro 22, collé sur sa monoplace, rappelle que McLaren a été disqualifiée de la saison précédente après l’affaire d’espionnage de l’écurie. Chez Ferrari, le champion du monde 2007, Kimi Raikkonen, se qualifie seulement en 15ème position, tandis que Felipe Massa se qualifie sur la seconde ligne. La surprise vient de BMW, avec la deuxième place de Robert Kubica, sa meilleure qualification en carrière à cet instant-là. Le nouveau pilote Mclaren, Heikki Kovalainen, se qualifie juste derrière le Polonais. Lorsque les feux s’éteignent, le chaos règne déjà : Hamilton prend un départ canon, mais Kubica et Massa ratent leur départ, ce dernier perd le contrôle de la monoplace dès le premier virage et casse son aileron avant. Derrière c’est le grabuge, emportant cinq pilotes à l’abandon, qui sont Giancarlo Fisichella, Sebastian Vettel, Mark Webber, Jenson Button et Anthony Davidson. La voiture de sécurité est déjà de sortie, tant dis que Kimi Raikkonen a fait un bond de sept places et se retrouve déjà dans le top 8 de la course à l’issue du premier tour.

Ce premier incident de la saison, va en suivre d’autres sur ce premier Grand Prix de l’année, ce qui rendra la course unique en son genre. Au 26ème tour, Massa accroche la Red Bull de David Coulthard qui provoque l’abandon de ce dernier, nouvelle intervention de la voiture de sécurité. Massa doit abandonner plus tard, moteur cassé. 44ème tour, c’est Timo Glock qui est victime d’une sortie spectaculaire, sans conséquences pour le pilote Toyota, mais les images de la voiture qui décolle du vibreur avant de partir en toupie sur le muret de protection, sont impressionnantes. Encore une fois, la voiture de sécurité est obligée d’intervenir. C’est la troisième fois sur cette course. Une fois l’intervention finie, c’est un autre pilote qui est victime d’un accrochage : Auteur d’une qualification irréprochable, Kubica s’accroche avec le rookie, Kazuki Nakajima. Pas d’intervention de la voiture de sécurité, mais ce dernier sera pénalisé au Grand Prix suivant pour cet accrochage.

A la bataille avec Fernando Alonso et Heikki Kovalainen pour les points, Kimi Raikkonen, doit abandonner pour une panne mécanique. Coup de théâtre pour le Champion et les Ferrari qui n’atteindront pas l’arrivée pour ce premier rendez-vous 2008. Mais le Finlandais arrivera à se classer huitième, notamment grâce à la disqualification de Rubens Barrichello après course, pour avoir grillé le feu rouge pendant son arrêt au stand à la mi-course. Pendant ce temps, Sébastien Bourdais, alors auteur d’une belle performance, partant 17ème et se retrouvant quatrième devant Alonso et Kovalainen à quelques tours de la fin, doit également abandonner, casse moteur. Le Français de chez Toro Rosso, se classera tout de même septième et marque les premiers points d’un pilote français en F1 depuis Olivier Panis en 2004. Sept voitures arriveront jusqu’à la ligne d’arrivée de ce Grand Prix. 

Au final, celui qui a résisté à tous les événements et qui a survécu, c’est bien Lewis Hamilton : l’Anglais signe sa première victoire de la saison, devant la BMW de Nick Heidfeld et la Williams de Nico Rosberg, qui ont réalisé une incroyable performance, grâce aux faits de courses et à la stratégie. Hamilton et Rosberg se retrouvent sur le podium, deux amis qui se connaissent depuis le karting, et deux champions de GP2. Nous sommes alors loin d’imaginer qu’un jour, ces deux pilotes allaient se battre pour le titre quelques années plus tard, et devenir à leur tour, champions du monde de Formule 1… 

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Lewis Hamilton et Nico Rosberg sur un podium de Formule 1, sans se soucier de ce qu’il leur attendait dans les années suivantes; (source : Dailymail)

55 – Grand Prix d’Europe 2012 : Alonso enflamme l’Espagne

Vainqueur : Fernando Alonso (Ferrari) devant Kimi Raikkonen (Lotus-Renault) et Michael Schumacher (Mercedes)

7 courses. 7 vainqueurs. C’est le bilan improbable et renversant de cette saison 2012, dont aucun pilote ne semble se dégager en grand favori : Button a gagné à Melbourne en étant le plus rapide. Alonso a réalisé un miracle à Sepang (voir le TOP 70), Rosberg a triomphé pour la première fois en Chine, tout comme Maldonado a Barcelone (voir le TOP 90). Vettel a affirmé son statut de champion du monde à Bahreïn et enfin Hamilton a triomphé au Canada. Lors de ce Grand Prix d’Europe, un de ces sept hommes va enfin s’affirmer comme favori au championnat. Cet homme est le plus régulier depuis le début de la saison, et c’est Fernando Alonso. L’Espagnol est en deuxième position au championnat avec une F2012 qui est très loin d’être la plus performante du plateau. Et le samedi après une onzième place en qualifications, difficile d’envisager la victoire sur un circuit urbain, qui ne lui a jamais réussi depuis son inauguration en 2008. En revanche, la possibilité d’un duel au sommet entre Vettel et Hamilton respectivement troisième et leader du championnat, est forte. Ils monopolisent la première ligne de ce Grand Prix à l’issue de la séance. 21 pilotes seront au départ de ce Grand Prix, Timo Glock est forfait suite à un problème aux intestins.

A l’extinction des feux, Vettel et Hamilton prennent un départ canon, comme la Lotus de Romain Grosjean, partie en seconde ligne, qui double Maldonado et se positionne troisième sous les roues de Hamilton. Le Français veut continuer sur sa lancée après sa deuxième place à Montréal, et dépasse même la McLaren pour le gain de la deuxième position au 9ème tour. C’est dans ce même tour que la première fenêtre d’arrêts commence, Jenson Button et Sergio Pérez sont les premiers à effectuer un arrêt au stand, les autres suivront dans les tours qui suivent. Après une vingtaine de tours, Vettel devance Grosjean de 21 secondes, suivi de Hamilton, Alonso, Raïkkönen et Maldonado. L’accrochage entre Kovalainen et Vergne au 27ème tour, provoque la sortie de la voiture de la sécurité, et sera le premier rebondissement de ce Grand Prix.

Lorsque la voiture de sécurité rentre au 33ème tour, Alonso est à l’attaque et dépasse Grosjean pour la deuxième place. Quelques minutes plus tard, c’est la stupeur dans le clan Red Bull : Sebastian Vettel, confortablement en tête, est victime d’un problème d’alternateur et doit renoncer. La fiabilité de la Red Bull est un problème clé dans la saison de Vettel, et lui coûte la victoire cet après-midi là. Son abandon fait les affaires de Alonso, qui se retrouve en tête de la course. Romain Grosjean, auteur d’une course irréprochable, doit aussi abandonner pour un problème d’alternateur, c’est à ce moment-là que le podium se construit : Hamilton, deuxième avec des pneus détruits, doit laisser sa place à Kimi Raïkkönen. Maldonado, quatrième, veut attaquer Hamilton mais il s’accroche avec ce dernier, qui abandonne. Cet accrochage va faire les affaires d’un certain Michael Schumacher, qui au volant de sa Mercedes, va signer son premier podium en Formule 1 depuis le Grand Prix de Chine 2006, et depuis son retour à la compétition en 2010.

En arrivant sur la ligne d’arrivée en tant que vainqueur, Fernando Alonso devient le premier pilote à remporter deux courses en 2012, sous le regard de son public espagnol, debout devant l’idole. Il célèbre à sa manière, donuts et drapeau de l’Espagne à la main, et rejoint deux de ses plus grands rivaux sur le podium, deux autres grands noms de la Scuderia, en le nom de Kimi Raïkkönen, et de Michael Schumacher. Il part de Valence en tant que leader du Championnat. C’est la magie du Toréador.

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Trois Champions du Monde sur le podium, une génération qui se retrouve. (source : MakFormula1)

54 – Grand Prix de Malaisie 2009 : la tornade Button

Vainqueur : Jenson Button (Brawn-Mercedes) devant Timo Glock (Toyota) et Nick Heidfeld (BMW)

Après un doublé sensationnel de Brawn GP en ouverture de la saison en Australie, que l’on a décrit dans notre top 60 il y a quinze jours, c’est sur un circuit plus référencé que se présente, une semaine après seulement, le paddock de la F1. Des questions logiques se posent. Est-ce que Melbourne fera figure d’exception ou sera au contraire la norme en 2009 ? Alors que toutes les polémiques se concentrent sur les nouveaux diffuseurs, Brawn GP, Williams et Toyota étant notamment dans l’oeil du cyclone, mais aussi sur Lewis Hamilton disqualifié du GP d’Australie, on guette avec attention la possible résurgence des gros bras Ferrari, Mclaren voire Renault et BMW.

Mais en qualification, la norme reste la même : Jenson Button signe une nouvelle pole position, devant les deux Toyota de Jarno Trulli et de Timo Glock. La Williams de Nico Rosberg complète la seconde ligne, alors que Rubens Barrichello cale sa Brawn seulement en huitième position. BMW et Ferrari s’interposent dans cette grille de départ, alors que Mclaren fait profil bas. Lorsque les voitures terminent le tour de formation, des nuages menaçants font surface autour du circuit de Sepang, on pourrait alors imaginer que la pluie va se présenter, mais le départ se fait sur le sec. Nico Rosberg surprend tout le monde au départ en prenant l’avantage sur la Brawn GP de Button et les deux Toyota, tant dis que la Renault de Fernando Alonso prend un départ canon et se retrouve troisième, avant d’être doublé à nouveau par Button. Heikki Kovalainen sort dans le gravier et abandonne, suivi par Robert Kubica qui doit renoncer pour un problème moteur. Après cinq tours, Rosberg suit la cadence devant Button, Barrichello, Alonso, Raikkonen, Glock, Heidfeld et Vettel. Ce dernier ouvre le bal des premiers arrêts aux stands au 13ème tour, dans lequel Brawn GP sera vainqueur puisque Button et Barrichello seront devant. Le grand perdant de ce jeu d’arrêts est Kimi Raïkkönen, Ferrari pensait bien faire en chaussant des pneus pluie au Finlandais. Mais la pluie n’apparaît pas avant le 22ème tour, et les pneus sont déjà usés avant que les premières gouttes de pluie fassent surface. C’est alors que tout le monde se précipite dans les stands pour chausser des pneus intermédiaires ou des gommes dites ‘’extrême pluie’’, alors que la pluie arrive jusqu’à un orage violent qui va faire apparaître des trombes d’eau sur la piste. Giancarlo Fisichella, Sebastien Buemi et Sebastian Vettel sont victimes d’une sortie de piste suite à cet orage qui aura raison sur la direction de course : Après l’intervention de la voiture de sécurité, les commissaires sortent le drapeau rouge au 33ème tour, ce qui interrompt la course. La pluie ne cesse pas, la nuit est sur le point de tomber, la course ne reprendra pas sous décision de la direction de course.

Jenson Button sera donc vainqueur de ce Grand Prix, devant la BMW de Nick Heidfeld et la Toyota de Jarno Trulli, mais ne recevra que la moitié des points puisque les voitures n’ont pas effectué le trois-quart de l’épreuve. Etant donné que le vainqueur marquait 10 points à cette époque, 5 points seront donc attribués pour Button. Mais le plus important, c’est que Brawn GP signe sa seconde victoire d’affilée et continue sur sa lancée de Melbourne. Le message est envoyé aux autres écuries, la voiture blanche aux lignes jaune fluo veut être dangereuse en 2009. Et elle va l’être… 

53 – Grand Prix de Belgique 2014 : Hamilton-Rosberg, l’explosion

Vainqueur : Daniel Ricciardo (Red Bull-Renault) devant Nico Rosberg (Mercedes) et Valtteri Bottas (Williams-Mercedes)

A Spa-Francorchamps en cette fin d’été, c’est le sprint final de la saison 2014 qui débute. Régulièrement la simple évocation du Grand Prix de Belgique fait basculer le championnat dans une autre dimension lorsqu’il y a un enjeu fort au championnat. Ce qui est précisément le cas, même si la lutte est interne et ne se résume qu’à un duel entre Nico Rosberg et Lewis Hamilton. Les deux hommes écrasent le championnat ne cédant que deux victoires à Daniel Ricciardo. Rosberg a gagné à quatre reprises, Hamilton à cinq. Pourtant c’est l’Allemand qui est en tête du championnat avec 11 points d’avance sur son coéquipier. Entre les deux hommes plusieurs grands moments de tensions ont eu lieu comme le duel fabuleux à Bahreïn, l’épisode vicieux de Rosberg à Monaco en qualifications. Mais malgré une bataille qui se prolongera par une finale à Abu Dhabi, comme vous avez déjà pu le constater en lisant précédemment les différents tops, aucun de ces moments n’atteindra l’intensité brève mais unique de ce GP de Spa-Francorchamps. Entre les deux hommes, liés par une amitié avant de se côtoyer chez Mercedes, plus rien ne sera jamais comme avant à partir de cet accrochage et jusqu’à la retraite de Rosberg fin 2016. Dès les qualifications, le duel au sommet prend forme. Sous la pluie, conditions où Hamilton excelle, en temps normal, plus souvent que Rosberg, c’est pourtant l’Allemand qui décroche la pole. Les Flèches d’Argent atomisent d’ailleurs la concurrence, puisqu’elles décrochent la première ligne avec plus de deux secondes d’avance sur Vettel et Alonso, qui pourtant lorsqu’il pleut se sentent comme des poissons dans l’eau. Mais le lendemain, c’est sur piste sèche que le départ est donné.

Ce départ, le leader du championnat va mal le négocier. Hamilton mais aussi Vettel le dépassent avant l’épingle de la source. Mais Rosberg ne s’en laisse pas compter. Il va profiter d’un Vettel qui freine trop tard au bout de la grande ligne droite des Combes pour reprendre d’abord sa 2e place. Surtout, au tour suivant l’Allemand veut plus, il veut récupérer son dû, la première place. Alors au meilleur endroit possible, au bout de la ligne droite de Kemmel, il attaque son coéquipier. Et c’est le drame. En se rabattant mal derrière Hamilton car trop juste, le pilote Mercedes casse une grosse ailette de son aileron avant. Surtout il entraîne la crevaison de Hamilton. Le box Mercedes peut fulminer et il y a de quoi, une catastrophe intersidérale qui vient tout faire basculer. Hamilton repart dernier, Rosberg reste en piste avec une voiture abîmée. Quelques tours plus tard et après avoir notamment pris un débris de pneu sur le devant de sa voiture, il doit se rendre à l’évidence en rentrant aux stands et en cédant momentanément la première place à Daniel Ricciardo. Ce dernier dans le chaos a doublé en effet Alonso et Vettel, sans même que la réalisation s’en aperçoive pour prendre la tête. L’Australien, le seul à avoir battu les Flèches d’Argent, à deux reprises cette saison, au Canada et en Hongrie, sait qu’il y a un coup à jouer. Car Rosberg arrêté et affaibli en quatrième position, car Hamilton largué dans les méandres du classement, il voit en plus Alonso subir une pénalité de cinq secondes à cause de ses mécaniciens présents trop tardivement sur la grille de départ avant le tour de formation. De plus Raikkonen, sorti du trou noir pour la seule fois de la saison, et Vettel ne sont pas assez rapides pour le devancer.

Il creuse l’écart sur son réel concurrent Rosberg, qui malgré son erreur du deuxième tour, reste compétitif, et vise la victoire. Sept secondes après 15 tours, et bientôt 30 à mi-course lorsque Rosberg effectue un second arrêt pour chausser des pneus médiums. Derrière ces deux hommes et derrière Bottas, dont la Williams est très performante avec son moteur Mercedes, sur ce circuit à haute vitesse de pointe, ça chiffonne entre Magnussen, Alonso, Raikkonen, Button et Vettel. Au 37e tour, Alonso semble avoir trouvé la clé, mais Magnussen le tasse de manière inconsciente à plus de 300km/h dans la grande ligne droite des Combes. Logiquement le Taureau des Asturies est fou de rage. Magnussen va rendre fou également Button bien revenu. Son coéquipier tente de le doubler à l’extérieur à Rivage mais il est tassé. Alonso retente sa chance au 43e tour mais ne trouve pas la faille face à un Danois défensif mais aussi exaspérant et à la limite du dangereux pour garder sa position. Alonso furieux est battu pour la première fois de la saison par son coéquipier Raikkonen. Mais le Finlandais ne termine que quatrième, et laisse passer là sa seule chance de podium en 2014. Devant, Rosberg avait tenté le pari de chausser des pneus tendres à huit tours de l’arrivée pour fondre sur Ricciardo. Mais sa stratégie à trois arrêts est trop tardive. L’Australien va l’emporter pour la troisième fois de la saison. Une performance exceptionnelle pour celui qui fait face, dans son équipe, au quadruple champion du monde en titre. Malgré tout Rosberg fait une bonne affaire dans un chaos qu’il a lui-même provoqué. Hamilton a renoncé, voyant bien qu’il combattait pour rien. Un 18-0 qui semble faire mal, l’avance de Rosberg étant de 29 points, le plus gros écart de la saison et ce alors qu’on rentre dans le sprint final. 

Mais cet avantage n’est qu’un leurre, un trompe l’œil énorme. Dans le débrief du Grand Prix au sein de l’écurie de Brackley, Rosberg sera mis face à ses torts. Un moment qu’il aura du mal à avaler et à encaisser. Quinze jours plus tard il commettra deux fautes majeurs à Monza offrant la victoire à Hamilton, l’Anglais est alors lancé vers la dynamique d’un deuxième sacre. Entre les deux hommes plus que jamais, Spa-Francorchamps aura tout fait basculé…

Ricciardo en profite, Mercedes-Benz en crise | Radio-Canada.ca
Le contact qui a tout chamboulé entre Lewis Hamilton et Nico Rosberg. (source : F1)

52 – Grand Prix de Bahreïn 2020 : Grosjean, la peur d’une vie 

Vainqueur : Lewis Hamilton (Mercedes) devant Max Verstappen (Red Bull-Honda) et Alexander Albon (Red Bull-Honda)

Soyons honnêtes, l’édition 2020 du Grand Prix de Bahreïn n’est pas censée faire partie du top 100, sportivement parlant. Mais si on regarde cette course d’un autre œil, elle a son importance dans l’histoire de la F1 et l’histoire de la sécurité automobile, car une vie a été sauvée grâce aux efforts et à la technologie que le sport automobile a apporté pour la sécurité des pilotes. C’est pour cela qu’elle a sa place.

L’effroyable accident de Romain Grosjean dans les premiers mètres de la course est une image d’une extrême rareté : à l’entrée du virage 3, sa Haas percute l’Alpha Tauri de Daniil Kvyat et tape le rail de sécurité, à pleine vitesse. La monoplace se brise en deux et explose, la cellule de survie est encastrée dans le rail et s’enflamme immédiatement, drapeau rouge immédiat. Le cœur des spectateurs s’arrête pendant un moment, pensant au pire, jusqu’à ce que la FOM nous montre Grosjean, marchant aux côtés des commissaires de piste et monte dans la voiture médicale. C’est un soulagement, mais l’émotion est encore très forte. Le replay montre le Français en train de sauter par-dessus la barrière, autour des flammes, commissaires autour, une image des plus héroïques. Les images de l’accident sont choquantes. En réalité, 28 secondes se passent entre la venue des flammes et la sortie de Grosjean. Le verdict : ses mains sont brûlées, il sera emmené à l’hôpital où il y passera une nuit d’observation et enverra des messages sur les réseaux, les deux mains bandées, ce qui nous fera chaud au cœur. 

Cette survie est principalement dûe au halo, dont le Français n’avait pas pris parti lorsque ce système est arrivé en Formule 1 en 2018. Mais en réalité, ce demi-rayon au-dessus du casque est devenu une vraie technologie de survie, et ce n’est pas pour rien qu’elle a été introduite dans toutes les compétitions de monoplaces. Le décès de Jules Bianchi en 2015, est une avancée majeure dans le sport automobile, et Grosjean y fera référence quelques jours plus tard en interview.

Sur le côté sportif, Lewis Hamilton remporte ce Grand Prix, son cinquième succès d’affilée. Les deux pilotes Red Bull, Max Verstappen et Alexander Albon, rejoignent le podium, ce dernier marque son deuxième podium de sa carrière après de la casse moteur de la Racing Point de Sergio Pérez, qui faisait une course irréprochable, loin d’imaginer qu’il serait vainqueur la semaine suivante. Il n’y aura aucune célébration sur le podium, tout le monde ne pense qu’à l’accident de Romain Grosjean. Un véritable miraculé de la vie.

51 – Grand Prix de France 2004 : Brawn, Schumacher, Todt : la dream team au sommet

Vainqueur : Michael Schumacher (Ferrari) devant Fernando Alonso (Renault) et Rubens Barrichello (Ferrari)

La définition d’une dream team, et des plus grandes équipes, c’est que même lorsqu’elle est dans les mauvais jours, elle trouve en permanence les solutions pour s’en sortir et pour gagner. En 2004, Ferrari a trouvé la clé à 15 reprises en 18 Grands Prix. Et ce Grand Prix de France est peut-être la plus belle illustration de la toute puissance des rouges non seulement en 2004 mais aussi sur la période de leurs cinq titres. Car en face l’adversaire est coriace. Renault plus que jamais en forme et qui réalise une course stratégiquement parfaite. Les bleus sont à domicile, et sont qui plus est magnifiés par Alonso. Si ces derniers ne croient pas au titre, qui est déjà quasiment acquis à Schumacher alors qu’on est à peine à mi-saison, ils rêvent cependant d’une belle victoire à domicile. La dernière Renault à avoir gagné en France, c’était René Arnoux en 1982. Alonso lui fait absolument tout le travail qu’il faut également pour placer une Renault en haut de l’affiche. Le samedi il signe une pole position magistrale. Schumacher n’échoue qu’à deux dixièmes. Et entre les deux, le duel au sommet est annoncé, sans coéquipier pour réellement aider, Jarno Trulli est cinquième, Rubens Barrichello est dixième. 80 000 spectateurs garnissent alors les tribunes de Magny-Cours.

Au départ, l’avantage va même basculer dans le camp de l’écurie au Losange. Un 2vs1 peut en effet s’amorcer. Car si Alonso garde la tête devant Michael Schumacher, Trulli grimpe au 3e rang et peut mettre la pression. Pendant ce temps Coulthard lui s’est loupé et perd deux places. Très vite, alors que Barrichello remonte, l’Espagnol et l’Allemand impriment un très gros rythme leur permettant de creuser l’écart rapidement. Les deux hommes possèdent six secondes d’avance sur Trulli après huit tours. C’est alors que Schumacher stoppe pour la première fois au 11e tour et Alonso au 14e. L’Espagnol avait donc embarqué plus d’essence en qualifications. C’est le début d’une bataille stratégique jusqu’aux 70 tours qui s’annonce. Pour le moment l’avantage est conservé par le Taureau des Asturies, car Schumi reste bloqué à la sortie des stands derrière Sato, ce qui le ralentit. Mais le japonais voit son moteur cédé et le Baron Rouge a le passage dégagé. Revenu derrière Alonso, Schumacher décide de s’arrêter une seconde fois au 28e tour, mais cette fois-ci l’allemand contrairement à ce qui est attendu embarque peu d’essence. Est-ce pour faire une différence immédiate ou pour pouvoir ensuite adapter la modalité du 3e arrêt sur le plan stratégique et en terme de quantité de carburant ? En tout cas lorsque Alonso rentre au 32e tour, il met plus d’essence et ressort derrière l’Allemand. Mais ce dernier le sait, rien n’est fait. Il faut creuser l’écart et enchaîner un véritable sprint, avec des tours de qualification. Ce qu’il se charge de faire en signant le meilleur tour en course en 1:15:377. A moins de deux secondes de son tour de qualification. Impressionnant, et on sent alors peut-être poindre l’odeur d’une victoire rouge. Au tour 42, le Baron rouge avait creusé l’écart mais il rentre. Là encore l’arrêt est court en temps et en litres de carburant, il devra repasser une quatrième fois par la case stand. Alonso, lui, stoppe quatre tours après. En ressortant, il a dixsecondes de retard, l’Espagnol ne doit rien lâcher, car lui ne s’arrêtera plus. Mais c’est là que s’illustre toute la malice de la Scuderia Ferrari. Magny-Cours possède la voie des stands la plus courte de toute la saison, environ 18 secondes de traversée, arrêt compris. De plus, l’arrêt du sextuple champion du monde sera très court. Un “Splash and dash” comme on le qualifie alors en anglais.  

58e tour, l’instant de vérité. Schumacher arrive aux stands nanti de 21 secondes d’avance après avoir creusé durement l’écart avec une voiture plus légère en carburant. Si Ferrari réussit l’arrêt, l’incroyable pari rouge sera réussi. Cinq secondes d’arrêt aux stands à peine, l’Allemand est devant. Renault et Alonso sont battus. La science tactique de Ross Brawn a encore fait parler la poudre. Car c’est bien avec sa stratégie à quatre arrêts, et ce six ans après avoir inventé une tactique à trois arrêts dont un de plus pour gagner, que le Baron Rouge remporte sa 79e victoire en carrière. Un chiffre faramineux. Un 9/10 en cette saison 2004. Et pourtant Alonso a tout donné, car il ne s’agissait pas d’une course, mais de 70 tours de qualifications au sens propre du terme. En l’espace d’1h30, Schumacher et Alonso ont réinventé leur sport ou presque, avec une course d’une intensité exceptionnelle. Et comme pour assommer un peu plus leurs adversaires, Rubens Barrichello est revenu de loin et va chiper la troisième place du podium à Jarno Trulli (Renault) dans…le dernier virage. Ferrari 2, Renault 0. L’écurie italienne a fait étalage de toute sa classe. En face les écuries comme BAR-Honda avec Button cinquième, mais plus encore Mclaren-Mercedes ou Williams BMW ne peuvent que s’incliner. Car cette machine à gagner n’est pas une équipe, mais une Dream Team. Des temps qui semblent bien loin aujourd’hui…

Michael Schumacher, au sommet de son art. (Source : MaxF1)
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24 ans, amateur de catch américain, basket-ball, de musique et de course automobile.
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