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Formule 1 : les 100 Grands Prix les plus marquants du XXIème siècle – places 70-61

En cette nouvelle semaine, nous continuons notre top 100 des Grands Prix de F1 les plus marquants du 21ème siècle. Aujourd’hui, on s’occupe des places 70 à 61, en s’approchant tout doucement du top 50. Les choses commencent à devenir sérieuses.

70 – Grand Prix d’Australie 2010 : Button le maître-tacticien

Vainqueur : Jenson Button (Mclaren-Mercedes) devant Robert Kubica (Renault) et Felipe Massa (Ferrari)

Cette deuxième course de l’année 2010, intervient à un moment salvateur pour la F1. Après un ennui total à Bahreïn, ce Grand Prix absolument fantastique, va venir réconcilier la F1 avec son public, mais aussi avec ses dirigeants extrêmement critiques à l’issue de la première course. Il faut dire qu’en ce début de saison, le casting est magnifique : Michael Schumacher septuple champion du monde, Alonso double champion du monde, Hamilton et Button champion du monde, Vettel et Massa vice-champions du monde. Un plateau digne d’un repas de Noël. Mais en qualifications, le grand suspense ne règne pas. Pour la deuxième fois en deux courses, Vettel est le poleman, devant son coéquipier Webber. La Red Bull est bien la meilleure monoplace de ce début de saison, même si elle ne l’avait pas confirmé en course à Bahreïn, à cause d’un problème de bougie. A l’inverse, Lewis Hamilton est en difficulté. Seulement 12e de la qualification, il se signale aussi hors piste, par des queues de poissons sur les routes australiennes qui lui valent une amende par la police. Dur week-end pour Lewis.

Le lendemain cependant les cartes sont rebattues. En effet peu avant le départ, il se met à pleuvoir ce qui oblige les écuries à changer leurs plans et à partir en pneus intermédiaires. Sur une piste glissante, les monoplaces sont piégeuses au départ et ceci se voit dès le départ par la pagaille créée dans le peloton. Massa réussit un départ excellent et bondit à la 2e place. Il partait pourtant 5e. Jenson Button touche lui légèrement Alonso et l’envoie en tête-à-queue au premier virage. L’Espagnol est dernier. Michael Schumacher doit contourner cet accrochage, va dans l’herbe et cabosse donc sa Mercedes, ce qui l’oblige à aller changer son aileron avant.

Pour finir, ce premier tour fou est marqué par un gros accident au virage 6, entre Kobayashi qui perd son aileron avant et fait un strike avec Hulkenberg et Buemi obligeant la sortie de la Voiture de Sécurité. Une fois celle-ci qui se retire, la piste s’assèche. Button le sent et s’arrête entre 2 à 5 tours avant tout le monde pour mettre les pneus secs. Il enchaîne les meilleurs tours et quand les autres s’arrêtent il est trop tard pour tous sauf pour Vettel qui garde la tête. Mais Button est deuxième devant Kubica, et un groupe de fous furieux Massa-Webber-Hamilton-Rosberg et plus loin, Alonso, qui remonte. On a disputé cependant que 15 tours jusqu’à alors. Et Massa se fait attaquer par Webber. Mais ce dernier, après avoir effacé Massa, se fait attaquer par Hamilton qui veut doubler le Brésilien et l’Australien en deux virages seulement. Le local du pays résiste trop et finit dans les graviers et est proche d’embarquer le Britannique avec lui. Il perd gros et se fait doubler par Massa, Hamilton, Rosberg et Alonso. Au tour 23, c’est Hamilton qui s’attaque à Massa et passe. Alonso revenu dans les roues du brésilien s’essaye à son tour. Mais enfermé c’est Webber qui repasse. Finalement l’ensemble de la course sera un ballet incessant de dépassement entre ces cinq hommes, mais deux stratégies différentes finissent par se dégager.

D’un côté Button, Kubica, Massa et Alonso décident d’aller jusqu’au bout avec 1 arrêt seulement. De l’autre Rosberg, Hamilton, Webber passe en 2 arrêts. Vettel lui n’est plus là. Alors largement leader, il subit au 27e tour une sortie de piste. Celle-ci, causée par une casse de freins, l’oblige à renoncer. Peut-être déjà une deuxième victoire qui s’est envolée. Button en profite pour prendre la tête, et ne sera lui jamais réellement inquiété. Car il est le seul à gérer à la perfection l’usure de ses gommes. Un pilotage doux, coulé et c’est les pneus Bridgestone qui remercient le champion du monde en titre de sa sagesse. Derrière Kubica non plus n’est pas inquiété. Contrairement à Massa en difficulté qui freine un peu son coéquipier Alonso, sévèrement attaqué en fin de course. L’Espagnol voit dans l’avant-dernier tour Hamilton l’attaquer à l’extérieur du virage 13. Mais le pilote Ferrari bloquant ses roues en freinant tard, l’Anglais est prêt à se rabattre. Cependant juste derrière lui Webber surpris accroche Hamilton, et l’envoie dans les graviers. L’Australien à l’issue d’une course chaotique sera neuvième, Hamilton sixième. Alonso lui gardera sa quatrième place. Ces 3 hommes ont fait le spectacle et le bonheur de tous les téléspectateurs durant 57 tours. Mais pour n’avoir pas su se tenir durant 58 tours ils ne monteront pas sur le podium d’une course remportée par Jenson Button, plus doux et plus alerte quant à la gestion des gommes et à la stratégie pneumatique. Pour sa deuxième course chez Mclaren, la maison de Hamilton, le champion du monde 2009 justifie son statut et frappe fort. L’Anglais a fait parler son talent encore une fois à ceux qui l’auraient oublié…   

Jenson Button, Robert Kubica, Felipe Massa - Felipe Massa Photos - The 2010  Australian Grand Prix Winners Podium - Zimbio
Un Jenson Button tout sourire pour sa première victoire chez Mclaren, aux côtés de Robert Kubica et de Felipe Massa. (source : FlynetPictures)

69 – Grand Prix de Belgique 2004 : La 7e merveille du monde de Schumacher

Vainqueur : Kimi Raikkonen (Mclaren-Mercedes) devant Michael Schumacher (Ferrari) et Rubens Barrichello (Ferrari)

Après une édition 2003 annulée en raison de la législation anti-tabac en Belgique qui a eu raison sur les intérêts financiers de la F1, le circuit de Spa-Francorchamps fait son grand retour en cette saison 2004 dominée par le grand Michael Schumacher, vainqueur de 12 Grands Prix sur 13 disputés à ce moment là, un parcours quasi parfait encore jamais vu dans l’histoire de la Formule 1. Mieux encore, il peut être sacré une septième fois ce week-end à une seule et unique condition : il doit avoir deux points de plus que son coéquipier et dauphin, Rubens Barrichello, sur ce week-end belge. La Scuderia Ferrari, elle, a déjà été titrée. Le décor est planté.

Pourtant lors des qualifications, ce n’est pas les rouges qui seront devant, mais bien une voiture bleue. Celle de Trulli en pleine résurrection. Avec Alonso en embuscade, troisième, mais un Schumacher toutefois bien placé aussi, en deuxième position, c’est un magnifique match qui s’est déroulé. Le tout sous une pluie battante comme seul Spa-Francorchamps peut en connaître.

Le lendemain, c’est toutefois sur sec que la course démarre. Une course échevelée qui voit directement les deux Renault prendre les devants. Cependant ces derniers sont rapidement interrompus par la voiture de sécurité et un gros accident au sommet du Raidillon. Celui-ci implique quatre voitures, Webber, Sato, Bruni et Pantano. Des débris importants subsistent, et une voiture est légèrement en flammes. La course repart alors, et va s’ensuivre une cascade d’incidents faisant de ce GP de Belgique une course à éliminations entre gros bras. Au onzième tour, Alonso abandonne sur un tete-à-queue dans la descente. Il est causé par l’huile énorme sur ses pneus arrière rendant sa Renault instable, et plus glissante que du savon. Un tour après Alonso c’est Coulthard qui crève dans la grande ligne droite des Combes et perd alors toute chance de briller. Ce ne sera pas le seul dans ce cas. La cause étant sûrement une piste mal nettoyée après l’accrochage du premier virage. Plus loin au vingtième tour, Trulli qui avait cédé la tête à Raikkonen après le premier arrêt va s’accrocher avec Montoya à la chicane de l’arrêt de Bus. Les deux Renault sont hors course pour les points ce qui semblait inimaginable vingt minutes auparavant (Même si Trulli finira neuvième). A mi-course, Raikkonen est alors solidement ancré à la première place devant un Michael Schumacher prudent. Cet avantage du Finlandais va fondre lorsque la voiture de sécurité rentre une nouvelle fois en piste. Et cette fois c’est Button qui en est la cause et la victime. Son pneu explose au bout des Combes. Il rentre alors dans un attardé, la Minardi de Baumgartner. C’est terminé pour le Britannique, tout comme pour Pizzonia à bord de sa Williams. Il était troisième et subit également un abandon technique. La série de crevaisons se poursuit toujours. Montoya est touché par cela au 37e tour. Au même moment, Coulthard pourtant bien revenu dans la course s’accroche avec Klien. Pour la dernière fois, la Safety Car refait son apparition.

C’est un ultime sprint de 3 tours qui démarre alors entre Raikkonen et Michael Schumacher. Le Finlandais va conserver sa place, c’est sa deuxième victoire en carrière, la première pour Mclaren à l’issue d’une saison noire et marquée par les nombreux soucis de fiabilité. Iceman a su maîtriser une course chaotique où seuls 9 pilotes ont franchi la ligne d’arrivée. La star du jour cependant, est Michael Schumacher. Plus prudent qu’à l’accoutumée, sa deuxième place lui assure le titre au bout d’une saison quasi parfaite. 128 points sur 140 possibles. 12 victoires en 14 Grand Prix, c’est un paradoxe que l’Allemand soit titré le jour où il est battu pour la première fois après 7 victoires consécutives. Sept est d’ailleurs le chiffre du jour car c’est également son septième titre mondial, un record repoussé à des hauteurs encore plus exceptionnelles. Son cinquième titre consécutif avec Ferrari. Ce n’est pas un simple règne mais une monarchie absolue. Personne n’a fait mieux dans l’histoire. Même sans gagner l’Allemand a encore écrit sa légende, sur son circuit de toujours, celui qui l’avait vu participer à son premier Grand Prix en 1991 et remporter sa première victoire, un an plus tard.

68 – Grand Prix du Brésil 2019 : L’ennui, puis la folie totale d’Interlagos

Vainqueur : Max Verstappen (Red Bull-Honda) devant Pierre Gasly (Toro-Rosso) et Carlos Sainz (Mclaren-Renault)

En vérité, quand on regarde la première heure de course de cette édition 2019 du Grand Prix du Brésil, on pourrait se dire qu’elle n’a pas sa place dans le top 100. Une course banale, sans évènement. Puis, se présente la casse moteur de Valtteri Bottas au 51ème tour qui change tout, et on pourrait presque remercier la fiabilité de Mercedes d’avoir changé le cours de cette course. Plusieurs événements vont marquer sa fin, une belle et mémorable clôture à ce week-end brésilien, avant-dernier rendez-vous de la saison 2019.

Lorsque la voiture de sécurité débarque pour débarrasser la voiture de Bottas, Max Verstappen, auteur d’une remarquable pole position avec sa Red Bull, est alors en tête et profite alors pour s’arrêter une deuxième fois, dans une course maîtrisée par le Néerlandais. Lewis Hamilton hérite de la place de leader, mais on se rend vite compte que Verstappen est un adepte des relances de courses : il reprend la tête avec autorité en doublant l’anglais à l’extérieur du premier virage dans une passe d’arme magnifique. Alexander Albon, le tout nouveau second pilote Red Bull, assiste à ce duel à la troisième place. Derrière, les Ferrari sont à la bataille pour la quatrième place, mais c’est alors un deuxième coup de théâtre qui va s’abattre sur Interlagos : au 65ème tour, Charles Leclerc dépasse Sebastian Vettel dans les esses de Senna, mais lorsque les Ferrari arrivent à la ligne droite suivante, ce dernier, ayant l’utilisation du DRS et voulant passer son coéquipier, revient à la hauteur de Leclerc mais ils se touchent et sortent tous les deux de la piste avec les pneus crevés, et un double abandon qui va provoquer la sortie d’une deuxième voiture de sécurité. Le climat au sein de la Scuderia Ferrari est plus que tendu.

Les derniers tours de ce Grand Prix vont être cruciaux : alors que Verstappen reste en tête après le redémarrage de la course et la remporte sur les chapeaux de roue après un week-end parfait, Albon, sur deux arrêts, repart devant Hamilton qui s’est également arrêté une troisième fois. Mais alors qu’il était en chemin pour son premier podium en Formule 1, le Thaïlandais va voir ses rêves disparaître et se fait pousser en tête-à-queue par Hamilton, ce qui va faire les affaires d’un certain… Pierre Gasly, resté sixième avec sa Toro Rosso avant l’accrochage des Ferrari. Il va profiter de ces deux incidents pour grimper sur une historique deuxième place et qu’il conservera jusqu’à l’arrivée en nous offrant une photo finish inoubliable avec Hamilton ! Il devient alors le premier Français à monter sur un podium de F1 depuis Romain Grosjean en 2015, permettant également au moteur Honda de signer leur premier doublé motoriste depuis le Japon 1991. Mais secrètement, il a pris la revanche de son éviction de Red Bull à l’été 2019, et ne se doute pas de ce qu’il va lui arriver par la suite. 

Mais alors qu’on pensait que ce Grand Prix allait se finir ainsi, et bien non : Hamilton, classé troisième, va être pénalisé de cinq secondes pour son dépassement raté sur Albon, et va permettre à Carlos Sainz de placer sa Mclaren sur la troisième marche du podium après déclassement dans la soirée, lui qui partait dernier et ne pensait pas faire une course comme celle-ci : il est invité à fêter avec toute l’équipe sur le podium, pour une photo souvenir. C’est le premier podium de Mclaren depuis cinq ans et le pari foireux de Honda. Le travail a payé. 

GASLY LE COUP 2 FOLIE - PressReader
La Une de l’Equipe, au lendemain de la deuxième place de Pierre Gasly à Interlagos. Le poing levé pour Pierre, l’admiration pour les autres. (source : Twitter)

67 – Grand Prix d’Angleterre 2003 : Rubinho émerge du chaos

Vainqueur : Rubens Barrichello (Ferrari) devant Juan Pablo Montoya (Williams-BMW) et Kimi Raikkonen (Mclaren-Mercedes)

En plein milieu de l’été 2003, ce championnat est de plus en plus ouvert. Depuis le début de saison, six pilotes déjà, de quatre écuries différentes, ont triomphé. Et contrairement aux deux années précédentes, il est peu évident de dire que Ferrari est favori. L’écurie en forme est Williams-BMW, auteur de deux doublés au Nürburgring et à Magny-Cours. Le pilote en forme est Ralf Schumacher vainqueur justement de ces deux courses. Mais en qualification ce ne sont pas les F1 de l’écurie de Grove qui s’illustrent, mais plutôt une F2003, celle de Barrichello. A Silverstone en 2000 il y avait signé sa première pôle. Trois ans après il récidive. A ses côtés un ambitieux Jarno Trulli sur sa Renault décidément de plus en plus véloce.

Le lendemain c’est justement l’italien qui réalise le départ parfait, il sort en tête du premier virage devant Montoya qui a doublé aussi Barrichello. Un début de course idéal, mais pas pour David Coulthard qui perd un élément de protection important de son baquet, le tour de cou en polystyrène. Il doit s’arrêter au stand avant de repartir. C’est la première voiture de sécurité, et bientôt une deuxième due à un élément beaucoup plus étonnant : en effet, un spectateur rentre sur la piste, un spectateur ressemblant plus à un prêtre gaélique d’ailleurs. Et ce dans la ligne droite de Stowe où les F1 sont à plus de 320 km/h. Heureusement vite plaqué par les stadiers, ceci n’empêche pas la grande majorité des pilotes de devoir avancer leur premier ravitaillement. Les pilotes s’étant au préalable arrêtés en profitent pour réaliser un immense coup stratégique. En premier lieu Cristiano Da Matta et Olivier Panis qui remontent tout simplement aux 2 premières places du classement. Cependant, il reste encore près de 40 tours à courir. A mi-course pourtant le trio de tête est le suivant. Da Matta-Raikkonen-Panis. Mais l’homme qui revient fort c’est Rubens Barrichello. Alors que Da Matta effectue un 2e puis un 3e arrêt, le Brésilien livre un duel de toute beauté avec Kimi Raikkonen. Alors qu’il effectue son ultime ravitaillement et ressort derrière le finlandais, il vient à bout du pilote Mclaren a l’issue du sublime dépassement à l’extérieur à Bridge un virage négocié à 240 km/h.

Une fin de course échevelée qui voit également Raikkonen faire une mauvaise affaire au championnat. Ce dernier est poussé à la faute par Montoya. Et dans le même temps, Michael Schumacher rarement dans le coup arrache une qu place en doublant Trulli et en profitant d’un ultime ravitaillement de Coulthard. Mais pour une fois l’Allemand a été surclassé, sur la piste mythique de Silverstone.

Rubens Barrichello est le grand vainqueur, le septième de la saison après une course difficile, avec de nombreux changements de position et ou parfois à migré dans certains esprits, l’idée d’une surprise venue de Toyota. En devançant Montoya et Raikkonen, deux concurrents sérieux de son coéquipier pour le titre, il a enfin fait le travail que Ferrari attendait de lui dans une saison plus serrée que jamais nous y reviendrons plus tard ou Barrichello jouera encore pour les adversaires des rouges le rôle de l’empêcheur de tourner en rond…

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L’homme qui aura donc basculé ce Grand Prix d’Angleterre 2003. Doit-on le remercier ?

66 – Grand Prix d’Autriche 2020 : une ouverture de saison hors du temps

Vainqueur : Valtteri Bottas (Mercedes) devant Charles Leclerc (Ferrari) et Lando Norris (Mclaren-Renault)

Cette course qui représente l’ouverture de la saison 2020 est un début unique dans toute l’histoire de la F1 : jamais un Grand Prix n’avait eu lieu à huis clos dans toute son histoire. Et ce même par exemple à Indianapolis 2005 ou seuls six voitures démarrèrent sur la grille de départ. De plus, nous sommes alors au mois de juillet. Habituellement un tiers de la saison est bouclé, ici la F1 n’a pas disputé une seule course. La raison, c’est bien évidemment la crise sanitaire qui frappe le monde entier au début du printemps, qui a entrainé l’annulation in extremis le GP d’Australie, la F1 comme le monde entier se confine, puis se déconfine au mois de Juillet. En en profitant face aux multiples annulations ou reports pour reconstituer un calendrier. Très vite, Helmut Marko et Dietrich Mateschitz, dirigeants de Red Bull, et accessoirement propriétaires du circuit du Red Bull Ring, font part de leur envie d’accueillir la première manche de la saison. Et une fois l’aval des autorités autrichiennes obtenues, c’est ainsi que toute la F1 avec le roulage des essais hivernaux mais datant de février, arrive quatre mois après à Spielberg pour disputer ce premier GP. En qualifications pourtant, après quelques polémiques sur le système révolutionnaire DAS qui permet de contrôler la direction longitudinale des pneus avant de Mercedes, les flèches d’argent se montrent encore les plus rapides et de loin tout autant long du week-end. Valtteri Bottas signe la pole malgré être sorti large lors de son deuxième tour de qualification. Hamilton est battu et d’autant plus qu’il est le lendemain pénalisé de deux places pour avoir gêné Sainz en qualification. L’Anglais est donc cinquième. 

C’est dans l’inconnu que se lance ce premier départ de la saison. Un rendez-vous au premier virage attendu par tous. Un départ calme, mais avec Hamilton qui remonte très rapidement. Ce dernier double Albon puis au onzième tour, Verstappen intercalé solidement à la deuxième place abandonne sur un problème électronique. Bottas a alors sept secondes d’avance sur Hamilton, un doublé des flèches d’argent semble envisageable. D’autant plus que ce GP va devenir extrêmement plat, au moins autant que le huis clos ambiant. On note juste la débandade de Vettel partant en tête-à-queue et qui terminera 10e. On note aussi grand nombre de problèmes mécaniques, avec 8 abandons de ce genre, ce qui est assez rare. C’est notamment l’un d’entre eux, celui de Raikkonen au 55e tour qui va venir pimenter la fin de course. Ceci amène une sortie de la voiture de sécurité, qui profitera plus à Albon qu’aux Mercedes. Ce dernier met en effet des pneus tendres, contrairement aux pneus médiums des Mercedes. Après avoir doublé Perez en force, il peut alors s’attaquer à Hamilton. Intelligemment le Thailandais tente un magnifique dépassement par l’extérieur au virage 3. Hamilton est littéralement surpris et touche Albon, qui part en tête-à-queue. Comme à Interlagos, il se retrouve KO. Mais le Britannique sera aussi pénalisé de cinq secondes. 

Ceci donne des ambitions et des crocs aux outsiders de derrière à condition de réussir sa fin de course et de rester à moins de cinq secondes de l’Anglais. Pour se faire, Leclerc a dû s’employer. Dépassement sur Norris au 64e tour puis sur Perez au 66e tour, au bout du Virage 2 à chaque fois. Un réel miracle au vu des performances des Ferrari, ce qui l’emmène à la deuxième place. Pour Norris qui finira troisième, il ne s’agit plus d’un miracle mais même d’une résurrection. Après avoir résisté à Sainz en jouant un peu des coudes, il se débarrasse dans l’avant-dernier tour de Perez également. Malgré tout, le podium qui serait son premier en carrière semble mal embarqué à l’entame du dernier tour alors qu’il est à 5 secondes 3 de Hamilton. Mais dans un ultime effort, l’Anglais arrache le meilleur tour et grimpe sur le podium pour 2 dixièmes. Absolument fantastique. Derrière Bottas vainqueur facile et signe d’une grande domination Mercedes cette saison, ce final à couper le souffle annonce également le début d’une saison unique et particulière, totalement inédite et encore pleine de surprises. La F1 que l’on aime. 

https://www.lesoir.be/sites/default/files/dpistyles_v2/ena_16_9_extra_big/2020/07/05/node_311465/27617890/public/2020/07/05/B9723930288Z.1_20200705173006_000+GVFG9II1E.3-0.jpg?itok=VChNk0Z01593963971
Le premier podium de l’année 2020 sous une saveur particulière : Distanciation entre les trois premiers, un podium qui se fait sur la grille de départ. (Source : lesoir.be)

65 – Grand Prix de Malaisie 2012 : Alonso, le sauveur des Rouges

Vainqueur : Fernando Alonso (Ferrari) devant Sergio Perez (Sauber) et Lewis Hamilton (Mclaren-Mercedes)

Direction Sepang pour le deuxième rendez-vous de cette saison 2012, après que Jenson Button l’ait inaugurée en remportant le Grand Prix d’Australie. Mclaren continue sur leur lancée en signant une première ligne avec Lewis Hamilton en tant que poleman aux côtés de Button, Michael Schumacher se place troisième et signe la meilleure qualification de sa carrière depuis son retour en Formule 1, tant dis que Sebastian Vettel, double champion en titre, ne se qualifie que sixième. On pourrait alors penser que l’écurie Red Bull est un peu à la traîne sur ce début de saison, ainsi que les Ferrari : Fernando Alonso et Felipe Massa ne partent que 9 et 12ème de cette course. 

C’est sous une pluie légère, que Hamilton s’engouffre en tête devant Button et Mark Webber, tant dis que Schumacher rate son départ et s’accroche avec la Lotus-Renault de Romain Grosjean quelques instants plus tard. Mais la pluie commence alors à s’intensifier, le Français va devoir abandonner après une sortie dans le gravier. Elle s’intensifie au point d’arrêter la course pendant près d’une heure lors du huitième tour, et reprend sous régime de voiture de sécurité jusqu’au treizième tour. Hamilton repart en tête devant Jenson Button et Nico Rosberg, mais il perd le commandement du Grand Prix à l’issue des premiers arrêts au stand, avantage à Alonso qui prend la tête de la course, poursuivi par un certain Sergio Pérez, qui au volant de sa Sauber, va se battre avec l’Espagnol pour la victoire : d’abord, au 30ème tour, il signe le meilleur tour au course, appartenant alors au double Champion du Monde. Il est à moins de six secondes d’Alonso, et réduit l’écart jusqu’à une seconde jusqu’à la fenêtre du deuxième arrêt  aux puits où le Mexicain tentera l’overcut (hausser le rythme avec des pneus usés puis s’arrêter pour ressortir devant le pilote qui s’est arrêté plus tôt que lui), mais il échouera dans son essai, bien qu’il mène la course pour au moins quatre tours.

Mais il ne s’avoue pas vaincu : Pérez reprend immédiatement le rythme de Alonso et est à moins d’une seconde de ce dernier dans les derniers tours de la course, mais lorsqu’il le tente de le dépasser, il part à la faute et laisse cinq secondes d’avance au pilote Ferrari qui ira remporter sa première victoire de l’année 2012, mais Pérez signera tout de même le premier podium de sa carrière en Formule 1. C’est à partir de cette course qu’on se rendra compte du talent du Mexicain, qu’on verra plus souvent en action dans les années à venir. 

En remportant cette course, Alonso signe son premier succès de 2012 et prend par la même occasion, la tête du Championnat du Monde, par les cornes. On pourrait alors penser que l’Espagnol commence à dessiner les formes d’une troisième couronne mondiale à l’issue de ce week-end malais qui a pris les formes d’un miracle… 

64 – Grand Prix d’Australie 2009 : Brawn GP, “veni, vidi, vici

Vainqueur : Jenson Button (Brawn GP) devant Rubens Barrichello (Brawn GP) et Jarno Trulli (Toyota)

Nouvelle saison et nouvelle réglementation en cette année 2009 avec l’introduction d’une récupération d’énergie cinétique (dit SREC), des ailerons plus larges, le retour des pneus lisses et une nouvelle équipe qui pointe le bout de son nez : née suite au rachat de l’écurie Honda fin 2008, Brawn GP débarque sous la direction d’un certain Ross Brawn, ancien numéro 2 de Ferrari, avec Jenson Button et Rubens Barrichello aux commandes. Cette voiture à la simple livrée blanche à la ligne jaune fluo, va devenir une machine écrasante grâce à son double diffuseur et son adapation à la réglementation technique, et cela va se ressentir dès le premier week-end à Melbourne. 

Les Brawn de Button et Barrichello survolent les qualifications, devant la Red Bull de Sebastian Vettel. Ces deux écuries-là, vont devenir le symbole de la nouvelle génération de Formule 1 qui vont faire tâche aux écuries constructeurs comme Mclaren et Ferrari, qui en payeront les frais, bien que ces dernières s’élancent 6 et 7ème. Au départ de cette course, Button s’envole facilement devant Vettel, qui profite du départ raté de Barrichello. Et comme le circuit de Melbourne est connu pour avoir du spectacle au premier virage, ce dernier ne sera pas seul à faire un départ manqué : le peloton se bouscule, Mark Webber y laisse son aileron avant, tandis que Nick Heidfeld et Adrian Sutil crèvent. Heikki Kovalainen est le plus malchanceux des pilotes impliqués dans ce départ houleux et sera le premier abandon de la course. Un peu de calme ensuite après l’agitation et le chaos, enfin jusqu’au 18e tour et jusqu’à ce Kazuki Nakajima percute le mur au virage 4. La voiture de sécurité intervient pour balayer les nombreux débris et resserrer les positions d’une course jusqu’alors largement dominée par Button. Barrichello qui avait manqué son départ en profite pour remonter aussi. Le Brésililen est 10e. D’autant plus que cette manche d’ouverture va ressembler de plus en plus à une course à éliminations. Nelson Piquet dans les points, ce qui était rare l’an dernier, va partir à la faute d’entrée au premier virage, surpris par des pneus froids. Sa course s’arrête là. Les ratés du fils Piquet ne sont cependant rien à côté de ceux des Ferrari. Massa, longtemps 3e, subit un problème hydraulique et abandonne. Raikkonen fait un tête-à-queue, percute le mur et doit repasser par les stands changer son aileron avant. Les rouges rentrent fanny de Melbourne.

A 10 tours de l’arrivée, le trio de tête est Button-Vettel-Kubica. Mais les pneus tendres du pilote Red Bull donnent des signes de faiblesses et d’usure. Le Polonais remonte à une vitesse foudroyante. A trois tours de l’arrivée, il tente une attaque au virage 3, mais l’Allemand ferme durement la porte. Le Polonais tape le mur, perd son aileron avant mais essaye de continuer, quelques centaines de mètres plus tard, il abandonne en retouchant le mur. Vettel lui aussi est sur trois roues et ne peut aller plus loin. Cet accrochage entre deux pilotes performants mais visiblement trop ambitieux profite à un homme, Rubens Barrichello, remonté de loin et profitant d’une Brawn usant moins ses gommes que ses camarades. Le Brésilien est second d’une course terminée sous voiture de sécurité. Button est le vainqueur, trois ans après sa première victoire. Les deux hommes qui se battaient pour les deux dernières places l’an dernier à la régulière signent un doublé retentissant. Jamais une nouvelle écurie n’avait signé un doublé pour sa première course depuis 1954. Un autre monde, une autre époque et un coup de génie signé Ross Brawn qui, en rachetant cette écurie Honda à bas coût, vient de réaliser le coup d’une vie. Trulli également, termine troisième avec sa Toyota même s’il faudra trois jours avant de voir son résultat validé par la FIA, avec un doute qui subsistait sur son dépassement sur Hamilton. L’Anglais ayant menti ouvertement aux commissaires, il sera disqualifié. Aucun des quatre premiers pilotes du championnat 2008 ne sont dans les points. 2009 restera l’année des surprises, l’année d’une révolution. Une révolution signée Ross Brawn. 

Palmarès - Tous les vainqueurs du GP d'Australie à Melbourne !
Le trio Jenson Button/Rubens Barrichello/Ross Brawn a mis le ton pour ce premier Grand Prix de l’année 2009. La concurrence est prévenue. (source : Motorsport)

63 – GP Abu Dhabi 2014 : Hamilton, le deuxième joyau de la couronne

Vainqueur : Lewis Hamilton (Mercedes) devant Felipe Massa (Williams-Mercedes) et Valtteri Bottas (Williams-Mercedes)

Après une saison teintée de gris, il était inévitable que cette saison 2014 se clôture sur une finale opposant les 2 pilotes Mercedes. A eux deux ils ont remporté 15 des 18 courses de la saison. Cinq pour Rosberg et dix pour Hamilton. Un duel intense qui a pimenté une saison largement dominée par les V6 Mercedes. A l’aube de ce dernier GP, 17 points séparent les deux hommes, mais attention une règle spéciale et inédite fait son apparition pour cette dernière course. Celle des points doublés. La victoire ne vaut plus 25 mais 50 points. Une idée émanant de Bernie Ecclestone, afin de relancer et de préserver le suspense jusqu’au bout. Rosberg a donc une mission, gagner et intercaler un pilote entre lui et Hamilton. Il pourrait s’agir d’une Williams, véritablement la deuxième force du plateau en cette fin de saison. C’est d’ailleurs ce qu’implorait Rosberg à Felipe Massa après sa victoire au Brésil. L’Allemand met d’ailleurs toutes les chances de son côté puisqu’il signe la pole position sur un circuit ou il est réellement difficile de dépasser. A ses côtés son coéquipier évidemment. En revanche, il ne pourra pas compter sur les Red Bull. Celles-ci ont été disqualifiées de la séance de qualifications car leurs ailerons avant étaient non conformes au règlement technique. Le lendemain à l’aube du dernier départ de la saison la tension est donc à son paroxysme

Ce départ sera finalement le départ de la guillotine sur les espoirs de titre de Rosberg. En effet l’Allemand à la limite du calage voit son coéquipier prendre la tête et s’envoler. C’est même presque un miracle que le pilote Mercedes soit encore deuxième au premier virage. Le travail réalisé en qualifications est anéanti. Dès lors sur un circuit ou dépasser est difficile, plus grand chose ne va se passer. L’écart n’est pas monstrueux certes entre Hamilton et Rosberg, à peine trois secondes. Ni même avec Massa d’ailleurs, à peine dix secondes, mais l’anglais à la main sur le Grand Prix. Et à mi-course c’est le deuxième coup de bambou sur la tête de Rosberg. L’Allemand peu épargné depuis le début de saison par les problèmes mécaniques, est victime d’une perte de puissance. Une catastrophe qui le voit perdre trois à cinq secondes au tour. Massa puis tout le peloton va le dépasser petit à petit, le pilote Mercedes est au bord du renoncement. Hamilton l’a compris, quoiqu’il passe, il va devenir, six ans après, double champion du monde de F1. Mais l’Anglais pour ponctuer une exceptionnelle saison, veut finir avec panache, avec une onzième victoire. En face Massa revient, et souhaite remporter également un grand prix, six ans après sa dernière victoire….le jour du premier sacre de Hamilton. Le Brésilien stoppe après Hamilton, en ayant hésité à aller au bout sans s’arrêter une seconde fois. Il lui reste douze tours, avec des pneus super tendres. Il signe le meilleur tour en course lors de son tour de sortie mais ce ne sera pas suffisant pour aller chercher Hamilton. Alors que pendant ce temps, Rosberg subit le calice jusqu’à la lie, en étant à un tour de son coéquipier, hors des points. Mais vaillant l’Allemand terminera malgré tout cette course.

Avec une onzième victoire, Hamilton parachève cette saison 2014 de manière parfaite. Le second sacre le place aux côtés de légende de la Formule 1. Alberto Ascari, Jim Clark, Mika Hakkinen, Fernando Alonso par exemple. Son pari de rejoindre l’écurie Mercedes fin 2012 a d’ores et déjà payé. L’Anglais a appris et est redevenu après un magnifique combat tout au long de la saison en interne, le meilleur pilote du monde. Ceci vaut bien quelques donuts et un message radio spécial, signé le Prince Harry. A 29 ans, l’Anglais est devenu un homme mûr prêt à régner sur son sport. Rosberg ne peut que s’incliner devant cette évidence…

62 – Grand Prix d’Allemagne 2010 : “Alonso is faster than you”

Vainqueur : Fernando Alonso (Ferrari) devant Felipe Massa (Ferrari) et Sebastian Vettel (Red-Bull Renault)

Dans ce championnat 2010 et dans l’histoire de la Scuderia Ferrari du début des années 2010, ce GP d’Allemagne disputé à Hockenheim marque un véritable tournant pour deux raisons. Le retour à un haut niveau de Ferrari en difficulté jusqu’alors (une seule victoire en ouverture de la saison à Bahreïn) qui va venir totalement redistribuer les cartes pour la seconde moitié du championnat. Et de l’autre la prise de pouvoir par la force de Alonso, la recrue star des rouges cette saison. Une prise de pouvoir qui va faire énormément polémique, car celle-ci s’est faite sans combattre. Mais avant d’arriver à cela, il y eut une séance de qualifications extrêmement disputée. Vettel qui n’a jamais gagné en terre natale, signe la pole pour deux petits millièmes seulement face à Fernando Alonso. Soit infiniment moins de temps que ce qu’il vous a fallu pour lire cette phrase. Derrière la troisième place de Felipe Massa montre la forme des rouges. Lui aussi veut décrocher une victoire, un an jour pour jour après avoir frôlé la mort lors de la séance de qualifications du GP de Hongrie.

Au départ le lendemain c’est lui qui va s’illustrer comme souvent cette saison dans ce domaine. Vettel commet en effet une erreur majeure, celle qui l’avait déjà très probablement privé d’une victoire à Silverstone quinze jours plus tôt. Il resserre la trajectoire de Fernando Alonso sur sa droite. Mais du coup il offre une porte grande ouverte à Felipe Massa qui s’y engouffre et prend la tête. Le brésilien est suivi qui plus est par son coéquipier qui lui aussi à malgré tout réussi à passer Vettel. Les rouges ont alors pris le pouvoir et vont se livrer un duel qui longtemps va se résumer à un round d’observation. Derrière rien ne se passe réellement si ce n’est Hamilton qui a dépassé Webber durant le premier tour. Cette course d’attente voit donc logiquement Massa maintenir Alonso à deux/trois secondes derrière lui, pas plus. L’Espagnol se rapproche d’ailleurs après le premier ravitaillement, au point qu’après une tentative d’attaque au 23e tour, mais bien contrée par son coéquipier brésilien, il lâche “C’est ridicule”. Une manière, déjà, de faire entendre sa voix et de s’affirmer. Le Pauliste reprend alors un petit peu ses distances, et semble avoir malgré tout le champ libre pour la victoire après son second arrêt. Mais au 48e tour, c’est la phrase qui instaure le malaise et qui va changer l’ordre de la course. Rob Smedley, ingénieur de Massa et sous les ordres de Stefano Domenicali indique une consigne cachée, car celles-ci sont interdites depuis 2002, ce que nous reverrons plus tard. Le Britannique dit alors à son poulain “Alonso est plus rapide que toi. As-tu compris le message ?”. Sous-entendu, il faut laisser passer l’Espagnol mieux placé d’une trentaine de points au championnat, et pour qui, des chances de titre passent presque exclusivement alors par une victoire. Massa a donc compris le message et s’exécute en loupant volontairement de passer un rapport de boite, Alonso passe et tous les téléspectateurs comprennent le ridicule de la situation. L’homme de cœur des rouges a été sacrifié sur l’autel d’une maigre chance au championnat, alors qu’il tenait là une victoire forte émotionnellement. Mais ce qui choque le plus est surtout le manque d’élégance dans la manière d’effectuer ce tour de passe-passe chez Ferrari. 

Alonso arrive donc en grand vainqueur, mais logiquement n’affiche pas trop sa joie après une victoire qui n’a pas été obtenue par la piste. Massa finit deuxième en résistant à un Vettel revenant fort sur la fin. Les rouges se relancent donc dans ce championnat, mais viennent d’enterrer définitivement Felipe Massa qui durant 3 ans ensuite, affichera le niveau d’un n°2 tellement faible psychologiquement, qu’il ne sera même pas d’une aide précieuse pour aider l’homme d’Oviedo à conquérir le titre suprême. La FIA elle ne pouvant logiquement pas sanctionner sportivement Ferrari car le message est resté indirect et subtil, puni malgré tout d’une amende de 100 000 dollars. Un doublé magnifique pour Ferrari sur la piste, mais en bafouant l’éthique sportive. Le malaise règne plus que jamais dans le paddock…

F1 GP Allemagne : Fernando Alonso vainqueur litigieux à Hockenheim -  Automoto | TF1
Fernando Alonso tout souriant, tant dis que Felipe Massa ne cache pas sa déception aux consignes de Ferrari. (source : TF1)

61 – GP d’Italie 2006 : Schumi, la passion, la raison et l’émotion

Vainqueur : Michael Schumacher (Ferrari) devant Kimi Raikkonen (Mclaren-Mercedes) et Robert Kubica (BMW)

Rarement en 70 ans de Formule 1, une victoire n’aura autant déclenché les passions que celle décrochée par Michael Schumacher en ce 10 septembre 2006 à Monza. Hormis celle de Senna à Interlagos en 1991 peut-être, et quelques-unes de Juan Manuel Fangio en Argentine. Car ce 10 septembre 2006, plus qu’une victoire, c’est un homme que célèbre les tifosis. Un homme sur le point de dire adieu à la F1 et à son public, celui qu’il a tant fait rêver depuis 10 ans. Michael Schumacher qui signe alors sa 90e victoire en carrière, chiffre absolument faramineux relance en plus la course au titre. Cette année 2006 a en effet été découpée en deux phases. Une première partie de saison largement dominée par Alonso champion du monde en titre. Et une deuxième moitié sous le joug du Baron Rouge qui, course après course, met la pression sur l’Espagnol au championnat. Cependant en Turquie, le pilote Renault remporte un duel intense mais capital face au pilote Ferrari. En arrivant sur ces terres à Monza, Schumacher n’a plus le choix, il doit gagner alors qu’il compte 12 points de retard. Certes il n’est pas en pole, devancé par celui qui ne sait pas encore qu’il sera son successeur chez la Scuderia, Kimi Raikkonen (qui n’a toujours pas gagné un Grand Prix en 2006). Mais en signant cette 2e place alors que Alonso ne part que 10e, pénalise qui plus est, de cinq places pour avoir gêné….Felipe Massa coéquipier de Schumacher, l’Allemand sait qu’il y a un coup à jouer. Et au-dessus de tout cela, plane qui plus est des rumeurs de plus en plus insistantes de retraite à la fin de la saison du septuple champion du monde. De quoi offrir un dimanche somptueux.

Au départ, la plupart des pilotes restent sages hormis Alonso qui a une mission de taille. Il réalise un superbe premier tour en gagnant 3 places puis en poussant Heidfeld à la faute à la première chicane. Il se retrouve alors 6e. Mais dans le peloton, il perd logiquement du temps par rapport au duo Raikkonen-Schumacher. Ces deux hommes vont inverser leurs positions après la première salve de ravitaillement. Schumacher en tête, Raikkonen 2e. En 3e position, c’est une énorme surprise, on retrouve le jeune Polonais qui dispute son 3e Grand Prix seulement, Robert Kubica. Celui-ci va alors livrer une énorme bataille avec Alonso et Massa pour aller chercher le podium. Une bataille qui va trouver son apogée entre le 38e et le 43e tour. Alors que Massa s’arrête au stand pour la 2e fois, le Polonais et l’Espagnol poursuivent leur effort et stoppent en même temps a 13 tours de l’arrivée. Chez BMW, on est un poil plus long pour faire le plein et Alonso en profite dans la voie des stands pour doubler Kubica. Mais aussi repartir devant Massa. Le voici 3e. Pas loin non plus du duo Schumacher-Raikkonen, sans toutefois raisonnablement pouvoir aller chercher la victoire. Surtout que trois boucles plus tard, le moteur Renault lâche. Les tifosi explosent. Ils savent que Schumacher peut mettre un 10-0 à Alonso. Peu importe d’ailleurs que Massa effectue un plat sur le pneu avant droit en freinant et en glissant sur l’huile laissée par le moteur Renault. Car le héros c’est Schumi et il va aller au bout.

53e tour franchi, drapeau à damier abaissé et c’est la 90e victoire de Schumacher en carrière. La 70e avec le Cheval cabré, en 10 ans seulement. Absolument exceptionnel. Ce qui lui permet de revenir à deux points d’Alonso en plus à trois courses de la fin de la saison 2006. Les supporters Ferrari sont prêts à saluer leur héros, leur guide et à envahir la piste une fois de plus. Les larmes de l’Allemand avec Jean Todt à ses côtés sur le podium ne trompe personne. Quelque chose de fort, d’important est en train de se passer. L’Allemand le sait dans sa tête, cette victoire à Monza sera la dernière en Europe de sa carrière. Quelques minutes plus tard, en conférence de presse, il annonce sa future retraite à la fin de la saison, observé par Luca Di Montezemolo, le président de Ferrari qui s’était déplacé en personne pour cette course et par Kimi Raikkonen second, qui lui succèdera. Une page se tourne dans la folie des tifosi, avec une mission à remplir, aller chercher le huitième titre. Une opération difficile à réaliser, nous le verrons dans les semaines à venir et au fil du classement que nous déroulerons. Mais en ce dimanche après-midi, les rêves les plus fous semblent possibles. Une icône qui part au sommet. Que peut demander de plus au peuple…

L’image d’un Michael Schumacher au sommet de son art devant les Tifosi, aux côtés de son futur successeur chez Ferrari, en la personne de Kimi Raikkonen. Robert Kubica savoure son premier podium en F1. Tout ça, sous le regard bien veillant de Jean Todt. (source : V10.pl)

Rendez-vous la semaine prochaine pour la suite de notre top 100, avec les places 60 à 51.

PLACES 80 à 71 : https://vl-media.fr/formule-1-les-100-grands-prix-les-plus-marquants-du-xxieme-siecle-places-80-71/

Rédigé par Vincent Chardac et Thomas Bogeard.

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24 ans, amateur de catch américain, basket-ball, de musique et de course automobile.
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