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Le GIF, une « arme mortelle » selon la Justice américaine

Depuis lundi 20 mars, le département de la Justice américaine a officiellement reconnu le GIF (Graphics Interchange Format) comme « arme mortelle ».

Les faits remontent au mois de décembre dernier. Ils concernent Kurt Eichenwald, un journaliste bien connu du paysage médiatique américain, notoirement anti-républicain et anti-Trump. Ce dernier a d’ailleurs pour habitude d’afficher ouvertement ses opinions politiques via son compte Twitter ou ses articles dans Vanity Fair, Newsweek… En décembre dernier, le journaliste était invité à débattre sur FoxNews, face au journaliste Tucker Carlson, aux opinions diamétralement opposées.

Suite à cet échange houleux, le journaliste est devenu la cible d’attaques malveillantes sur Twitter, dont une particulièrement plus virulente que les autres. Le journaliste est publiquement connu pour souffrir d’épilepsie, une information dont un de ses détracteurs a malicieusement su tirer parti.

Un certain Ari Goldstein (@jew_goldstein) lui a ainsi envoyé un GIF de flashs stroboscopiques, accompagné du message : « Tu mérites une crise d’épilepsie pour tes posts ». Cet objet animé a d’ailleurs bien rempli sa fonction puisqu’il suscita une véritable crise d’épilepsie à Kurt Eichenwald qui fut retrouvé « incohérent » par sa femme dans la foulée.

Le journaliste décide de porter plainte. Le FBI, Twitter AT&T et Apple sont mobilisés pour découvrir l’identité de l’assaillant caché sous le pseudonyme de @jew_goldstein. C’est ainsi que le 17 mars dernier fut arrêté John Rayne Rivello, 29 ans, au motif de « coups et blessures volontaires avec une arme mortelle » à l’encontre d’Eichenwald.

Le GIF : une « arme d’assaut » aussi dangereuse qu’un fusil ou qu’un couteau

Dans sa mise en accusation, le jury de Dallas a établi le GIF comme une « arme d’assaut ». Il s’agit du même statut attribué aux fusils et aux couteaux. Le GIF serait donc l’arme dont John Rayne Rivello s’est délibérément saisi pour nuire au journaliste.

Selon les informations retrouvées par le FBI, l’américain de 29 ans avait d’ailleurs tweeté à d’autres utilisateurs : « J’espère que ça lui provoquera une crise d’épilepsie », « Je sais qu’il fait des crises d’épilepsie » ou encore « Spammez ceci à Eichenwald et voyons s’il meurt ». Les enquêteurs sont également persuadés de son antisémitisme, un motif supplémentaire pour lequel il s’en serait pris au journaliste.

Le jeune homme risque aujourd’hui jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. Pour le défendre, son avocat compte s’appuyer sur la liberté d’expression. Il s’agit du 1er pilier de la constitution américaine et celui-ci s’applique à la protection de toute image ou œuvre d’art. L’avocat d’Eisenwald, Tor Ekeland, compare quant à lui le GIF à « une bombe envoyée par La Poste ou à de l’anthrax dans une enveloppe ».

Le journaliste espère bien que cette affaire servira de leçon aux éventuels internautes malveillants. Pourtant, depuis la médiatisation de cette histoire, Kurt Eichenwald continue de recevoir de nombreux GIF stroboscopiques, inspirés par l’initiative de Rivello.

Cette classification du GIF, véritable institution des réseaux sociaux, comme « arme mortelle » est un acte sans précédent dans la jurisprudence américaine, et très certainement mondiale. Cette affaire montre que la législation progresse dans son adaptation aux nouveaux usages du numérique. Elle ouvre également la porte à la condamnation des comportements malveillants perpétrés jusque-là impunément en ligne.

 

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Rédactrice en chef adjointe du pôle Médias
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