Indubitablement, la saison 7 de Game Of Thrones est la plus spectaculaire à ce jour. Est-ce pour autant la meilleure ?
Alors que la septième et avant-dernière saison de Game of Thrones vient de s’achever, une chose est certaine : elle est de loin la plus spectaculaire à ce jour. Chaque épisode nous a laissés bouche ouverte, les scènes d’action et les effets spéciaux agissant comme des électrochocs sur des spectateurs groggy, tout juste capables d’articuler une série de « Waouh ! » lorsque retentissait le générique de fin.
Lors des saisons précédentes, on a pu reprocher à la série une discontinuité dans le rythme : à de longs épisodes au cours desquels il ne se passait pas grand-chose succédaient des épisodes effrénés, pleins d’action, de scènes de bataille, de dragons, de fureur et/ou de sang. Ils concluaient en général la saison, avant-dernier et dernier épisodes en point d’orgue, avant la trêve et l’attente de la saison suivante.
Les critiques les plus féroces ont été jusqu’à dire qu’on s’ennuyait ferme pendant une bonne partie des saisons précédentes, avant qu’il se passe enfin quelque chose… Sans aller jusque là, il est indéniable que Game Of Thrones montait en puissance au fil d’épisodes parfois un peu mous, avant de culminer dans une explosion de scènes spectaculaires et même impressionnantes. Côté dragons, on en avait juste aperçu un ou deux, de loin, avant qu’ils ne resurgissent le temps d’une séquence, dans une débauche de feu et d’effets spéciaux.
Ce n’est pas le cas cette saison. Sans spoiler, on peut au moins dire que des dragons, il y en a ! Ils sont omniprésents et ils ne font pas de la figuration… Éberlués devant ces scènes marquantes, les spectateurs n’en sont pas moins restés lucides, soulignant les nombreuses incohérences de la série – que, du reste, certains avaient déjà notées lors de saisons précédentes. Et notamment le hiatus temporel, qui permet aux personnages de se rendre d’un lieu à un autre en un temps record, et de parcourir en quelques minutes à l’écran de longues distances, ou l’apparition opportunes de plusieurs personnages sortis de nulle part, comme les fameux dragons ou d’autres protagonistes.
Pour sa défense, Game of Thrones est par nature une série fantastique, ce qui l’exonère de toute vraisemblance. On avancera que les personnages ne se télé-transportent pas d’un lieu à un autre, et qu’il s’agit d’ellipses nécessaires pour garder le rythme. Que le Deus ex-machina est un subterfuge classique de la fiction. Que les dragons ont toujours été un élément-clé de Game of Thrones. Et que de multiples théories, développées à l’envi par les internautes, peuvent expliquer tout cela. Soit, ce n’est pas faux ; mais on peut rétorquer que la capacité des héros d’aller d’un point A à un point B à la vitesse Mach 5 et la multiplication des personnages apparaissant inopinément pour renverser la situation donnent une dimension surréaliste à l’ensemble, et décrédibilisent légèrement le récit. Quant aux dragons, c’est très bien de les sortir une ou deux fois par saison, pour combler l’attente des spectateurs dans une acmé enthousiasmante ; quand ils apparaissent quinze fois par épisode, on n’est pas loin de la saturation.
Dans l’avant-dernier épisode, par exemple, il y a pléthore de dragons, de marcheurs blancs et de télé-transportations. Il n’y a pas que cela mais, en comparaison, les scènes entre Jon Snow et Daenerys perdent de leur force, dans l’ombre des séquences spectaculaires au milieu desquelles elles sont insérées. De même, celles entre Sansa et Arya sont vite expédiées, quand elles portent en elles un enjeu dramatique qui aurait pu être davantage exploité. D’une certaine manière, on a l’impression que Game of Thrones a sacrifié ses dialogues – pourtant en général intelligents et spirituels – sur l’autel du sensationnel. Et ne parlons pas de la révélation choc que nous assène un personnage entre deux grimoires, capitale pour la suite mais qui laisse parfaitement indifférent son interlocuteur, avant de revenir dans le final.
Comme on l’a vu, les derniers épisodes sont en général centrés sur des scènes de bataille gigantesques, prétextes à une débauche d’effets spéciaux. L’avant-dernier épisode n’a pas dérogé à la règle ; le final en revanche a le mérite de faire aussi office de transition, en assurant le lien avec les événements à venir et en apportant son lot de révélations (ou de confirmations). Évidemment, l’ensemble est toujours efficace et prenant. Mais suffit-il qu’une succession de scènes vous laisse bouche bée pour faire de cette saison la meilleure de la série à ce jour, même au détriment de la cohérence du récit et du contexte ? Et en particulier des intrigues politiques plus subtiles, des dialogues inspirés qui faisaient aussi l’intérêt de Game Of Thrones ? Chacun en jugera. La huitième saison sera la dernière, ce qui augure à nouveau de multiples scènes étourdissantes pour conclure le récit de la conquête du Trône de fer. En attendant, le final de la saison 7 a explosé les scores d’audiences, réunissant plus de 16 millions de spectateurs – un record ! Et ne boudons pas notre plaisir : en dépit de toutes les réserves, légitimes ou non, que l’on peut émettre sur cette saison, il faut bien reconnaître qu’on ne s’est pas ennuyé une seconde. On était trop occupé à faire « Waouh » devant Daenerys et ses dragons…
Game of Thrones
Saison 7 – disponible sur OCS GO