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Fullmetal Alchemist sur Netflix : une transmutation inhumaine ?

Fullmetal Alchemist sur Netflix : une transmutation inhumaine ?

La très attendue adaptation live de Fullmetal Alchemist est disponible sur Netflix. Redoutée par les fans, arrive-t-elle à combler leurs attentes ?

Fullmetal Alchemist est un manga mondialement célèbre de Hiromu Arakawa traitant de l’histoire de deux frères alchimistes Edward et Alphonse ayant tenté de ressusciter leur mère décédée. Brisant ainsi un des tabous de l’existence, ils en payent le prix fort et perdent chacun une partie d’eux-mêmes. La fratrie part en quête de la Pierre Philosophale, une pierre légendaire qui pourrait leur rendre ce qu’ils ont perdu.

Arnaques, Crimes et Alchimie

C’est avec ce postulat de départ, et de la même façon que le manga, que le film commence. Mais c’est grosso-modo la seule chose qui reste de l’œuvre d’origine. Le réalisateur s’est amusé à désosser le shounen d’Arakawa et à le transformer en une pièce de théâtre patchwork dont on arrache la moitié des personnages et la substantifique moelle. Les scènes cultes du début de l’œuvre s’enchaînent sans discontinuer, de la transmutation ratée jusqu’à Nina et Hugues (ceux qui connaissent comprendront). Sauf qu’il n’y a aucune mise en scène et que l’on suit le même trio de tête durant tout le métrage – s’il est encore raisonnable de le considérer ainsi tant il flirte avec le théâtre filmé – moins d’une dizaine de décors avec les trois mêmes personnages qui s’y déplacent même quand ils n’ont pas besoin d’y être. Le film est une succession de saynètes des trois premiers tomes et cela s’interrompt brutalement aux alentours d’un troisième acte sans saveur, bourré de clichés, avec le méchant le plus caricatural du monde.

Fullmetal Alchemist sur Netflix : une transmutation inhumaine ?Winry devrait être un personnage mineur mais s’incruste dans quasiment toutes les scènes du film sans y apporter un quelconque intérêt. À contrario, des personnages capitaux comme Scar, Kimblee, Greed ou Armstrong n’existent même pas. Il ne sera fait mention d’Ishval qu’au détour d’un namedropping sauvage, le pays de Xing n’est même pas mentionné et le background de l’univers ne sera absolument pas exploité. Ici il semblerait que Fumihiko Sori, le réalisateur, soit parti du principe que tout le monde connaît l’œuvre de base et qu’il n’y a pas vraiment besoin de réintroduire son univers. Ça ne l’empêche pas d’avoir des dialogues d’exposition relativement bateau et mal amenés.

Fullmetal Alchemist est loin d’être à la hauteur de son support d’origine, pourtant ça n’est pas comme s’il n’avait pas eu le temps de mûrir. Il faut dire que ce projet live ne date pas d’hier. Il aura même été mis en hiatus : la nécessaire débauche d’effet spéciaux le rendait particulièrement coûteux, et les fonds initialement soulevés ne suffisaient pas à en couvrir les frais. Cette version finale a-t-elle réussi à atteindre les idéaux de son réalisateur (connu pour avoir réalisé Vexille 2077) qui affirmait l’an dernier vouloir augmenter l’utilisation de la CGI (Computer Generated Imagerie) dans le cinéma japonais ?

Au bonheur de la CGI

La réponse est oui. Il est indéniable que le film regorge d’image de synthèse avec moult détails sur les scènes de transmutation, même s’il faut signaler qu’ils sont pour l’essentiel très grossiers et accusent des incrustations très maladroite. Seule véritable prouesse : l’armure d’Alphonse, qui pour le coup donne tellement le change qu’on croirait à un costume. Tout le reste fait faux et artificiel, la palme revenant aux transformations de Gluttony qu’on croirait sorties d’une mauvaise série B.

Il faut ajouter à cela le désagréable cabotinage des acteurs, notamment Tsubasa Honda, l’actrice derrière le rôle de Winry Rockbell qui s’efforce d’exagérer et imiter son homologue animé, une prestation qui ne fonctionne pas en live et rends la chose relativement ridicule et énervante. Cette spécificité des adaptations live nippones avait pourtant fini par s’estomper ces dernières années au profit d’une amélioration de l’acting (cf. Blade of the Immortal de Takeshi Miike, aussi disponible sur Netflix).

Fullmetal Alchemist sur Netflix : une transmutation inhumaine ?

Par ailleurs on pourrait se demander si le film est bel et bien fini, tant la fin semble appeler un second opus. On aura même le droit à une scène post-générique.

Au final cette version live de Fullmetal Alchemist est surtout un énorme gâchis sur un univers au potentiel proche de l’infini, et laisse un vilain goût d’inachevé particulièrement frustrant. Quitte à rester sur Netflix, on lui préférera largement la série animée Fullmetal Alchemist Brotherhood, parfaite adaptation du manga de Hiromu Arakawa.

Toutefois il y a bien une raison valable de voir cette adaptation de Fullmetal Alchemist. La nostalgie. Si vous avez grandi avec la série animée et son doublage français, alors ce film va faire remonter en vous énormément de souvenir. Le casting de la VF rassemble tous les comédiens de doublage de la série animée ! On ne saura donc que trop vous conseiller de vous laisser tenter par la VF, peut-être le seul moyen d’apprécier ces 2h15 qui se teinteront d’une certaine forme de plaisir coupable. À bon entendeur.

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